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15 JUILLET 2018, RUSSIA

BOOM BOOM.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Je prends une profonde inspiration. Je n'arrive pas à croire ce que je m'apprête à vivre. Seulement 10 petites heures me séparent du coup d'envoi de la finale.

Rien n'est encore fait. Tout reste à écrire.

J'observe tout comme dans un film au ralenti. Ou comme dans un rêve. J'ai une pression incroyable sur les épaules alors que je ne vais même pas toucher le ballon, j'ai du mal à imaginer ce que ressente les joueurs.

Il paraît que pour la première fois depuis longtemps le pays est uni. Grâce à eux. Derrière eux. Pour eux.

Eux.

Ces vingt-trois joueurs aux personnalités plus que divergentes qui savent vous faire passer du rire aux larmes et se défoncer sur le terrain.

J'ai besoin d'écrire tous ces moments, pour ne pas les oublier et me rendre compte qu'ils ont vraiment existé.

Pour être sûr que tout ça est bien réel.

from HUGO

to LANA

tu peux descendre? On doit parler.

from LANA

to HUGO

après le repas? je ne suis pas encore prête!

from HUGO

to LANA

Ok, tant que tu nous plantes pas comme vendredi.

Je le laisse en vu, car je n'ai rien d'autre à répondre. Je débranche mon portable et sort de ma salle de bain. En vérité, je suis déjà habillée depuis une trentaine de minutes. La conférence d'avant-match doit avoir lieu dans une petite heure, j'ai donc le temps de glander un peu.

Je le tue, allongée sur mon lit, occupée à regarder avec nostalgie toutes les photos et vidéos prises avec les joueurs conservées dans mon cellulaire. Toutes celles prises dans l'intimité de Clairefontaine, d'Istra, de nos trajets en avion, en car, des moments dans les hôtels et tous nos moments volés.

Je m'attarde sur une photo de Lucas et moi prise dans l'avion alors que je dormais. Ma tête repose sur son épaule et il sourit comme un imbécile heureux à la caméra.

Je me secoue puis passe au cliché suivant. C'est celui pris le soir de notre pool-party, tout le monde est dessus, et on n'a des sourires un peu figés car le compte à rebours tardait à se finir.

Je tombe ensuite sur une vidéo. Elle débute dans le noir, et tout ce que l'on voit est éclairé par mon flash.

" Alors Samsam, on fait quoi?"-je chuchote.

" Des bêtises. Mais c'est parce que j'suis qu'un thug, j'suis qu'un thug, j'suis qu'un thug"- il chantonne.

"Chut! On va nous entendre!"- je ris encore plus fort.

On aura beau dire, on aura passé de bons moments. Des moments , même des jours parfaits.

- Lana, on va y aller, dit le coach en tambourinant à ma porte.

- J'arrive!

Ma dernière conférence de presse. Normalement. Si je me réconcilie avec les joueurs, s'ils me pardonnent, peut-être que je resterai dans le staff de l'équipe de France.

L'avenir est tellement incertain...

On arrive au point prévu après quelques minutes de retard mais rien d'affolant.

TOXIC|EDF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant