J'irai jusqu'au bout (Framal)

Chapitre 15 - Une cabine

Idriss essaye de m'entrainer le plus loin possible de la foule qui se veut de plus en plus dense. C'est tout sauf une partie de plaisir.

 Je ne tiens plus sur mes jambes. Je fais des efforts pour ressembler à une adulte responsable... Alors qu'en réalité, je ressemble davantage à  un déchet humain. 

 De plus, nous n'avons pas beaucoup d'espace pour passer. Certaines filles canons appellent le rappeur pour qu'il se joigne à elles. Je l'entends décliner les invitations mais leur promettre de revenir plus tard, toujours avec son plus grand sourire. 

Tout a coup, le bruit incessant des discussions et de la musique cesse d'exister. Il me faut quelques secondes pour réaliser que nous sommes dans la cabine prévue pour l'enregistrement des morceaux du groupe. Je n'y avais encore jamais mis les pieds. 

Idriss s'installe à même le sol et m'invite à l'imiter. 

Il porte, comme à son habitude, un pull à l'effigie de son label, ainsi qu'une veste et une casquette. A l'exception de son jean, il est entièrement vêtu de blanc. Idriss contraste, vraisemblablement, avec mon total look noir. 

Je ne sais pas comment il fait pour ne pas mourir de chaud, moi j'étouffe toujours. 

- Depuis quand tu tiens pas l'alcool ? me questionne-t-il.

Le rappeur me tend une petite bouteille d'eau que je m'empresse de vider dans son intégralité. 

Je m'essuie la bouche d'un geste de la main avant de lui répondre : 

- J'ai pas bu tant que ça ! J'ai juste ...

Il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase. 

- Bu et t'es défoncée à cause de la fumée. T'es vraiment une petite.

Il a un petit rire moqueur. 

Je prends, soudainement, conscience de quelque chose : 

- Idriss, putain tu laisses les gens rentrer avec ça chez toi ! si la police débarque, t'es foutu !"

- Relax ma belle.

- Non toi arrête d'être relax ! Je ...

Ma tête tourne beaucoup trop vite. Il faut que je ferme les yeux.  

- Viens ici.

Il me fait signe de m'allonger sur ses jambes. Je dépose ma tête sur ses cuisses et pivote, légèrement,  pour lui faire face.  Son regard est tourné vers la porte. Je pense, durant un court instant, que quelqu'un est prêt à franchir l'espace qui nous sépare du reste du monde. 

Mais non, il n'y a que lui et moi. C'est pourquoi il en profite pour reprendre notre conversation là où nous l'avions laissée. 

- T'sais, t'es toujours stressée et t'as toujours l'impression que tout va mal finir. Tu ressembles à mon reuf quand tu fais ça.

- Me compare pas à lui.

Il fait la grimace. C'est son frère, il ne peut pas faire sans le défendre, c'est normal. 

- Excuse-moi, je voulais pas dire ça..

- Si tu voulais le dire, justement. C'est ça le truc. Assume tes pensées. Faut vraiment que je t'apprenne à te lâcher un peu.

- Et moi à ce que tu fasses moins le gamin et que tu prennes conscience de la gravité de la situation.

Je suis toujours stone, je parle sans vraiment réfléchir, mais, j'ai, tout à fait, conscience de ce qui sort de ma bouche.