Je retrouve Shannon parmi la foule de policiers. Elle semble plongée dans une discussion des plus animées avec l'un de ses collègues.
- Shannon. Où est mon père ? je demande.
- Il est en train de l'interroger. Cette racaille refuse d'avouer.
Je n'aime pas ça, j'ai l'impression d'étouffer. La pièce est beaucoup trop petite pour tout ce monde. Les policiers suent à grosses gouttes dans leur uniforme.
C'en est assez.
- Tout le monde dehors s'il vous plait, je m'exclame, mon père vous appellera s'il a du nouveau et s'il a besoin de vous.
Je suis surprise par le ton autoritaire de ma voix. Je me la joue sûre de moi alors que je suis morte de trouille. Certains grognent mais finissent pourtant par m'écouter. Je suis la fille de Luke après tout, ils doivent penser que l'ordre vient de lui.
Une fois que chacun est retourné à son poste, je frappe délicatement à la porte qui me sépare de mon père et du petit frère. Cette dernière s'ouvre grand et mon père m'accueille avec de grands yeux, il ne s'attendait pas à me voir ici.
- Lana ! Qu'est-ce que tu fais là ?!
Il me sert dans ses bras, je crois qu'il en avait besoin. Papa joue le dur à cuire mais les séances d'interrogatoires ne sont pas toujours des parties de plaisir.
Par ce simple geste, j'aperçois le frère d'Hakim. Nos regards se croisent mais je ne baisse pas les yeux pour autant. J'essaye juste de voir s'il est innocent. Si ses yeux sont aussi parlants que ceux de son frère, j'aurais très vite ma réponse.
Mais la vérité, c'est qu'il semble étrangement regarder dans le vide. Il n'a pas l'air de ressentir la moindre émotion. On dirait qu'il s'est enfermé à double tour dans une forteresse intérieure pour se protéger.
Je le regarde d'un peu plus près. Il ressemble un peu à son frère : le même teint, des yeux noirs et une bouche fine avec une lèvre inférieure pleine entourée par une légère barbe. Toutefois, ce dernier semble plus petit que son ainé, son nez est plus fin aussi et ses cheveux plus longs : ils lui tombent dans la nuque et ne sont pas vraiment coiffés. On a dû lui retirer de force sa casquette lors de son entrée au commissariat. Celle-ci trône désormais sur la table en face de lui. Il porte d'ailleurs le même genre de vêtements que ses potes qui l'attentent dehors : un sweat à capuche aux motifs militaires, un pantalon de jogging noir et des baskets de la même teinte, ça ne va pas l'aider dans sa plaidoirie.
Je n'ai soudainement plus envie d'être dans les bras de mon paternel. J'ai l'impression que son arrestation est injuste et fondée sur un témoignage et sur son apparence physique : être arabe et porter un style street ne le faisant pas passer pour un enfant de coeur.
Son frère doit tellement s'inquiéter. Moi aussi, je m'inquiétais pour mon frère.
Je m'écarte de mon père. Il me sourit.
- J'étais venue pour diner. Tu sais bien, on est jeudi soir.
Mon père referme la porte derrière lui, le visage du garçon disparaissant ainsi.
- Lana, je suis désolée, soupire-t-il, tu es arrivée il y a longtemps ?
- Non pas du tout. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je préfère lui mentir. Il ne m'a pas vu en arrivant et c'est tant mieux.
- Tu te rappelles de ce dealer qu'on arrivait pas à chopper ?
Evidemment, il en parle tous les soirs depuis des mois.
- Celui qui vendait du shit aux adolescents ?
- Oui. Enfin, c'est plus grave que du shit. On nous a téléphoné tout à l'heure. Quelqu'un l'a dénoncé. J'ai été sur place et on a trouvé une partie de son stock dans son studio.
Je balance ma tête de bas en haut.
- Un studio ? Il y vit seul ?
- Non, pas un studio comme ça... Mais il a été reconnu par un témoin Lana.
C'est bien ce qu'il me semblait. Un témoignage. Juste ça...
Mon père passe la main dans ses cheveux, lui aussi il commence à avoir chaud.
- Papa, tu comptes le tenir encore longtemps ?
- J'ai 24h pour le faire avouer. Après ça, s'il refuse toujours, il y aura une enquête et, peut-être, un procès.
Je ne réponds pas. Me voyant muette, papa reprend d'une voix plus douce :
- Ecoute ma chérie. Je suis désolé pour ce soir. Rentre chez toi d'accord ? On remet ça à plus tard.
Je me mordille la lèvre en acquiescent de la tête. Comment vais-je annoncer la nouvelle à ses proches ?
***
Lorsque je retrouve les trois garçons sur le parking, je m'assure que personne ne m'observe avant de commencer par leur expliquer les événements. Ils m'écoutent tous les trois avec une grande attention.
- Ils peuvent le garder 24h tant qu'il n'a pas avoué, finis-je par conclure.
Hakim cache son visage entre ses doigts et pousse un hurlement. Les deux autres semblent abattus. Je regarde une dernière fois autour de moi pour m'assurer que les cris du garçon n'aient pas poussés les policiers à sortir du commissariat.
- Il n'a rien fait bordel, on ne sait même pas pourquoi ils l'ont arrêté ! finit par lâcher le blondinet.
- Il serait un dealer recherché depuis des mois, un qui vend de la drogue aux adolescents.
Les trois se mettent à rire nerveusement.
-C'est une putain de blague ?!
Hakim ne tient plus. Je crois que s'il ne part pas rapidement, il va débouler au poste pour achever notre distributeur. Je tente alors :
- Ecoutez, s'il n'a rien à se reprocher, il sera relâché dans quelques heures. Rentrez chez vous d'accord ?
- Non, on doit être là pour lui, me coupe soudainement le mec aux cheveux ondulés.
- Vous ne pouvez rien faire ce soir !
Je me fâche comme s'ils étaient mes élèves. Et ça a l'air de fonctionner car les trois garçons me regardent sans broncher.
- Comment vous vous appelez ?
Je demande cela au blond car, malgré les événements, c'est celui qui semble le plus calme et le plus amène à gérer la situation actuelle.
- Vous ne le reconnaissez pas ? me demande le plus rond en pointant son ami.
Ce dernier semble mal à l'aise mais finit quand même par répondre à ma question.
- Ken Samaras.
- Ken, donnez-moi votre numéro, je vais rester ici. Je vous appelle quand il s'apprête à sortir, d'accord ? Votre ami a besoin de se calmer loin d'ici.
- Pourquoi tu fais ça pour nous ? me questionne subitement Hakim.
Je suis surprise par le ton inquiet qu'il emploie. La rage fait désormais place au désarroi. Il se sent impuissant, je le comprends.
- Je me mets à votre place, c'est tout.
- T'as un frangin toi aussi ?
Je ne peux pas répondre à cette question alors je ravale difficilement ma salive avant de conclure :
- Partez. Je vous tiens informé.
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J'irai jusqu'au bout (Framal)
FanficLana est la fille d'un flic. Le flic a arrêté Idriss. Et Idriss jure être innocent. ------ HISTOIRE QUI N'EST PAS ENCORE CORRIGEE !! 13 mars 2019 : #1 dans la catégorie fanfiction, merciiiii ❤️. 30 octobre 2019 : #1 dans la catégorie Nekfeu. Réd...