Chapitre 38 - Une rage

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-"Laisse moi passer s'il te plaît. J'aimerais prendre l'air."

Mais Medhi ne l'entend pas de cette oreille. 

 Son regard fait des aller-retour entre le haut de mon crâne et la silhouette de son cousin, qui apparait dans l'embrasure de la porte. 

Je tente  de me faufiler d'un côté ou de l'autre du couloir, mais, c'est peine perdue. Alors, j'attends que Medhi daigne bouger. 

Je ne sais pas où en est sa relation avec Idriss depuis leur bagarre, mais, une autre chose est sûre, c'est qu'ils se regardent toujours en chien de faillance. 

Quand Medhi jette un coup d'oeil vers mes poings abimés, il me pousse sur le côté pour se rapprocher d'Idriss.

Je pourrais profiter de l'occasion pour partir le plus loin possible. Toutefois, mes jambes refusent de suivre cette idée. 

Je les observe en silence lorsque Medhi prend la parole : 

-" Tu dis que je ne sais pas m'occuper d'elle... Mais, ça fait deux fois que je la retrouve blessée alors qu'elle passe du temps avec toi." 

Les sourcils d'Idriss se froncent, comme s'il n'était pas certain d'avoir tout compris. 

-"T'insinues quoi là exactement ?"

-" Que tu es un bel hypocrite. Regarde-la. Elle est blessée ! Et pas que physiquement."

Ses prunelles se plongent subitement dans les miennes . Ce n'est pas comme d'habitude, je le sens. Il n'y a plus ce côté espiègle, ce côté flambeur qui me fait comprendre qu'il pourrait me sauter dessus à la première occasion. 

C'est autre chose. 

Je ne l'ai jamais vu me regarder comme ça, et, je suis incapable de  lire quoique ce soit dans ses yeux sombres. 

Il finit par détourner le regard. 

Sa voix se veut cassante quand il répond enfin : 

-" Mêle-toi de tes affaires."

-"Tu vois, tu es incapable de nier. Viens Lana."

Medhi me tire par le bras pour que je le suive. Je n'ai pas besoin de lui. Pourtant je me laisse faire. 

Quand je m'éloigne,  Idriss ferme ses poings avant de murmurer entre ses dents. Cependant, nous nous éloignons trop vite pour que je puisse comprendre.  

Je propose à Medhi de nous rendre sur le toit. Ce qu'il accepte immédiatement. 

Lorsque nous terminons de monter à l'échelle, je respire enfin. 

Il fait très froid, mais, je n'ai pas envie de retourner auprès des autres. 

Medhi me tend une couverture. Je le remercie et je profite du panorama que m'offre cet endroit.  

Paris est si belle la nuit.  Même les bruits de la ville me semblent agréables de là-haut. 

J'adore ce toit. Je pourrais y passer des heures. 

-"C'est pas mal ici." déclare Medhi, comme s'il avait lu dans mes pensées. 

-"Oui. C'est un bel endroit pour mourir."

Le jeune homme d'affaire me fait de gros yeux. 

Je ne me suis peut-être exprimée correctement. 

-"T'es sérieuse Lana ? Tu veux mourir ? "

-"Evidemment que non. Juste, imagine qu'on te dise qu'il ne te reste que quelques heures à vivre. Moi, je viendrai ici, avec les gens que j'aime. Pas toi ?"

J'irai jusqu'au bout (Framal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant