Chapitre 47 - Une dernière chance

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"Luke, lâche-le. Je m'en occupe. Toi, tu t'occupes de ta fille." supplie Lily tout en tirant sur le bras de mon père.

Ta fille.

Était-elle obligée s'insister sur ces mots ?
La mâchoire d'Idriss se serre et ses yeux se ferment. 

Je n'ose pas imaginer les idées qui doivent se bousculer dans sa tête. 

Putain. Il faut que j'arrange ça au plus vite. 

Je tente, malgré les regards curieux et désapprobateurs de tous les policiers, de parler au rappeur :  

-"Idriss, écoute..."

Je m'avance d'un pas. Je guète la réaction de chacun, mais, personne ne bouge.  Alors, je réitère l'expérience. 

Le silence qui règne dans la pièce nous offre une ambiance oppressante. J'ai l'impression d'avoir une grosse pierre sur le dos qui m'empêche d'avancer. J'ai envie de pousser mon père, de prendre la main d'Idriss et de l'emmener avec moi. 

Pour aller où ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je veux juste qu'il soit en sécurité. Mais, je dois voir les choses avec lucidité. Personne ne fait ça, sauf dans les films. 

Or on est loin d'être dans un film hollywoodien à gros budget. Tout au plus, on est dans un cauchemar sans fin. 

Lorsque j'arrive à la hauteur de mon père et du jeune kabyle, Idriss tourne la tête vers la porte. Il n'a pas ouvert les yeux, mais, il a senti ma présence. Quant à mon père, il renforce son étreinte, le t-shirt d'Idriss chiffonné entre ses doigts. 

-"Idriss, je vais..."

J'ai besoin de prononcer son prénom comme s'il avait besoin de savoir que c'était à lui que je m'adressais. 

Cependant, je n'ai pas le temps de finir ma phrase, mon père me coupe la parole et m'adresse la sienne pour la première fois de la soirée : 

-"Tu ne lui parles pas Lana !"

Luke se place de manière à ce que je n'ai plus aucun contact visuel avec son suspect. Sa taille et carrure sont à l'opposé des miennes, ce qui rend la tâche facile pour lui. 

Je m'apprête à riposter, de n'importe quelle manière. 

C'est un drôle de sentiment qui se propage dans tout mon être  C'est le pire des scénarios qui est en train de se dessiner sous mes yeux, avec moi, la maitresse ordinaire dans le premier rôle.

 Mais pour ne rien arranger, j'ai l'impression que mon coeur se brise en mille morceaux quand Idriss, déclare : 

-"Emmenez-moi là où vous voulez, qu'on en finisse rapidement."

Il n'y a pas la moindre émotion dans le son de sa voix. Pour la première fois depuis le début de cette histoire, il semble avoir abandonné l'idée de se battre. 

-"Tu vois Luke, il va coopérer. Je m'occupe de lui. Assure-toi qu'il n'ait rien fait à Lana." 

Lily tente, encore une fois, de calmer la situation. 

C'est raté. Car cette fois-ci, c'est moi qui n'accepte pas sa remarque : 

-"Je vais très bien et je suis là de mon plein gré."

Les cheveux grisonnants de la policière sont comme remontés sur sa tête. Elle me fait signe de la fermer. Elle chuchote quelque chose à l'oreille de mon père qui finit par lâcher prise. 

Ils embarquent Idriss. Tout le monde quitte la pièce. 

Il ne reste que deux personnes : une fille et son papa en colère. 

J'irai jusqu'au bout (Framal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant