J'irai jusqu'au bout (Framal)

Chapitre 52 - Un rêve

-"Putain, c'est pas parce que tu m'as menti qu'il fallait te sentir redevable."

Mon corps est fatigué, douloureux et influencé par une tonne de médicaments. 

Je suis censée me reposer. C'est la règle numéro 1 lorsque l'on souhaite récupérer ses forces et guérir de ses blessure... Mais, je reconnais sa voix et mon cerveau réagit comme par automatisme. Cette dernière  m'éloigne de mes cauchemars et me pousse à ouvrir les yeux. 

Cependant, mon corps refuse toujours de coopérer, tout ça à cause de ces fichus calmants et anti-douleurs.

Je l'entends balancer des insultes entre ses dents. Il est en colère. Pourtant, sa main part à la recherche de la mienne. Il joue avec mes doigts lorsqu'il murmure : 

-"Je te déteste Lana." 

Il faut que j'ouvre les yeux. Je dois lui parler, c'est peut-être ma seule chance. 

C'est si dur de lutter contre le sommeil. J'ai l'impression d'essayer depuis de longues heures quand, délicatement, je parviens à entrouvrir les yeux. 

C'est là que je l'aperçois. Idriss est assis sur sa chaise, penché en avant,  un pull Seine Zoo Record vert (qui semble appartenir à son frère) sur le dos et une casquette noire sur la tête. Il fixe avec intention mes mains et mes avant-bras. 

Les médecins m'ont expliqué que, sur le coup du stresse et de l'adrénaline, je n'avais pas senti les ongles de Medhi rentrer dans ma peau. Il m'a aussi laissé quelques griffes et, des bleus sont apparus sur mes bras à la suite de nos différentes altercations. 

-"C'est la troisième fois que je te retrouve blessée. La prochaine fois tu vas crever, et, ce sera bien fait pour ta gueule." 

Le rappeur ne sait pas que je suis éveillée. Mon corps me pousse à laisser tomber, à fermer les yeux et à tout oublier, mais, j'ai besoin de lui dire quelque chose avant. C'est important. 

-"Idriss..."

 Le garçon relève la tête avec précipitation. Son regard est sévère et ses yeux sombres me fixent avec intensité. Toutefois, il se force à sourire, c'est comme s'il souhaitait me ménager de quelque chose. 

-"Je...Je suis vraiment déso.." dis-je d'une voix basse. 

Mais, Idriss me coupe la parole. 

-"Repose-toi. Tout va bien."

Le ton qu'il emploie semble calme et contrôlé. Cependant, j'ai l'impression qu'il ne me dit pas tout. 

 Je ferme les yeux quelques secondes puis le temps de les ouvrir à nouveau, il n'est plus là. Je me retrouve seule dans cette petite chambre d'hôpital. 

Je soupire : 

-" Un simple rêve, ma petite Lana..."

Oui, j'ai dû rêver. C'est la seule explication. 

Parce qu'il me manque, parce que j'ai besoin de lui et de ses histoires folles : le seul remède efficace contre la douleur et les peurs. 

Merde, les médicaments me rendent beaucoup trop sentimentale.

De toute façon, à quoi bon y penser ?  Idriss en a fini avec moi. Plus rien ne nous lie désormais, à l'exception de mes mensonges. 

***

Le lendemain matin, je suis réveillée par le jingle du journal télévisé. Mon père est assis dans le fauteuil, sa tête posée sur ses genoux alors que ses jambes sont repliées et ses pieds posés sur le siège. Il porte un simple pull bleu et un jean assorti.