Chapitre 26 - Hypnotisée

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Je me réveille face à un plafond qui ne m'est pas familier, je grogne en couvrant mes yeux de mes bras. Je suis sur le point de me tourner pour m'emmitoufler sous les couvertures à nouveau quand je réalise qu'il y a quelqu'un d'autre dans le lit, et les événements de la nuit dernière refont surface.

(C'est vrai. J'ai dormi dans la chambre de Regina. J'ai dormi comme un bébé. J'ai l'impression que je pourrais dormir pendant des heures mais que ce ne serait toujours pas suffisant.)

Après un moment, il devient évident que Regina est toujours endormie, et je me souviens qu'elle m'a confessé avoir des problèmes de sommeil, je m'assieds aussi doucement que possible en essayant de ne pas la réveiller. Sa respiration est lente et profonde, son corps est détendu, libéré de toute tension, d'une façon qu'on ne peut pas observer quand elle est éveillée.

(Paisible. Peut-être qu'elle fait de beaux rêves ... J'en ai certainement fait de beaux moi-même.)

Même à une certaine distance, je peux sentir la chaleur de son corps émaner des draps que nous partageons, et je combats le besoin de regarder ailleurs lorsqu'une autre chaleur me monte aux joues. Avec ses cheveux étalés sur l'oreiller comme la plus pure des encres, je suis presque hypnotisée par la beauté qu'elle dégage.

(Si j'ai le cœur brisé par mon coup de cœur, est-ce qu'elle a un remède pour ça ? ... Du calme, Emma.)

Je me penche en avant sans vraiment y penser, je laisse cette vue m'emporter dans son sillage. La main de Regina repose sur l'édredon, les doigts relâchés, ces mêmes doigts qui ont remis mon épaule en place et qui ont bandés ma jambe avec précision.

Elle s'étire, ouvrant les yeux assez rapidement pour que nos regards se rencontrent immédiatement. J'ai un mouvement de recul soudain, embarrassée alors que Regina s'assied en rejetant ses cheveux par-dessus son épaule avant de me regarder avec insistance.

- Que faisais-tu ? Me demande-t-elle.

- Je pensais au petit déjeuner. Je ne sais même pas quelle heure il est, et encore moins combien de temps on a dormi. Je lui réponds.

(Au moins, la dernière partie est vraie.)

Les sourcils relevés de Regina sont animés par un scepticisme cinglant, mais elle soupire et relève les draps en essayant d'arranger du mieux qu'elle peut sa jupe en lambeaux. Je change désespérément de sujet en sortant la première chose qui me passe par la tête.

- Ce complexe a probablement été magnifique. Je n'arrive pas à m'imaginer à quoi il devait ressembler avant que la nature ne reprenne ses droits. Je déblatère.

- Je ne pense pas qu'il ait été bien différent de vos pièges à touristes ordinaires. À part du fait, bien sûr, qu'il soit sur une île dont personne m'a jamais entendu parlé.

- Mais ce ne peut pas être vrai. Il a bien quelqu'un qui a construit tout ça, n'est-ce pas ? Et ça n'a rien à voir avec les ruines. C'est beaucoup plus récent. J'essaie juste d'avoir la positive attitude, je suppose. Si des personnes ont été capables de trouver cet endroit et d'y construire tout un complexe de vacances, alors peut-être que quelqu'un d'autre pourra nous trouver.

- ... L'espoir fait vivre. Si rien d'autre, c'est un toit au-dessus de nos têtes maintenant.

- Exactement ! Et c'est génial, excepté pour ... la partie avec l'oiseau géant en colère.

- Alors ce n'était pas un rêve étrange. Tu as vraiment été attaquée par un oiseau.

- Je veux dire, il n'est pas entré, je crois ... Mais il va falloir que je vérifie la chambre pour le découvrir. Aussi, je devrais m'excuser à nouveau auprès d'Auguste.

Regina fronce les sourcils de confusion.

- Et pourquoi cela ?

- Je me suis peut-être précipité dans sa chambre par mégarde alors qu'il ne portait pas de vêtements du tout ?

Son petit rire franc me prend par surprise, mais c'est bon de l'entendre rire de nouveau, même si c'est à mes dépends.

- Il devrait être reconnaissant que quelqu'un le regarde.

- Pff. Tu ne l'aimes vraiment pas, hein ?

- Je ne suis pas fan des hommes qui pensent avoir automatiquement mon attention.

(Eh bien, ça se défend.)

- Son drone est cool, n'empêche.

- Dis ça à Killian. Il fait la grimace à chaque fois que Hope est évoquée.

(En considérant ce qu'il m'a dit en ce qui concerne la technologie qui prend de plus en plus de place dans son métier, je peux comprendre pourquoi.)

Mon estomac qui gargouille est l'élan dont j'avais besoin pour sortir du lit, mais c'est mon cœur qui fait des siennes quand Regina se met immédiatement à me suivre, pour finir par marcher à mes côtés.

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