Castaway [FR]

Chapitre 42 - Forme de cœur

Je n'ai pas fait plus de deux pas dans le hall lorsque Regina réapparaît tout sourire. Elle se presse immédiatement contre moi en prenant ma main dans la sienne, et je ne peux pas retenir l'expression acerbe sur mon visage.

(Ce n'est pas elle. Il y a quelque chose qui cloche.)

- Où étais-tu ? J'ai fait le petit-déjeuner et ça refroidi. Dit Regina.

- Refroidi ? Avec quoi tu l'as réchauffé ? Je rétorque.

- Eh bien, il va être encore plus froid. Il était à température ambiante à la base.

- T'en fait pas pour ça. Je le mangerai plus tard.

- Mais je l'ai fait spécialement pour toi et t'étais partie si longtemps ...

- Ça a duré genre vingt minutes.

- Chaque seconde passée loin de toi me semble durer des heures.

(Oh. Où est la Regina qui était grognon quand je lui ai interrompu sa nuit de sommeil ? Chaque seconde va me sembler durer des années si ça continue.)

Malgré mes protestations, un gargouillement dans mon estomac insiste sur le fait que je devrais manger ce petit-déjeuner, alors je laisse Regina m'escorter jusqu'à la salle à manger.

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Graham est occupé à servir la nourriture à tout le monde en arrangeant les assiettes comme si on était dans un restaurant guindé.

(Je vois qu'il a trouvé quelque chose à faire avec toute cette énergie en trop.)

- La tienne est juste ici, mon amour. M'annonce-t-elle.

Je me dirige vers la place qu'elle désigne et m'assieds, seulement pour me rendre compte que les aliments ont été assemblés pour former un cœur plus ou moins réussi.

(Bah oui, évidemment. À quoi est-ce que je m'attendais?)

- C'est juste pour toi. Elle insiste.

- Merci.

C'est un peu bizarre qu'elle me regarde pendant que je mange, mais je passe une grande partie de mon repas à garder un œil sur les autres. Auguste traîne encore sur une autre table plus loin, pendant que Graham continue d'expliquer à quel point il s'est investi dans la cuisine, avec Neal qui pipelette à propos de sa famille dans les oreilles de Killian.

(Le seul bon côté dans tout cela c'est que tout le monde peut prendre soin de soi-même. En quelque sorte. Je suis simplement contente de ne pas avoir à placer un fil-piège sur la porte d'entrée pour retenir Killian de partir pour une autre séance de natation.)

- Comment tu trouves ton petit-déjeuner ?

- Super.

- C'est merveilleux de l'entendre. J'étais inquiète que ce soit trop froid et puis d'avoir à faire partir un feu quelque part ... Et Killian n'a pas coupé de bois depuis des jours.

- Bah ouais. Il était occupé à essayer de devenir un champion de combat d'ours. C'est admirable, vraiment. J'ironise.

Regina ricane, c'est un son aigu et mielleux au lieu de son rire habituellement distraitement amusé. Je me force à prendre une autre bouchée, mais j'arrête subitement de mâcher quand je remarque Killian essuyer grossièrement de la sueur de son front. Il est pâle, son visage est tout tendu, et ne dit plus un mot alors que Neal continue de caqueter en n'ayant pas l'air d'en avoir conscience. Lorsque le bras de Killian se relâche sur ses cuisses, la panique commence à me traverser.

- Regina, Killian a l'air vraiment malade. Tu peux aller lui faire un check-up rapide et voir s'il n'a pas de la fièvre ou quelque chose ? Je lui demande.

- Hmm ? Qu'est-ce que tu dis, Emma ? Je m'émerveillais devant la beauté de tes yeux.

- Mais put ... Regina, va juste l'aider. Il a vraiment une sale mine. T'es médecin, tu te souviens ?

Un gros boum m'interrompt quand la tête de Killian heurte la table, le corps affaissé sur la chaise. Neal le regarde en clignant des yeux, silencieux mais ne bougeant pas pour l'aider.

(Oh mon dieu.)

- Killian ! Réveille-toi ! Je crie.

Je lui secoue légèrement les épaules, ne voulant pas le réveiller trop brutalement en sursaut, mais Killian ne bouge pas d'un poil. S'il n'y avait pas le lent mouvement de montée et descente de son dos, je ne pourrais même pas dire s'il respire.

- Quelque chose ne va pas, Emma ? Me demande Graham.

- Oui, y'a quelque chose qui va pas. Regarde devant toi. Tout le monde, aidez-moi à monter Killian au lit sur le champ !