Chapitre 49 - J'suis le prochain

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Regina est en train de marcher assez rapidement pour que je puisse la rattraper sans laisser les garçons derrière. Je veux lui parler, mais je dois rester en arrière pour m'assurer que Graham et Auguste ne soient pas distraits et ne partent pas vagabonder dans la jungle.

(Même lorsqu'on s'est rencontrées, Regina était sarcastique, mais elle ne m'a jamais ignorée. C'est pas bon.)

- Tout est si coloré ... Et il y a quelque chose qui tape dans ma tête. C'est comme s'il y avait des milliers d'abeilles qui piquaient l'intérieur de mon crâne ! Pourquoi est-ce qu'il fait si chaud dans la jungle ? Le soleil était si agréable il y a quelques minutes ... Déblatère Graham.

(Non, pas lui aussi ! Pas maintenant!)

- Graham, ça va aller. On doit juste continuer de marcher, d'accord ? Je l'encourage.

- Oui, marcher. Le long de toutes ces plantes et leurs couleurs scintillantes, c'est plutôt charmant. Même si ça me fait un mal de chien. Maintenant ça s'étend jusque dans mon cou. Fascinant !

Aussi alarmant que ce soit de l'entendre décrire sa douleur, je sais que si Graham continue de parler, c'est qu'il est dans un meilleur état que l'était Killian. Je grade ma main sur le bas de son dos pour m'assurer qu'il continu d'avancer, même si je reçoit des coups de coude de temps en temps lorsqu'il fait des gestes dramatiques.

(Si Graham tombe dans les vapes dans la jungle, on devra le porter sur tout le chemin jusqu'au complexe.)

- Alors si son état empire maintenant, ça veut dire que j'suis le prochain, pas vrai ? Demande Auguste.

Je sursaute, surprise par la voix derrière moi. Jusqu'à maintenant, Auguste n'avait pas dit un mot depuis que nous avions quitté la plage.

- On va trouver de l'eau potable pour que tout le monde aille mieux, Auguste. Ça va aller. Tiens bon encore un peu, d'accord ? Je rassure.

- Si tu le dis.

- Tu ne devrais pas lui donner de faux espoir. Dit soudainement Regina.

Mon attention précédemment sur Auguste se tourne vers Regina, qui s'est arrêtée net quelques mètres devant nous. Ses yeux noirs sont devenus plus durs, plus froid et plus sérieux que ce que j'ai déjà vu.

- Je ne savais pas que tu écoutais, puisque tu as marché tout devant sur tout le chemin. Je réagis alors.

- Parce que plus vite on y sera, mieux se sera. Réplique-t-elle.

- C'est pas un mensonge ! On est en train de chercher un remède !

- Mais là nous n'en avons pas. On a même pas une piste.

- Qu'est-ce que je suis censée dire d'autre ? 'Désolée Auguste, tu vas probablement mourir mais garde le moral !' ? C'est horrible. Je ne vais pas penser au pire à moins que ça se produise.

- Il y a une différence entre l'optimisme et le déni, Emma. On doit être réalistes. La probabilité de notre survie n'est pas en notre faveur.

(Est-ce qu'elle pense vraiment qu'on va tous mourir avant d'avoir trouver un remède ? Je c'est que, techniquement, c'est une possibilité, mais on a réussi à s'en sortir jusqu'ici. On est passé de 'dormir à même le sol en mangeant des tomates' à 'vivre dans un hôtel avec de la nourriture en conserve' en quelques jours. Et Regina est rétablie. Les garçons le peuvent aussi.)

- Est-ce que t'es en train de dire que t'abandonnes ? Je vérifie.

- Non. Mais ce ne serait pas une mauvaise idée de chercher une pelle quand nous serons rentrés.

Ses mots me font l'effet d'un coup de poing dans le ventre, me paralysant sur place. Regina se retourne et reprend la marche, la distance entre nous augmente avant que je ne force mes jambes à bouger de nouveau, encore sous le choc de ce que cela implique.

(Je ne comprends plus rien. Regina attendait de moi que je reste forte avant, que je me concentre sur le côté positif des choses. Si ça a changé, y'a t-il quelque chose que je puisse encore faire pour aider?)

Castaway [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant