Chapitre 48 - On est tous foutus

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Regina et moi séparons toutes les boites de fruits parmi les conserves avant d'en monter quelques unes à Killian, où nous le laissons avec la ferme instruction de manger pour que nous puissions aller voir comment va Neal.

- On doit retourner au bateau. S'il reste de l'eau là-bas, elle doit être ramenée ici. Lance-t-elle.

- Et pour Auguste et Graham ? Je demande.

- Ils vont devoir venir avec nous. Je ne veux pas qu'ils dérangent Killian ou Neal, et ils sont trop hébétés pour rester à l'affût.

- Et s'il y a beaucoup d'eau, ils pourront nous aider à la transporter !

- Il faut espérer.


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Il nous faut être convaincantes, mais Auguste et Graham nous suivent finalement hors du complexe et droit vers la plage. Graham ne cesse de parler, désignant chaque détail de chaque arbre et chaque rocher devant lesquels nous passons, mais Auguste ne dis pas un mot et se contente de bidouiller la manette de Hope. Nous atteignons le navire dans l'après-midi et son allure est encore pire que la dernière fois, le bois est déformé et craqué par le fait d'être resté au soleil et constamment frappé par les vagues de l'océan.

- Wow. Il est en piteux état. Je constate.

- Mon bateau ... Tout ce dur labeur pour rien. J'ai passé tellement de temps à travailler dessus. Déplore Auguste.

- C'est à la tempête qu'il faut dire ça, Auguste. Il y a des choses qui importantes dont on doit se préoccuper. Rétorque Regina.

- T'inquiète pas, Auguste ! S'exclame Graham. Je pourrais payer une dizaine de bateaux comme celui-là, aussitôt que j'aurais accès à mon compte en banque ...

Auguste grommelle mais le sourire de Graham ne faiblit pas, et Regina guide ces deux-là jusqu'à l'épave avant de tendre la main pour m'aider à monter sur le pont penché.


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Après plus d'une heure, la seule chose que j'ai trouvé c'est un tas de bouteilles d'alcool explosées, leur contenu depuis longtemps déversé dans l'océan.

(Je n'arrive pas à croire qu'il y a seulement quelques jours, on était en train de faire la fête ici. Ça semble presque irréel.)

- Regina, t'as trouvé quelque chose ? Je demande.

- Non. Pas une goutte.

- Je ne comprends même pas pourquoi on a besoin d'eau. On a trouvé ce joli lac l'autre jour. C'est parfait pour boire et nager et se laver et ...

- Il vous rend malades et délirants, Graham. L'eau du lac est contaminée. L'interrompt Regina.

- ... Super. Évidemment qu'il l'est. Pourquoi il se passerait quelque chose de bien sur cette île ? Intervient Auguste.

- Jamais ne n'aurais pensé que tes blagues me manqueraient, mais ce serait bien que t'arrêtes de tous nous déprimer, Auguste. Dit Regina.

- Si on est tous foutus de toute façon, qu'est-ce que ça peut faire ? Réplique-t-il.

Regina se pince l'arête du nez, les dents brièvement serrées par la frustration avant de soupirer. Le regard qu'elle me lance est sérieux, il n'y a aucune trace d'humour.

- C'est pas bon. C'est une question de jours, tout au plus. Établit-elle.

- On va trouver quelque chose. C'était que notre premier arrêt. Je tempère.

- C'était notre seule piste fiable. Il n'y a pas de deuxième arrêt. Il ne nous reste plus qu'à errer dans la jungle jusqu'à ce qu'on trouve quelque chose.

Je voudrais dire quelque chose pour alléger son humeur massacrante, mais je ne sais pas quoi. Malheureusement, Auguste et Graham ne peuvent pas vraiment aider.

(Attends une minute.)

- Les tomates. Je lâche alors.

- Quoi ? Elle ne comprends pas.

- Les tomates sont des fruits aussi, pas vrai ? Au moins ça nous donnera des réserves supplémentaires. J'explique.

- Auguste, tu te rappelles où se trouve la plantation ? L'interroge-t-elle.

- ... Ouais.

- Alors allons-y. Maintenant. Commande-t-elle.

Elle fait demi-tour et descend du bateau sans un mot, nous laissant le soin de la rattraper. Mes épaules s'affaissent alors que je commence à marcher dans le sable, tout en espérant que nous seront de retour au complexe rapidement.

(Je pensais qu'elle aurait été au moins un peu contente d'entendre ça.)

Castaway [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant