Castaway [FR]

Chapitre 34 - Fou

- Des feuilles de palmiers ? Vraiment ? Demande Regina.

Il y en a un gros tas empilé devant elle, toutes rapportées par Killian et tout son enthousiasme. Il s'assied juste en face d'elle, ayant l'air plus fier que jamais. Lorsqu'il s'empare de deux feuilles et commence à les tresser ensemble, Regina soupire.

- Il suffit de les tisser jusqu'en bas, bien serrées. J'irais bien abattre quelques arbres mais sans hache, c'est pas vraiment possible, hein ? Dit Killian.

- Est-ce que la structure va être assez solide ? On est six. Ça peut très bien tenir sur l'eau seul mais ...

- Entre simplement dans son jeu, Auguste. Ça ira beaucoup plus vite si on s'y met tous. Répond Regina.

Si rien d'autre, ça reste une occupation, donc Regina et moi nous asseyons à côté de Killian et commençons à tresser. Ce n'est pas évident d'empêcher les extrémités de glisser, mais je parviens à trouver un rythme après l'avoir regardé pendant quelques minutes.

- C'est ça la bonne attitude ! Allez, Auguste, on se réveille ! Claironne Killian.

- ... J'y travaille. Ce n'est pas vraiment le genre d'équipement auquel je suis habitué. Répond l'ingénieur.

Le genou de Regina bute légèrement contre le mien et je me mordille la lèvre en réalisant que nos cuisses se frôlent presque. Assez proche pour que je sente la chaleur de sa peau, et je fais trois nœuds de travers supplémentaires avant de me rendre compte que je me suis emmêlé les pinceaux.

- Oups.

- Tout va bien, Emma ? Me demande Graham.

- Bien. Tout va très bien.

Je continue d'espérer qu'elle va me regarder, que le poids de mon regard détournerait son attention à toute épreuve du travail qu'elle accomplie devant elle, ses doigts travaillant sur chaque boucle avec une facilité déconcertante.

(J'avais déjà deviné qu'elle était très habile de ses mains. Quoique ce soit bien d'avoir une preuve supplémentaire.)

- T'as beaucoup d'expérience de tressage, Regina ? Je demande.

- C'est bien plus facile que les points de suture.

- Au moins, t'as pas eu à m'en faire, hein ?

- Non ... Pas pour le moment, du moins.

(Argh. J'aimerais avoir ses mains sur moi, mais pas de cette façon.)

Elle retombe dans le silence, retournant son attention ostensiblement sur le tressage, et je tente d'en faire de même. Mais nous sommes assis dans une petite oasis ombragée, et il n'y a rien de plus facile que de laisser mon esprit vagabonder.

(Peut-être que j'aurais dû essayer de l'embrasser. Est-ce que ça aurait fonctionné ?)

- C'est vraiment cool, les gars. Commente Neal.

- Hein ? Exprime Auguste.

- On passe du temps ensemble au lieu de simplement rester des étrangers. J'ai pas énormément d'amis au boulot ou ... personne pour faire ce genre de choses.

Je sais que c'est grossier de le regarder avec insistance, mais nous sommes tous – à part Killian qui fredonne doucement – en train de fixer Neal qui affiche un sourire en coin.

- Peut-être que je devrais juste m'ouvrir. Je n'ai pas à continuellement donner du fil à retordre au gens. Comme toi, Graham. Je ne te faisais pas confiance parce que ...

- Neal, c'est ... pas grave. Ne t'en fais pas pour ça. Réplique-t-il.

- Mais j'ai été pire avec Emma. C'est facile de lui en vouloir pour ne pas avoir à me remettre en question.

(Ok, alors il est sans aucun doute malade. Neal est la définition opposée du sentimentalisme.)

- Neal, est-ce que tout va bien ? Je l'interroge.

- Je vais très bien. Tout va tellement mieux maintenant.

(Et merde.)

- Ooh, mon ami. C'est adorable. Dit Auguste.

- ... Mais Regina ne dit rien.

Après avoir marmonné d'autres jurons dans mes moustaches, je me penche vers Regina pour lui chuchoter dans l'oreille.

- Il est en train de devenir fou comme Killian, là, n'est-ce pas ?

Elle hoche la tête et se lève en abandonnant ses feuilles de palmiers tressées sur les genoux de Killian. Ça n'a pas l'air de lui importer, il se contente de lui faire un grand sourire avant de retourner à sa grosse pile.

- Auguste, Graham. Gardez un œil sur ces deux-là, s'il vous plaît. Je vais aller faire un tour pour voir si je peux trouver quelque chose pour aider leur ... condition avant que ça empire. Dit-elle.

- Bien sûr. On va faire en sorte qu'ils ne partent pas en vadrouille. Assure Graham.

- Je peux aider ! Tu ne devrais pas y aller seule, Regina. Je suggère.

- C'est vrai. Allons-y.

Surprise par son manque de refus, je me relève maladroitement pour suivre Regina dans la jungle, ne voulant pas la perdre de vue.