Castaway [FR]

Chapitre 13 - Dégourdir vos jambes

C'est un miracle que tout le monde ait réussit à dormir un peu. Je me réveille avec la tête dans le pâté et avec plus de nœuds dans le dos que je ne peux en compter, puis une douleur sourde tiraille mon épaule précédemment déboîtée.

(C'est terrible. Tout était déjà au plus mal sans ajouter l'épuisement au tableau.)

- Pour le petit-déjeuner, nous avons des tomates, des tomates et ... des tomates. Peut-être que quelqu'un pourrait faire du ketchup. Commence Neal.

- Il faudrait du sel et des épices pour ça, mon gars. Et j'ai bien peur qu'on soit à court de tout cela. Informe Killian.

- Excusez-moi d'essayer d'être imaginatif.

- Fais passer des tomates par ici, Neal. Je demande.

Quelques tomates ne comptent pas comme un véritable petit-déjeuner dans tout les lieux que je connais, mais c'est tout ce que nous avons. Malheureusement, pas une seule bouchée ne semble aussi bonne qu'hier.

(Probablement parce que je ne suis pas aussi affamée.)

- Hier soir, je pensais pouvoir manger mon poids en tomates, mais je commence sérieusement à regretter cette décision. Constate Graham.

- Tu n'as plus les papilles qui frétillent, Graham ? Demande Killian.

- Quelque chose comme ça.

- Allez les gars, c'est pas si mal. Elles sont fraîchement cueillies et pleines de nutriments. Tout ce dont un corps en bonne santé a besoin. Auguste essaie d'être optimiste.

- Non, à moins que tu partages des gênes avec les écureuils. Comme fruit, c'est tout juste satisfaisant, au mieux. Rétorque Regina.

Auguste s'éclaircit la voix et devient tout rouge, détournant les yeux de Regina. J'échoue à réprimer un rire.

(Elle a dit sa phrase sur un ton si sérieux, qu'il n'a pas vu la vanne arriver.)

Ses yeux dérivent sur moi, écarquillés avec surprise, et je couvre mon rire en occupant ma bouche avec une autre tomate. Peut-être que je n'étais pas censée craquer, mais elle est plutôt vive d'esprit.

- Avec le petit-déjeuner de bouclé, on devrait déterminer ce qu'on va faire du reste de la journée. Dit Killian.

- Chercher un véritable abri devrait être notre priorité, je suppose. Commente Graham.

- Un toit au-dessus de notre tête ne changera pas grand chose si on meurt de soif. Ajoute Neal.

- Il n'a pas tort sur ce point. Accorde Regina.

- Nous devrions retourner au bateau. Même s'il ne peut pas reprendre la mer, il doit sûrement y avoir des provisions et des affaires à l'intérieur. Propose Killian.

- Et il y a probablement plein de matériel que je peux prélever de ce navire échoué pour en faire quelque chose d'utile. Rajoute Auguste.

- Nous avons bien une trousse de secours à bord pour Regina mais ce sera une autre paire de manches pour la trouver. Révèle le capitaine.

- Il faut aussi espérer que ce soit resté scellé. Si c'est plein d'eau de mer depuis qu'on est arrivé, tout ce qu'il y a là-bas sera ruiné. Note Regina.

- Il ne nous reste plus qu'à espérer pour le mieux dans ce cas. La chance finira bien par tourner. Termine Killian.

Je ne me suis pas surchargée pour ce voyage, mais il y a plein de choses que j'aimerais essayer de sauver si ma chambre n'est pas qu'un tas de bois flottant. Rien que l'idée de perdre toutes mes affaires me fait soupirer, ce qui ramène l'attention de Regina sur moi.

- Comment va ton épaule ? Me demande-t-elle.

- Légèrement douloureux, mais tout est bien en place.

- Bien. Cela signifie qu'il n'y a rien de cassé.

- ...Est-ce que ça veut dire que tu vas me laisser transporter des choses aujourd'hui ?

Ses lèvres se pincent en une ligne serrée et contemplative.

- Du moment que ce n'est pas lourd. La dernière chose que tu veux, c'est des dégâts musculaires permanents.

(Se mettre à tout rassembler et préparer le départ n'est pas vraiment exaltant, mais c'est toujours plus intéressant que de rester assise sans bouger à regarder le ciel. Et honnêtement, j'ai besoin de faire une pause quant à l'odeur émanant de la pile de tomates.)

- Je ferai attention, c'est promis.

- On peut tous se mettre en route alors. Je sais où le navire est échoué. On s'est réveillés, Neal et moi, plutôt proches du naufrage. Informe Killian.

- Nous aurions dû chercher du matériel et des provisions, alors. Rétorque le photographe.

- Ce n'est pas une longue marche, vous allez dégourdir vos jambes. Commente le capitaine.

Je sens tout mon corps s'étirer et se tendre lorsque je me mets debout mais j'ignore la légère protestation de mon épaule. Une fois que Killian s'est assuré que le feu est bien éteint, il prend la tête pour nous conduire hors des ruines, tout droit vers la jungle.