Chapitre 51 - On est morts

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En retournant dans la jungle, le soleil qui commence déjà à se coucher perturbe quelque peu mes nerfs, mais c'est mieux d'être là-dehors avec Regina plutôt que morte d'inquiétude à l'idée qu'elle se fasse prendre au piège dans le noir par un ours. Comme d'habitude, elle reste silencieuse pendant que nous marchons, mais son rythme est un peu plus lent, la fatigue se faisant pesante.

- Alors, qu'est-ce qu'on cherche ? Je demande.

- Il y a plusieurs possibilités, mais des baies de sureau devrait être le plus commun. Ma mère avait l'habitude d'en faire du thé ou du sirop pour réduire la fièvre.

- Ta mère ? Mais ... tu n'approuves pas ?

- Je ne suis pas allée à l'école de médecine pendant de nombreuses onéreuses années pour commencer à me reposer sur des remèdes de grand-mères. Certains fonctionnent, mais un tas d'entre eux rendent les gens encore plus malade. Rétorque-t-elle.

La pression s'entend dans chacun de ses mots, alors je tends la main pour saisir la sienne afin de lui offrir un peu de réconfort. Nos doigts se frôlent mais elle s'écarte subtilement, ses yeux évitant les miens pour continuer de scanner des arbres et buissons autour du nous.

(Putain. Nous sommes tout ce qu'il nous reste, Regina. Ce n'est pas une mauvaise chose si tu as besoin de te reposer sur moi un peu.)


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La nuit tombe pendant que nous atteignons une large prairie, et Regina se précipite soudainement droit devant elle. Je panique avant de m'apercevoir qu'elle s'agenouille devant un arbuste en fleurs, ses branches pleines de baies.

- Est-ce que ce sont des baies de sureau ? Je demande.

- Ça y ressemble.

Regina passe la main sous sa jupe et je n'en reviens pas lorsqu'elle en sort un couteau suisse. Elle fait sortir la lame et commence à couper dans le feuillage avec des gestes rapides.

(Quand est-ce ... est-ce qu'elle l'avait pendant tout ce temps?)

- Donne tes mains. Commande-t-elle.

- Oh ! Désolée.

Elle remplit mes mains de baies de sureau jusqu'à ce qu'il n'y en ait pratiquement plus sur le buisson, puis elle essuie son couteau dans l'herbe avant de se relever.

- C'est bien, hein ? Il y en a plein. Dis-je.

- Parce qu'il nous en faut plein. Je vais devoir tout écraser et presser pour faire quelque chose d'un peu plus fort. Ne prend pas cela pour un remède, Emma. C'est une solution provisoire. Sans eau potable, sans un véritable remède, on est morts.

La défaite dans la voix de Regina est difficile à entendre, comme si nous faisions que gagner un peu de temps. Je laisse les baies dans mes bras tomber dans l'herbe avant de l'attirer pour un gros câlin, mon buste pressé contre le dos de Regina.

- Ça va aller ...

- Arrête. J'peux pas ... Je ne vais pas faire ça. Pas avec toi. On n'a pas le temps.

Les derniers mots sortent écorchés, mais Regina se détache de moi avant que je ne puisse voir si elle est en train de pleurer, elle ramasse les baies que j'ai laissé tomber et se remet à marcher à travers l'étendue d'herbe. Pendant un moment je ne peux plus bouger, le désespoir me figeant comme si j'avais été changée en pierre.

(Elle souffre tellement et ne veut même pas me laisser le voir. Peut-être qu'on est vraiment foutus.)

Castaway [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant