Chapitre 50 - Vingt murs

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C'est une longue marche pour retourner au complexe, mais nous trouvons Neal et Killian dès que nous entrons. Ils sont tous les deux affalés sur les canapé et ont vraiment mauvaise mine, recroquevillés dans des couvertures humides avec quelques conserves de fruits ouvertes entre eux.

- Killian, que fais-tu hors de ton lit ? Interroge Regina.

- Je mourrais de chaud de cette petite chambre. Et c'était pareil pour Neal. Il fait bien plus frais ici, hein ? On peut respirer un peu. Répond-il.

(Il sait qu'il est malade ? C'est ... un progrès, je suppose. L'état de Killian ne semble pas avoir empirer, mais il n'a pas l'air mieux non plus. Peut-être que la maladie s'est stabilisée pour le moment. Mais je ne peux pas en dire de même pour Neal.)

- Tu te sens mieux maintenant ? Demande-t-elle.

- Beaucoup mieux. J'suis pas vraiment malade, tu sais, c'est juste le soleil ...

- Il n'y a pas énormément de soleil dans ta chambre, Killian. J'interviens.

- Je serais sur pieds en un rien de temps, Emma. On peut retourner nager si tu veux. Dit-il.

Son grand sourire béat m'annonce que son moment de lucidité est passé, puis je soupire. Si seulement on avait pu trouver au moins une glacière avec de l'eau, toute cette situation serait résolue.

- Nager. Ça nage dans ma tête ... Commente Graham.

- Allez, Graham. Il faut que tu te couches. Réagit le médecin.

Elle le guide jusqu'au canapé malgré ses grommellements, et j'aperçois Neal en train d'essayer d'attraper une boite de fruits avec une main tremblante, pas vraiment capable de s'en saisir. Je la prends de la table et la mets dans sa main, retirant le couvercle pour qu'il puisse récupérer un fruit et le croquer.

- Merci, Emma. T'es une si bonne amie, tu sais ? J'ai tellement de chance. Dit-il.

Je me force à lui sourire et l'aide à manger un peu plus de fruits. J'aimerais plus que tout qu'il se remette à blaguer sur la nourriture – ou même me taquiner – plutôt qu'être ce zombie fiévreux qui n'a pas conscience de ce qu'il dit.

(C'est effrayant de voir quelqu'un agir complètement différemment, même s'il est en fait plus sympa. Je n'ai pas signé pour atterrir dans une dimension parallèle flippante.)

- Viens t'asseoir avec nous, Regina. Toi aussi t'as l'air morte de fatigue. Y'a pas de mal à prendre un dimanche détente une fois de temps en temps. Lance Killian.

- Je vais bien, Killian. Et on n'est pas dimanche. Rétorque-t-elle.

La confusion peint le visage de Killian un moment avant de hausser les épaules, en laissant Regina prendre sa température de nouveau pendant qu'il s'empare de la dernière conserve de fruits pleine et commence à manger.

(Putain, Regina avait raison. On va arriver à court de fruits très rapidement. Auguste a ramené les dernières tomates de la plantation, mais ce n'est pas comme si elles allaient repousser tout les jours.)

- Regina, est-ce qu'on va laisser tout le monde ici ? Je demande.

- S'ils sont plus à l'aise, ça ne me pose pas de problème. Et ils seront plus facile à surveiller s'ils sont tous au même endroit. Répond-elle.

(Au moins elle m'a répondue. Peut-être qu'on va pouvoir avancer maintenant.)

- Qu'est-ce que je peux faire pour aider ? Je propose.

- Là, tu dois me laisser être le médecin. Tu n'as aucune connaissance dans ce domaine, et j'ai pas vraiment le temps de te donner des leçons. Refuse-t-elle.

Regina se détourne sans un mot de plus, teignant au passage la dernière étincelle d'espoir à laquelle je me raccrochait.

(Elle me regarde à peine maintenant. C'est comme s'il y avait vingts murs entre nous et que je ne pouvais rien faire pour les abattre. On ne peut pas compter l'une sur l'autre si on ne se parle pas, si Regina ne prend même pas en compte ce que j'ai à dire. Putain de merde. Qu'est-ce que je peux faire pour qu'elle s'ouvre à nouveau ?)

Une fois que tous les garçons sont installés sur les canapés et convaincus de manger les fruits qu'il nous reste, l'attention de Regina n'est plus sur eux et elle est partie loin dans ses pensées. Elle semble épuisée, et doit être aussi assoiffée que je le suis, mais on ne peut pas abandonner là.

- Je n'arrive pas à croire que je suis en train de considérer cette option. Soliloque-t-elle.

- Quoi ?

Regina s'arrête net, comme si elle était surprise d'avoir dit ces mots à haute voix, mais cède avec une petite grimace.

- Il y a des tas de plantes sur cette île qui pourraient avoir des vertus médicinales. Je suis presque certaine que la moitié d'entre elles ne devraient pas être là, mais ça n'a plus vraiment d'importance au point où on en est. Il est possible que quelque chose puisse servir de médicament. Rudimentaire à souhait et à moitié moins efficace que ce qui pourrait être acheté chez nous, mais médicamenteux tout de même. Je n'aurais jamais pensé que ça vaille le coup d'essayer si nous n'étions pas dans une situation désespérée. Alors je sors. Je serais rentrée lorsque j'aurais trouvé quelque chose d'utile.

- Tu ne peux pas y aller seule. Laisse-moi venir avec toi. J'implore.

- Non.

(Purée, elle ne va même pas l'envisager ? Qu'est-ce que j'ai fait?)

- C'est pas prudent d'y aller seule, Regina. Les animaux sont sauvages là-dehors. On ne sait même pas combien d'entre-eux vivent grâce à l'eau du lac. Tu pourrais vraiment être blessée.

- ... D'accord. Allons-y.

(Ok, c'était plus facile que je l'aurais pensé. Je ne vais pas me creuser la tête pour en connaître la raison.)

Castaway [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant