1 Dans le placard

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-Jill!

-Là!

-On dit "Présente" mademoiselle Jill. Pas "Laaa" avec votre bouche qui pend comme cela. Ça ne vous donne pas l'air intelligente.

Un ricanement léger parcouru la classe. Je soupirai. Ce prof était vraiment un connard fini.

-Ouais ouais... présente...

-Vous voyez, quand vous voulez... Ange!

-Présente, monsieur!

Ange se trémoussa sur sa chaise, un sourire ... eh bien, angélique sur le visage.

-Aaah un peut d'enthousiasme, enfin! S'exclama le professeur. Voyez, mademoiselle Jill, prenez exemple sur Ange.

Alors comme ça, j'étais "mademoiselle", mais Ange, elle, avait le droit à une appellation classique? Pshh... c'était vraiment injuste d'être mignonne comme elle.

-Je penserais à lui demander des cours, alors. Fis-je, sarcastique.

Un nouveau ricanement traversa la salle, un peu plus marqué que le précédent. Evidemment; personne n'aimait ce prof. Le voir se faire remballer de temps à autre ne pouvait que faire plaisir à la bande de lycéens que nous étions.

Le prof, étrangement, ne releva pas, et continua simplement son appel, en évitant de s'arrêter à chaque nom cependant.

-Marie... Mei... Elodie... Maxime... Jenn!

Silence.

-Jenn une fois... Jenn deux fois...

Les regards se tournèrent vers Jenn... très occupée à faire sécher sa dernière couche de vernis qu'elle venait d'appliquer, et extrêmement concentrée sur cette tache... juste à côté de moi. Je fis du coude à ma voisine pour qu'elle se réveille.

-Hein?

C'était un "hein" très sonore. Autant dire que quiconque eut fait ce genre de bruit alors qu'on attendait qu'il réponde à l'appel se serait pris des remontrances du prof en même temps qu'une nuée de regards amusés et de ricanement. Mais, non. Pas pour Jenn. Son "hein" n'était pas un "hein" d'étonnement, de surprise ou de gêne. C'était un "hein" qui voulait dire:
"Hein? Qu'est ce que tu me veux? Tu me cherche?" Toute la classe le savait. Le prof aussi. Il accepta le "hein" comme étant un "présente", et continua son appel. Quelle injustice! Et moi qui m'étais prise une remarque parce que j'avais dit "là"! Vraiment, Jenn était illégale. Je lui jetai un rapide regard en biais. Regard qu'elle me rendit aussitôt. Avec un sourire espiègle. Je ricanai légèrement.

Jenn, c'est ma "besta" à moi. Oh, putain, j'ai vraiment utilisé le mot "besta", je m'excuse immédiatement pour vos pauvres yeux qui doivent saigner. En tout cas, c'est ma meilleure amie. Elle joue les meufs ultra sombre, mystérieuse et inapprochable, mais moi je sais à quel point c'est une crême cette meuf. Toujours de bon conseils, toujours calme - ET cassante - mais calme quand même. On a le même humour noir et la même attitude désabusée. Bon, elle est peut être même pire que moi. J'adorais cette fille. Et quand je dis que je l'adorais... c'était évidemment purement en tant qu'amie, hein. Ce "hein" là vise à vous convaincre que je ne mens pas. Non, si je devais évoquer quelqu'un que "j'adore", mais dans un sens un peu plus... charnel... j'évoquerais forcément...

-Melody!

-Présente.

Mélody. Cette fille... bordel de cul, cette fille me faisait chavirer. C'était du bonbon pour les yeux. Une beauté comme on en voit pas deux dans une vie. Elle était belle, grande, bien foutue là où il faut, avec de longues boucles dorées cascadant dans son dos, des yeux bleus à vous couper le souffle, une bouche charnue qu'on voudrait embrasser jusqu'à s'y étouffer... elle portait toujours des tenues qui la mettaient tellement en valeur, avec des jeans moulant mettant parfaitement en valeur la perfection de ses jambes, des haut révélant les courbes de ses hanches, parfois même le bas de son ventre, laissant apparaître ses superbes épaules, et ayant des décolleté plongeant vers l'immensité de sa magnifique paire de...

-Jill-sensei, tu es tellement rouge que je ne veux même pas imaginer ce que tu es en train d'imaginer... lança Jenn à côté de moi

-Je...

-ET ENCORE MOINS avec qui. Garde ça pour toi et continue ton merveilleux voyage, ça m'évite d'avoir à m'occuper d'autre chose que mon vernis.

C'était... un très bel échantillon de Jenn, je dirais. Faire des remarques cassante juste pour rappeler sa présence, et également évoquer le fait qu'elle avait engagé la conversation uniquement dans le but de l'arrêter aussitôt après.

Hum. Bref. Où en étais-je? Ah oui! Le décolleté... bon je pense que vous avez plutôt bien compris. J'étais assez fan de Melody. En réalité, j'étais assez fan de filles en général, et SURTOUT de Melody. Elle était un rêve inaccessible pour moi depuis que je l'avais vue lorsque j'étais arrivée au collège central, en 6e, et je l'admirais encore plus maintenant, alors que notre année de première était entamée depuis quelques jours.

Mmm? Ah oui. Oui, je suis une fille. Oui, j'aime d'autre fille. Oui, je suis une dangereuse lesbienne qui va pervertir la jeunesse et faire disparaître l'homme des relations de couple, agrou agrou... Qui croit à ces conneries, sérieusement? Pour faire simple... c'était compliqué. J'aimais beaucoup les femmes. J'aimais pas beaucoup les hommes. Mais en même temps, je crois que j'étais amoureuse de Melody depuis la 6e, alors peut être que si elle n'était pas là, j'aimerais les hommes. Non? Parce que ça m'aurais arrangée, franchement.

Être une lesbienne, dans cette réalité, c'est nul.

En tout cas, dans MA réalité. Comment ça se faisait qu'en 5 ans, j'avais adressé moins de 10 fois la parole à la meuf que j'aimais? Parce que si je l'avais pu, ça aurait été plus simple.
Ma vie est un beau bordel. Oui, ça fait adolescente chieuse de dire ça mais bon j'ai pas d'autre mots. Ma mère était assez violente. Faut dire qu'elle avait un bon métier de merde, que j'ai jamais trop compris ni cherché à comprendre, mais qui payait assez pour nous maintenir en vie toutes les deux, mais la mettait de très mauvaise humeur. Et elle buvait, aussi. Je détestais l'alcool. Elle rentrait à moitié - non, complètement - bourrée à 3h du mat, et passait sa mauvaise humeur accumulée durant la journée sur moi. C'était peut être pas des coups de poings, mais elle me foutait au moins une vingtaine de baffes gratuitement, me reprochant d'être une sale gamine de merde - sans que je sache trop pourquoi. À la longue, j'avais finis par prendre de l'assurance et résister. Puis, avec l'âge, elle s'était calmée, aussi. Cela n'empêchait que notre relation était toujours très froide. Et ça m'allait très bien. Ma plus grande peur, c'était qu'elle recommence.

Parce que j'aimais quand même ma mère. Je ne voulais pas lui faire de mal. Et si elle devait se remettre à tenter de me frapper, j'aurais dû frapper aussi. Et c'est là que reposait tout le noeud du problème; comment révéler à une mère assez homophobe et avec un passé de dépressive alcoolique et violente que sa fille unique, sa seule famille, passait ses cours de maths à rêver de bouffer de la chatte.

Oui. J'avais peur. Du coup, je restais dans le placard. Et franchement... on s'y habituerait presque, à ce foutu placard! 


Heyo bonjour à tous, ici Mei!
Nouvelle histoire, nouveaux personnages, j'espère qu'elle va vois plaire! C'est pas la joie pour l'instant, mais j'espère que l'humour un peu grinçant de Jill vous plait! Et hésitez pas à me proposer des couvertures aussi, j'avoue avoir assez peu d'inspiration pour ces trucs.
Et partagez aussi l'histoire à vos amis!
A bientôt pour la suite!

NIRVANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant