5 Réveil d'enfer

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J'ouvris lentement les yeux. Et me sentis immédiatement très, très, très mal. Ma bouche était pâteuse, j'avais une nausée fantasmagorique ainsi qu'un mal de tête terrible. Et je n'étais... pas chez moi? Ah! Je tentais de me remémorer rapidement les évènements de la veille.

Melody qui m'entrainait dans un bar.

Mes tentatives de ne pas finir bourrée.

L'échec de cette mission.

Quand elle m'avait proposée de me ramener chez moi.

Et que je m'étais effondrée en pleurs.

Sans que je sache trop pourquoi, j'avais pensé à mon père à ce moment là. Qui était-il? Où était-il désormais? Pourquoi... m'avait-il abandonnée? Tant de questions que je ne m'étais plus posée depuis des années, mais qui me marquaient cruellement. Qu'il soit riche, pauvre, con ou même une femme, je m'en fichais; ce que je voulais, c'était un autre parent, un parent aimant auquel j'aurais pu me confier, plutôt que ma mère irresponsable et son passé violent. Tout ça m'était monté à la tête d'un coup et j'avais pleuré.

Ah. Et aussi.

Je l'avais embrassée.

La porte de la chambre dans laquelle je me trouvais s'entrouvrit. Et comme je m'y attendais, ce ne fut pas Melody qui apparut.

C'était la barmaid.

Un sentiment terrible s'empara de moi. J'avais embrassé de force Melody, et, pour toute réponse, je m'étais prise une claque monumentale. Évidemment. Je m'attendais à quoi, au juste? Elle n'était pas intéressée par les filles. Et encore moins par moi; elle m'avait prise avec elle seulement pour avoir quelqu'un avec qui boire - et je n'avais pas été fantastique dans ce rôle non plus. Ce qui s'était passé après était assez flou...

-Alors championne? On tiens le choc de sa première gueule de bois? Railla la barmaid, qui finit d'entrer dans la pièce.

Ses longs cheveux bruns cascadaient dans son dos, sur ses épaules et sur sa poitrine, épousant la forme de ses seins. Seins qui étaient... nus? Je me rendis compte qu'elle était simplement vêtue d'une culotte - noire, très sexy, certes - et détournais le regard d'un coup.

-Euh... ouais, ouais, ça... ça va. Tu veux pas genre... enfiler un truc?

J'avais déjà laissé passer mon homosexualité auprès d'une personne. Maintenant, il allait falloir que je répare les dégats. Mon placard s'était entrouvert malgré moi, et si je ne voulais pas en être sortie de force, il allait falloir que je fasse taire les rumeurs qui allaient courir sur moi. Rumeurs dont l'origine serait... Melody elle même. Je fus soudain encore plus abattue.

-Rhoo fais pas ta sainte-nitouche, on est entre meufs. Lâcha-t-elle. Et puis, t'es à peu près aussi vêtue que moi, en fait.

Je jetais un rapide coup d'oeil à mes propres habits. Mm. Je n'en avais aucun, a part mes sous vêtements. Merde.

-Bon jsais pas si tu t'en rappelle trop, mais hier après être partie avec Melody, t'es revenue, seule, et à moitié en pleurs, et tu baragouinais des trucs incompréhensibles. Du coup jme suis occupée de toi, et jtai ramenée chez moi. Mais faudrait que tu te bouge, parce que je pense que t'as quand même cours, là.

Cours? Lycée?? Contrôle???

-Merde. Le DS de physique! Où sont mes habits?

Elle détourna un peu le regard.

-Hmm. Vaudrait mieux que t'évite de porter ça.

-Hein? Pourquoi?

-Disons que yavait un mec en mauvais état hier au bar, qu'il s'est lâché et que... tes habits ont un peu pris.

Je zonais quelques instants.

-Je me suis faite vomir dessus.

-Voilà, c'est ça.

-Putain de mmm... attends il est quelle heure là??

-hum? 11h pourquoi?

Ouch. Les cours avaient commencé depuis 3h, j'avais déjà raté le DS de physique, je ne savais même pas où j'étais et des rumeurs sur mon homosexualité devaient déjà être en train de courir partout. J'avais une très forte envie de me replonger sous la couette et de ne jamais en ressortir.

 -Jte prête quelques fringues. Bon, elles seront un peu grandes, mais jporte des trucs pas trop grands en général donc ça devrait aller. Lança-t-elle.

Je ne pu m'empêcher d'être grinçante.

-T'aurais pu me réveiller plus tôt, nan? Parce que pour les cours là, ça va être galère.

Sans même se retourner, elle me répondit:

-Moi le matin, je dors. Si tu veux te réveiller tôt c'est ton problème. Et puis ça t'a permis de rattraper un peu. T'as vu ton état? Imagine toi si tu t'étais réveillée à l'heure...

-Merci de votre bienveillance, seigneure. Lançais-je, sarcastique.

Elle ignora royalement cette remarque, continuant de chercher dans ses affaires des habits qui m'iraient.

-Mouais. Pas ouf, mais ça fera le truc.

Je me retrouvais donc avec un pantalon ultra moulant mais un peu trop large pour moi, avec un haut en col V et sans manche, définitivement prévu pour quelqu'un ayant plus de poitrine que moi, et une veste trop grande. Donc en plus d'arriver en retard, j'allais être ridicule.

-Un instant.

Elle me regarda sous plusieurs angles. J'étais toujours gênée par sa nudité excessive. Dire qu'elle m'excitait était un euphémisme. Puis elle me fit enlever la veste, et me donna une veste imitation cuir noire. Elle me sembla bien petite par rapport à tout ce qui m'avait été proposé auparavant.

-C'est à toi? Demandais-je.

-Ouais. Mais c'est fait pour s'arrêter au niveau du milieu du ventre, normalement. Vu que t'es plus petite, ça devrait le faire. Par contre ça se ferme pas normalement, mais bon si tu veux la fermer, fais comme tu le sens.

-Hum. Merci.

Je me dirigeais vers la sortie et jetais un oeil à mon portable. J'étais assez loin du lycée, mais je pouvais faire les cours de l'aprem.

-Eh Jill.

C'était la première fois qu'elle prononçait mon nom.

-Tant que t'assumeras pas tes préférence, tu pourras pas vraiment vivre tu sais.

-Hein? Qu'est ce que tu rac...

-Arrête ton char de suite, je lis en toi comme dans un livre ouvert. Je sais pas quelles sont les raisons qui te poussent à rester dans ton petit placard, mais tu pourras pas profiter pleinement de ta vie tant que tu mentiras là dessus.

-Et qui te dis que ça me va pas très bien de vivre comme ça?

Elle me regarda avec un air d'étonnement sincère.

-Ben... à quoi bon vivre sa vie si c'est pas pour la vivre à fond? Jveux dire... ton temps est limité alors pourquoi le gaspiller à te morphondre sur des détails inutiles, alors que tu peux juste prendre la vie comme elle vient et en profiter?

Cette fille... m'énervait beaucoup. C'était quoi cette donneuse de leçon à deux balles? Elle avait aucune idée de toutes les difficultés qu'impliquaient le fait de devenir lesbienne officielle! Je voulais lui répondre et être cassante, mais j'avais pas la force. J'ouvris la porte, et sortit de l'appart.

Ah. Je savais même pas son prénom. J'avais aucune envie de le connaitre, mais j'avais ses fringues, elle avait les miennes, donc je jetai un coup d'oeil sur l'étiquette. Pas de nom-prénom. Ni d'initiale suivie d'un nom de famille. Juste un seul mot.

"Sang"

Oulah... dans quoi est-ce que je m'étais encore fourrée?

NIRVANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant