50 El Padre

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Je m'éclaircis la voix, et il tourna un regard vide vers moi. Je fus incapable de trouver mes mots. C'était bien lui. C'était lui! Lui! Il n'y avait aucun doute possible. La pression s'échappa en un instant, et un gloussement nerveux m'échappa. J'y étais arrivée. Enfin.

-Christian... Morn... c'est cela? Demandais-je.

Il releva les yeux, et sembla difficilement chercher ses mots. Il tituba légèrement, et se retint contre la porte qu'il essayait d'ouvrir quelques instants plus tôt. Que se passait-il? Il avait l'air de ne pas bien aller. Je m'approchais de lui, inquiète.

-Tout va bien?

-Oui, oui... fit il d'une voix un peu étrange.

Soudain il releva les yeux vers moi. J'y lu... je n'y lu rien du tout. Sérieusement, comment font les gens pour lire dans le regard des autres.

-Tu connais mon nom, toi? Me demanda-t-il.

-Oui, répondis-je, enthousiaste. Je vous chercher depuis longtemps, et c'est le vieil Ab qui...

-Ce vieux con? Il est encore en vie?

Je me figeais. Je comprenais ce qui n'allait pas avec lui. Il était complètement bourré. Je ne pu cacher ma déception. Ma première rencontre avec cet homme que j'avais tant attendue était enfin là, et il était... saoul? Quelle blague. C'était visiblement un point commun entre mes deux parents, de boire jusqu'à plus soif. Et... un peu un point commun avec moi, dus-je admettre.

-Le vieil Ab nous a dit que vous lui manquiez beaucoup. Dis-je avec douceur. Il nous a demandé de vous porter ses salutations.

Je ne pouvais m'empêcher de le vouvoyer. C'était peut être mon père, mais avant tout un total inconnu pour moi. Et sa présence m'impressionnait beaucoup. Son regard n'était pas serein mais shooté. Il était plus grand et plus large que ce que j'avais imaginé. Son visage était plus dur aussi, sûrement à cause des rides.

-Bah, moi il me manque peu. Je ne veux plus entendre parler de cette ville de merde.

-Vous parlez de Paris? Oui, j'ai entendu dire que votre ex femme...

-Ne me parle pas d'elle!

Il avait crié d'un coup, et je me recroquevillai sous le choc. Je n'aimais pas me faire marcher sur les pieds, mais j'étais totalement perdue face à cette situation.

-Cette pétasse... elle m'a laché comme une merde alors que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour nous! Mais elle n'écoutait jamais!

-Je... euh... monsieur Morn, en fait je suis votre f...

-Fan? Ouais, tu dois vraiment en être une, pour avoir été jusqu'à demander mon adresse au vieux Ab! Ça fait un bout de temps que je fais plus de scène, cependant, j'ai un peu perdu de mes talents de chant.

-Vous... vous étiez chanteur?

-Et comment! J'enflammais les scènes des bars parisien dans ma jeunesse! C'était vraiment bien...

-Vous pourriez me chanter quelque chose?

C'était une demande stupide, et je n'avais pas vraiment réfléchi. Mais j'essayais de lui faire sortir la tête de l'eau. Ou plutôt de sauver les apparences, d'améliorer la vision que j'avais de lui, qui venait d'en prendre un coup depuis le début de notre discussion. Mais je tombai de haut.

-Tu veux que je te chante un truc, hein? Et j'aurais quoi en échange, ma jolie?

-P-Pardon?

-Ne me fais pas croire que tu es venue jusqu'ici simplement pour le plaisir d'entendre ma voix... j'étais une sacrée sex machine à l'époque, et j'ai toujours un certain niveau! Tu seras pas déçue!

NIRVANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant