51 I'll be back

1.1K 103 5
                                    

Je la fixais droit dans les yeux. Je ne pouvais pas vraiment dire que j'étais sereine, mais en tout cas j'étais prête à accepter sa réponse, quelle qu'elle soit.

-Jill... je...

-Tu n'as pas a me mentir ou à te sentir obligée d'accepter, Sang. J'avais juste besoin que tu sois au courant.

-Ouais... je comprends...

-Tu n'es pas non plus obligée de me donner une réponse... même si je préférerai, bien sûr.

Je jouais les filles confiantes, mais mon coeur était serré. La soirée avait été riche en émotions. Il était tard. Je n'avais plus la force de me battre avec elle pour savoir ce qu'elle ressentait. Je n'avais plus la force de faire quoi que ce soit.

-Je suis désolée, Jill... pour ton père je veux dire.

-C'est rien.

-C'est pas rien! T'avais tellement d'espoirs et ce... ce...

-Ça va, je te dis. C'était pas autant un père qu'un soutiens que je cherchais. Et je t'ai trouvée. Maintenant il peut bien aller crever que j'en aurai rien à faire.

Je restai silencieuse quelques instants.

-Je me demande s'il battait ma mère, aussi, quand ils se connaissaient...

-C'est pas impossible.

-Ça expliquerait pourquoi elle l'a quitté quand elle est tombée enceinte et n'a jamais voulu parler de lui... mais au final, elle a elle aussi sombré dans la violence.

-Mais elle en est sortie. Pas lui.

-Elle en est sortie, mais elle a laissé des traces. Je pourrai jamais m'en défaire.

Un frisson s'empara de moi. La main de Sang longea l'arête de ma mâchoire et poussa ma tête à se relever. Son regard ne fuyait plus.

-Tu t'en défera. Promit-elle. Parce que je suis là, après tout.

Son visage s'approcha lentement, et nos lèvres se rencontrèrent. Une nouvelle fois. Et ce contact n'avait nullement perdu de sa puissance. Comme à chaque fois, une chaleur indescriptible m'envahit, et se propagea dans tout mon corps. Mes joues me brulaient, et mes lèvres ne pouvaient s'empêcher de chercher plus loin le contact, de ressentir la moindre des parcelles de ses lèvres. Je l'enjambais pour m'asseoir sur ses genoux, mon corps contre son corps, nos langues entrelacées. Seules dans ce parc, sur ce banc, on continua à s'embrasser durant de longues minutes.

Comme si le temps s'était arrêté.

Comme si le froid de l'hiver ne nous atteignait plus.

Comme si le jour n'allait plus jamais se lever, afin de nous laisser profiter l'une de l'autre.

Ce soir là, ce fut moi qui, pour la première fois, réussi à lire en elle, comme elle le faisait depuis si longtemps avec moi. Elle m'aimait, elle aussi. Mais elle avait peur. Elle était effrayée. Elle s'accrochait de toutes ses forces à notre contact, de peur qu'il se rompe. Et je su ce qu'il allait se passer. Mais je l'acceptais. Savoir que mes sentiments étaient réciproques me suffisaient.

***

Nous étions retournées à l'hôtel, et avions fait l'amour pendant une bonne partie de la nuit. Nous avions profité du contact de nos corps, des gémissements de plaisir, des touchers apaisants, des pénétrations idyllique. Nous savions que tous ces instants étaient précieux. Je ne posais pas de question. Je savais qu'elle ne voulait pas y répondre.

Et, le lendemain matin, je me réveillai seule. Comme je l'avais deviné, la veille, Sang était partie. Elle avait fui. Elle ne pouvait simplement pas risquer de me blesser, et avait préféré partir. Mais je ne pleurai pas. Elle avait tant fait pour moi, elle m'avait tant aidé, que je lui devais bien ça; lui montrer que son choix ne me blessait pas et l'accepter. Et espérer qu'elle allait, un jour, revenir me voir. Qu'elle allait, un jour, faire un trait sur le passé et choisir d'avancer avec moi.

NIRVANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant