9 Hétéro-Test

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Bon, autant le dire tout de suite; après tous le bordel qui était arrivé en moins de 24h, j'avais besoin d'un peu de recul et de retour au calme - c'était même nécéssaire. Sam m'avait raccompagnée jusque chez moi - il habitait pas très loin, et évidemment la seule réaction de ma mère en rentrant fut "Il parait que t'es pas allée en cours ce matin", ce à quoi je répondit par un simple "Je me sentais mal". J'imagine que c'était trop demander qu'elle remarque seulement que je n'avais même pas dormi à la maison. J'avais jeté un coup d'oeil; comme d'habitude, elle était effondrée sous une masse incommensurable de travail.

Ma mère s'appelait Catherine, autant dire un prénom des plus classiques pour les gens de sa générations. Elle avait fait grandes études et était dans la moyenne, et avait un job d'employée de bureau dont je n'avais jamais compris l'utilité mais qui lui donnait beaucoup de boulot. Elle était jeune; elle m'avait eue très tôt, à 19 ans. J'avais déjà demandé des précisions sur mon père: ma mère ne m'avait donné que de vagues indications. Un prénom, un nom de famille - qui n'était même pas le mien, j'avais celui de ma mère. Autant dire qu'il n'avait pas dû rester longtemps avec ma mère, sûrement un simple amour de jeunesse, et il l'avait probablement quitté quand elle avait choisi de me garder. Où alors, peut être ignorait-il même mon existence. C'était à cela que je me raccrochais. Je ne haïssais pas ma mère, mais j'avais toujours dû me démerder sans son aide. Avoir un autre membre de la famille sur lequel se reposer...

Mais je m'égare. Le week end avait passé sans incident, et j'étais retournée en cours le lundi, fraiche (mouais) et dispo (bof), prête pour une nouvelle longue semaine de cours.
Une semaine qui allait s'avérer éprouvante. J'étais en couple, désormais, et il fallait que j'agisse de telle sorte. Comment fallait-il que j'agisse? Hum ça j'en avais aucune idée. Célibat forever, tout ça tout ça, ça aide assez peu. Alors je me contentais de... trainer avec Sam, durant la pause du matin, tous les jours. On avait essayé de passer des moments tranquilles tout en étant à côté de nos groupes respectifs mais... bon... disons que les potes de Sam ne sont pas des lumières - et ont un humour qui ne correspond VRAIMENT pas à mon caractère - et que Jenn ne fit aucun effort pour se rendre agréable et pour cacher son antipathie envers Sam. Je m'énervais contre elle à midi:

-Ça ne te dirait pas de faire UNE FOIS dans ta vie un effort pour te rendre agréable auprès d'une personne??

-Pour quoi faire? Quand jtraine avec vous deux, je suis moi même et vous me faites pas chier. Ceux qui sont incapable de subir sont des ptites natures et j'ai aucune envie de les avoir dans mes pattes.

-TU ES .... mmmmmmm

Ce truc était un cri étouffé de colère. Je savais comment elle était, et ça ne servait à rien de discuter. Ange, elle, s'amusait beaucoup à savoir à quelle vitesse avançait notre relation. Son plus grand choc était de savoir que Sam ne m'avait toujours pas embrassée.

-Il est peut être vraiment gay au final.

-Hein?

Ce "hein" avait été commun, Jenn et moi, parfaitement synchrones. Moi, car c'était débile comme réflexion. Jenn, car elle n'avait jamais entendu parler de cette rumeur qui avait couru avant qu'elle n'arrive au collège central.

-C'est bizarre quand même, Jenn. Fis-je remarquer. Tu connais des rumeurs de gens qui datent de leur primaire, mais pas qui ont pris place dans notre propre établissement? Fis-je remarquer, intriguée.

-Pour Melody, tout le monde est au courant parce que ça ressort dès qu'elle passe du temps avec une fille.

-Elle est populaire, fit remarquer Ange. Je veux dire, TRES populaire. Alors les gens adorent ce type de rumeurs. Sam, lui, est un peu plus discret, et les gens ont juste fini par oublier ou à considérer ça comme inintéressant.

Je sifflais, admirative.

-Eh ben Ange, tu t'y connais là dedans.

-Evidemment. Fit elle avec son air supérieur que seul nous avions le """"privilège"""" de voir. Des années d'étude afin de trouver le meilleur moyen de conserver sa réputation tout en s'amusant le plus possible.

-Si tu y avais tant réfléchis, remarqua Jenn, tu commencerais par choisir tes étalons ailleurs que dans notre propre lycée.

-Ah oui? Et comment ferais-je pour tirer un bon coup entre deux cours dans ce cas?

Jenn et moi furent abasourdies par ce raisonnement.

-Eh bien, fais autre chose, je sais pas, genre... baiser apres les cours????? Peut etre? Nan? Fis-je remarquer.

-Hilarant, Jill. Nan vraiment!

Elle eut soudain l'air abattue.

-Tu connais ma famille. Les gens de la haaaaute sociétééé excusez moé. Une bande de saintes nitouches effrayés par tout ce qui touche aux relations hors mariage. Comment ai-je pu naître dans un milieu comme... comme ÇA.

-Et tu te plains du fric aussi? Fit remarquer Jenn avec un sourire amusé.

-Euh... ok bon, il n'y a pas QUE des désavantages. Mais je suis en PREMIÈRE, j'aimerais pouvoir un peu de liberté après les cours, et non pas un majordome qui vient me chercher comme si j'étais une gamine irresponsable à surveiller.

-Tu ES une gamine irresponsable à surveiller. Coupa Jenn.

-Awi, un majordome, quand même. Sifflais-je, admirative.

-Au moins, Nestor est sympa, il me laisse parfois faire un peu de shopping en rentrant... mais alors pour m'éclater joyeusement là ya pas moyen.

-Tu es... irrecuperable. Dis je dans un souffle.

Et la semaine avança lentement, alternant discussions entre copines et moments avec Sam, ce qui me permit au moins de confirmer une chose: lui, il était clairement amoureux de moi. C'était aussi l'avis de mes deux amies. Le problème, c'était que de mon côté... rien n'avançait. Et je sentais qu'il le savait, mais qu'il avait choisi de me laisser mon temps. Il ne me pressait pas, ne me forçait à rien, même pas à l'embrasser, même pas un simple kiss. Et une part de moi l'en remerciait... et l'autre part me hurlait que ce mec trop parfait était décidément trop bien pour moi, et que je ne faisais que jouer avec lui. Et je me sentais mal.

Je voyais également Melody, de loin, souvent enlacée dans les bras de Hugo. Pourtant, ses yeux étaient perdus dans le vague, et elle n'avait vraiment pas l'air de profiter du moment. En tout cas, elle n'avait pas l'air amoureuse de ce fameux Hugo. Est-ce que j'agissais de la même manière avec Sam? Étais-ce aussi visible que cela? Ça m'effrayait. J'avais accepté dans le but de découvrir l'hétérosexualité, mais son immobilisme - et le mien - faisaient que l'on restait au point de départ. Et cela commença a durer... même au delà de cette fameuse semaine.

NIRVANAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant