Chapître 21

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La formation est vite passée. On est déjà mi-décembre, j'ai commencé le boulot. On fonctionne par équipes d'à peu près trente. Cinq équipes travaillent aux mêmes horaires. Je peux travailler soixante-douze heures d'affilées et être de repos vingt-quatre ou quarante-huit heures. Le moins que l'on puisse dire c'est que ce métier me plait énormément, je me sens enfin utile. C'est intense, on peut-être appelé à tout moment et il faut être sur le pont tout de suite.
Nous sommes jeudi et à la fin de la journée notre équipe sera de repos pendant huit jours. C'est bien mérité, nous n'avons pas chômé les deux dernières semaines et avons cumulé pas mal d'heures sup. Ouais c'est l'hiver et malheureusement, les chauffages défectueux font des ravages soit par intoxication soit par le feu ce qui rajoute à la misère humaine qui est si présente autour de nous.
Avec Stan, Abel et Justin nous sommes équipiers et nous sommes devenus très proches. Ils faisaient également partis de la formation. Pour bien commencer nos congés, on va boire une tasse dans un bar que je ne connais pas. C'est Stan qui nous guide. Le bar est carrément sympa, la musique est bonne et pas trop forte, on peut parler sans avoir à crier. On trouve une table au fond. Justin et moi nous installons de telle sorte que l'on voit qui rentre ou sort. Ouaip depuis que je ne suis plus avec Morgane et que j'essaie de ne pas penser à Adam, je suis devenu ce que l'on peut qualifier de salopard. Je tire mon coup dès que je peux sans scrupules, sans sentiments mais sans extase non plus. À des années lumières de ce qu'il m'a fait ressentir. Pour le moment je me fous de tout, j'ai besoin de me vider la tête et le reste aussi. Je suis tout en finesse... Fauve me reproche mon nouveau moi. Elle a raison je le sais bien, je ne m'aime pas non plus.
La bande ne dit rien mais n'en pense sûrement pas moins. Ils ne me connaissent pas comme ça. Depuis bientôt trois mois je sors très peu avec eux. Quand ils vont à l'éden il y a toujours de fortes chances qu'Adam y soit et le voir me ferait trop de mal. Parce que l'idiot que je suis est tombé amoureux de lui. D'un mec. Le voir sachant qu'il ne peut pas me pardonner est impensable. J'ai envie de ses bras, de sa bouche, de son corps. Toutes les nuits seul dans mon lit, je fantasme et il n'est pas rare que je me branle en pensant à lui. Alors les potes se demandent pourquoi ils me voient si peu. Camille et ma meilleure amie répètent inlassablement que je suis trop fatigué par le boulot.
Pathétique, connard, salaud sont les qualificatifs qui me correspondent dorénavant.

Tiens voilà deux jolies minettes qui viennent d'entrer dans le bar. Justin et moi échangeons un sourire entendu. Ni une ni deux nous nous dirigeons vers le bar où elles sont déjà à commander des boissons. Justin me devance et lorsqu'il est pratiquement arrivé près d'elles, deux types rentrent dans le bar.
Je reste figé, il est là beau comme un dieu. Il est avec un mec qui le tient par le bras. Je bloque sur cette main posée sur SON bras. Putain non ! Ce devrait être ma main, pas celle de ce blaireau. Adam me lance un regard glacial et qu'est-ce que je fais ?? pas la peine de tergiverser, je fuis.
Je le bouscule en sortant du bar et je coure aussi vite que mes jambes et ma fatigue me le permettent. Je ne sais pas où je vais, je ne connais pas cet endroit de Paris. Mais quelle importance, il faut que je foute le camp, que je m'éloigne de lui.
J'arrive dans un parc. J'atterris toujours dans un parc dans les moments où j'ai besoin d'analyser ce qu'il m'arrive. Allongé sur un banc je sanglote. Je souffre, tout mon corps est en feu. Mon cerveau ne me laissera jamais de répit. C'est si douloureux que je veux mourir pour échapper à ce mal qui me ronge un peu plus chaque fois. Oui c'est ça, je veux mourir.

Mon portable ne cesse de sonner. Je ne veux pas répondre. J'ai pas envie de parler, j'ai envie d'oublier, de m'oublier, d'arrêter de respirer. Mon frère est devin certainement parce que là tout de suite j'aimerais n'être rien. Mon désespoir est si intense que je ne peux pas bouger de ce banc. Je me retrouve comme ces pauvres sdf, sauf que moi normalement j'ai un toit au dessus de ma tête, sauf que moi normalement ma vie devrait être heureuse mais il me manque l'essentiel. Mon Essentiel et j'ai tout gâcher par faiblesse. Parce que je suis incapable d'assumer être amoureux d'un mec. Pas n'importe lequel. Adam !

Je passe des heures et des heures dehors, allongé là, il va faire jour d'ici peu. Je me lève, j'ai mal partout. Je rentre à l'appartement. Le temps que je sache où je suis et que je fasse le trajet à pied, je ne trouverai personne à l'appart. Une idée s'est immiscée en moi et je vais franchir le pas. Je ne devrais pas mais c'est la seule solution qui me permettra de ne plus brûler, de ne plus avoir mal. Une dernière faiblesse, une dernière fuite.

Il est dix heures, je monte les marches de l'immeuble quatre à quatre et ouvre la porte de la liberté. Je balance mes chaussures, mon blouson et je vais chercher ce dont j'ai besoin dans la chambre de Fauve. Je lui laisse un simple billet sur la table de la cuisine : JE T'AIME MA TIGRESSE.l
Je prends une bouteille d'eau dans la cuisine et regagne ma chambre. J'en avale plusieurs à chaque gorgée et je termine le flacon. Le temps que ça fasse son effet, j'ai plein d'images dans la tête. Fauve, ma si belle Fauve que j'abandonne, les potes et LUI.
Je m'endors doucement. La délivrance.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant