Chapître 10

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Sur le chemin du retour je me dis qu'il faut que j'ai une discussion avec Camille. Cette altercation n'aurait pas dû avoir lieu, je dois régler ça sinon je vais péter un câble.

Je toque à la porte de sa chambre. J'y rentre sans attendre de réponse. L'état dans lequel je trouve Camille me cloue sur place. Il sûrement pleuré depuis cette dispute. Son visage est rougi, ses yeux bouffis.
Je lui demande pardon. Pardon parce que j'aurais dû comprendre qu'il ne voulait rien me dire. Je n'aurais pas dû insister et encore moins m'énerver. Pardon parce que son amitié m'est bien trop précieuse pour tout gâcher en me montrant trop curieux. Je l'informe sur le fait que j'ai vu Adam et qu'il m'a tout raconté.

- Que t'a-t-il dit exactement ?

- Ben il m'a parlé de son agression.

Camille soupire et j'ai un mauvais pressentiment. J'ai l'impression de ne pas être au bout de mes surprises. Il prend la parole et pour moi c'est la douche froide.
Son histoire débute il y a un an. Il était revenu une fois à l'appartement en boitillant. Il nous avait dit être tombé dans les escaliers chez un copain. On n'avait aucune raison de mettre ses paroles en doute. On aurait dû. Il me l'avoue seulement maintenant. Lui aussi s'est fait tabasser par deux connards à la sortie d'un bar gay. Il n'a pas osé nous en parler à l'époque, il avait honte de ne pas avoir réussi à se défendre.
C'est dans ces circonstances qu'il a rencontré Adam. Il est sorti juste après lui du bar et a fait fuir les agresseurs. Depuis ils sont devenus potes. Il m'explique que cet épisode a été très traumatisant. Ce qu'il a vécu me donne la gerbe. Je ne comprends pas que tant d'intolérance existe encore. On a beau être au 21ème siècle les mentalités n'évoluent pas.
Camille avait plus ou moins réussi à occulter mais l'agression subie par Adam lui a renvoyé sa propre histoire comme un boomerang et a réveillé toutes ses angoisses. Il me confesse avoir peur. Rien que pour échapper aux insultes, aux coups il voudrait être dans la norme, être hétéro.
Je lui assure que toute la bande l'aime et que son orientation sexuelle n'a aucune incidence et n'en aura jamais sur nous. Et puis vu qu'il est bisexuel, il est donc à moitié hétéro. Ma sortie aura au moins eu le mérite de le faire sourire malgré son évidente anxiété. Sa sexualité ne le définit pas comme un être anormal.
Après en avoir discuté, il veut bien qu'on en parle à la bande. Il ne peut pas rester seul avec ses angoisses. C'est dans ces moments là que l'on a besoin de la présence des amis. Je fais partir des sms aux potes et leur demande de venir demain après-midi à l'appartement indiquant simplement que Camille à besoin de nous. Très vite tous ont répondu qu'ils seraient présents, même Jehann qui devait bosser va s'arranger pour se faire remplacer au bar. Voilà ce que représente la bande, toujours là les uns pour les autres.
Rasséréné, Camille finit par s'endormir.

Fauve boit un café dans le canapé et dès qu'elle me voit sortir de la chambre elle m'interpelle. Je m'installe près d'elle et lui fait un compte-rendu de tout ce que j'ai appris aujourd'hui. C'est choquant de se dire qu'au 21ème siècle les mentalités n'ont pas évoluées. Comment peut-on s'en prendre à des personnes qui ne rentrent pas dans les cases d'une «société bien pensante » ? Est-ce qu'un jour ça changera ?

Cette journée a été très éprouvante pour mes petits nerfs. Je suis épuisé et démoralisé. Pourtant, Il faut que je parle à ma tigresse.

- Fauve, je crois que j'ai un problème, enfin je sais pas trop.

Elle se redresse direct dans le canapé où elle était avachie. J'ai éveillé sa curiosité. A ce niveau là on est pareil.

- Vas-y, je suis toutes ouïes.

- C'est super gênant en fait. Elle écarquille les yeux. Quand je suis en présence d'Adam je... comment dire... il me met mal à l'aise. Non pour être clair ce n'est pas vraiment ça. Pff, je sais pas

- Ouais ouais, pour résumer il ne te laisse pas indifférent.

- Hein quoi ? Putain je ne sais pas ce qu'il me fait, dis-je en me passant les mains dans les cheveux. J'ai chaud. Comme c'est le bazar dans mon esprit et même si c'est avec ma meilleure amie, c'est compliqué d'en parler. Laisse tomber c'est complètement insensé.

Elle me sourit mais ne rajoute rien.

Après une bonne nuit de sommeil pour nous trois, nous partons nous balader en fin de matinée. On rigole, on se comporte comme des gosses et c'est un moment insouciant. On rentre avec un sourire franc chacun.
Les autres vont arriver tout à l'heure et là Camille commence à montrer des signes de nervosité. Pour passer le temps et lui changer les idées, on joue au tarot.l
Les potes sont synchro, ils arrivent tous ensemble. Camille ne tergiverse pas et partage son histoire avec eux. Ils sont abasourdis et reprochent également à notre ami de ne pas en avoir parlé plus tôt. Tout le monde l'aurait aidé à traverser cette épreuve. Il est entendu qu'en cas de problème on sera présent pour chacun qu'il ne faut pas que l'on garde notre mal-être pour nous. Si Camille ne se sent pas en sécurité ou bien s'il à peur de se rendre quelque part seul, il ne doit pas hésiter à contacter l'un de nous. C'est l'esprit de la bande et je suis chanceux d'être parmi eux.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant