Chapître 28

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Je sens ses lèvres contre les miennes et des gouttes sur mon visage. ADAM ! je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux. Sa présence m'électrise à chaque fois. Il est venu, il est venu pour moi. Dans ma tête c'est un vrai feu d'artifice. Comment se fait-il qu'il soit ici ? Ce n'est pas possible, les visites sont interdites à cette heure. Je reste les yeux fermés, si c'est un rêve je ne veux pas qu'il se termine.

- Yannis je t'en prie réveille-toi. Je me sens si mal. Tu n'as pas le droit de tout abandonner comme ça, tu ne peux pas me laisser. Tu m'obsèdes jour et nuit. J'ai voulu t'appeler tant de fois, te voir mais tes mots me revenaient avec force et me faisaient l'effet d'un coup de poignard. Je t'ai dit que je te détestais, c'était la colère qui s'exprimait. Ne pas te voir est atroce. Tous ces mois à nous cacher l'un de l'autre...ma vie manque cruellement de saveur sans toi. J'attendais que tu fasses le premier pas vers moi. Faut croire que nos orgueils ont pris le dessus. Tu sais, le soir de notre rencontre, tu as ouvert la porte de l'appart, je ne voyais rien d'autre que tes magnifiques yeux verts. Tu es si beau. J'ai vécu le grand coup de foudre. Puis tu as découvert les traces de coups sur mon corps. Ton regard a changé, plus encore après t'avoir raconté mon histoire. Je pensais y voir de la pitié or Fauve m'a affirmé que je me trompais, au contraire tu étais affecté. Ensuite nous avons appris à nous connaître un peu plus, même si tu restais sur la réserve. Moi j'ai appris à t'apprécier. La nuit que nous avons partagée m'a fait t'aimer encore plus. Le lendemain par contre... Pourquoi depuis tout ce temps tu n'as pas essayé de me voir. Je deviens fou. Est-ce que aujourd'hui tu serais inconscient dans cet hôpital si on s'était avoué nos sentiments ?
Pendant un instant il se tait. Il prend ma main, l'embrasse et y frotte sa joue. Celle-ci est mouillée.
- Après ton départ précipité de l'appartement, Fauve a fait une crise, on ne savait pas quoi faire. Elle hurlait que tu allais la quitter pour toujours. On était tous les trois à essayer de la calmer mais rien n'y faisait. Camille nous alors
appris que t'avais déjà voulu mourir. Putain Yannis ! mourir ! J'ai cru que tout mon univers explosait.
Cette fois-ci, il éclate en sanglots. J'ai les boyaux noués. Il poursuit malgré tout, malgré le désespoir perceptible dans sa voix.
- La fois où tu m'as vu dans le bar c'était avec mon cousin, pas mon mec. Y'a que toi Yannis, tu me hantes. Oui, putain pourtant c'est pas faute d'avoir fait mon possible pour t'oublier, passer à autre chose, je sais que tu as fait n'importe quoi de ton côté aussi. Ça ne fonctionne pas, il faut se rendre à l'évidence toi et moi devons être ensemble. J'ai besoin de toi.
À l'appartement Fauve était toujours mal et l'arrivée d'Hugo, Amandine et toute la bande n'a rien arrangé. Ils nous ont fait part de ta détresse, de ton immense chagrin d'aimer un homme qui lui te déteste. Tu as des amis extraordinaires, aucun d'eux ne te condamne de t'être révélé gay. Ils s'en foutent, seul toi compte, ils te veulent auprès d'eux. Tout le monde est inquiet. Fauve ne pourra pas vivre sans toi et moi je ne me pardonnerais jamais si tu nous quittais.
Durant tout son monologue, Adam n'a cessé de me toucher ; une main dans mes cheveux, des baisers sur le front, les paupières. Mon visage est inondé de ses larmes. Il les essuie délicatement et m'embrasse. J'entends la porte s'ouvrir et se refermer. Il est parti. Je n'ai pas eu la force d'ouvrir les yeux.

J'ai dormi toute la nuit. Dès que les infirmiers et aides-soignants viennent dans ma chambre j'ouvre les yeux. Ils me demandent comment je me sens ? Je ne sais pas vraiment. Le médecin va passer me voir dans la matinée m'informent-ils.
Le temps semble très long lorsqu'on attend. Est-ce que mes parents ont été prévenus de mon réveil ? J'angoisse de devoir me confronter à eux. Ils auront beau dire qu'ils ne m'en veulent pas, ils le feront inconsciemment. Ils culpabiliseront de n'avoir pas réussi à empêcher mon geste. Ils n'écouteront pas mes explications sur le fait que je suis seul responsable. Ils me reprocheront de ne pas mettre montré suffisamment fort.
Le médecin entre. Il se présente, c'est le même qui s'est entretenu avec mes parents hier. Il souhaite entamer un dialogue entre nous deux. Il va droit au but, d'emblée il me demande comment j'en suis arrivé à vouloir attenter à mes jours la première et la seconde fois. Je veux arrêter de souffrir et seule cette solution s'est imposée à moi, lui répondis-je. Il voudrait savoir ce qui me traversait l'esprit au moment de mes passages à l'acte. C'est compliqué de se livrer à quelqu'un, surtout quand c'est la pagaille dans ta tête. Il reviendra me voir tous les jours jusqu'à ma sortie. J'ai eu vraiment beaucoup de chance pour cette fois m'a-t-il dit. Mon hospitalisation risque d'être bien plus longue que la dernière fois. Fais chier, et le boulot, faut que je prévienne.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant