Chapître 24

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On m'a donné un arrêt de travail à l'hôpital mais il n'est pas question que je reste à ne rien faire sinon je vais péter un plomb. Le temps que je passerai au boulot m'empêchera de tourner toutes les pensées négatives dans ma tête. Ma garde de 48h démarre ce soir. Papa et maman sont repartis hier matin. Maman voulait que je lui fasse une promesse. Je n'ai pas voulu lui mentir alors je n'ai rien dit et ses larmes ont recommencé à couler. Je me sens minable.

Cependant je suis content de retrouver Abel, Justin et Stan au taf. Ils sont vraiment très sympas et pourraient tout à fait se joindre à notre bande de potes. Ils ont tout le temps des histoires cocasses à raconter, ils vont me divertir pendant nos temps de pauses entre deux inter. Évidemment personne au boulot n'est informé de ce que j'ai fait, ce ne serait pas bien perçu, surtout pour quelqu'un sensé sauver les autres.
Pendant toute la garde on n'a pas chômé, on a très peu dormi. Dès qu'on rentrait à la caserne on était rappelé dans le quart d'heure. C'est épuisant mais mon cerveau était en pilotage automatique et c'est mieux comme ça.

J'ai un jour de repos et je compte bien le mettre à profit pour me reposer, je suis claqué. Ce qui m'énerve c'est que je vais être surveillé comme du lait sur le feu. Il est 8h du matin quand je rentre, Fauve n'est pas encore partie en cours.

- Salut ma tigresse, tu vas être en retard à la fac. Tu veux que je t'accompagne ?

- je sèche aujourd'hui, j'ai des choses plus importantes à faire.

- quoi ? Tu sèches ? Je ne sais pas ce que tu dois faire mais c'est sûrement important !

- Ouais t'as raison, c'est primordial. Je dois m'occuper de toi, bordel ! Tu crois que je vais te laisser seul ? Même pas en rêve !

- Tu plaisantes là, rassure-moi, parce que tu ne m'amuses pas ! Tu ne vas pas louper des cours juste pour être sûre que je ne fasse pas une connerie.

- Non, pas JUSTE, mais pour en être CER.TAI.NE !

- Ben putain t'as pas fini d'en louper des journées de cours ! Je suis en colère. Avec mes horaires,  je peux avoir plusieurs jours de repos de rang. Tu comptes rester là dès que je ne travaille pas ? Il te reste encore presque six moi de ton année d'études et tu penses que tu vas la valider ? Parce que si tu veux me marquer à la culotte comme tu le laisses entendre, dis-toi bien que cette année de fac ne t'aura servi à rien.

- Si, A TE SAUVER !

- ...  
évidemment je ne trouve rien à dire. Elle a toujours le mot de la fin.

Je vais me coucher. Fauve s'installe à côté de moi. On se fait face et vu sa tête, je lui demande depuis combien de temps elle n'a pas dormi. Elle ne trouve rien de mieux à répondre que c'est depuis qu'un connard lui a bouffé tous ses cachetons. On se sourit tous les deux mais notre sourire n'est que de façade, il n'atteint pas nos yeux.
Il faut que je dorme si je veux tenir le coup au taf. Demain je commence à 14h pour une garde de 72h.

- je t'aime.

- Moi aussi ma tigresse je t'aime

- pas assez Yannis, pas assez.

Je me tourne. Je l'entends renifler, elle doit pleurer.
- Je n'ai jamais voulu te faire de mal. Tu comptes trop pour moi. Tu fais parti de mon monde, sauf que pour le moment il est tellement sombre que je ne te vois pas. J'ai trop de noir dans la tête. Je n'arrive pas à m'envisager d'avenir. Malgré l'arrêt de mes études, mon boulot... en fait je pensais que j'irais mieux

- Tu sais quoi ? Ni toi ni moi ne savons ce qui nous lie. C'est fusionnel entre nous et quand tu es dans les ténèbres j'y suis aussi. Quand tu vas bien moi aussi. Tu as été là tout le temps pour moi, même et surtout dans les moments les plus dramatiques de ma vie. Tu as tout fait pour que je vienne habiter chez tes parents parce que tu voulais prendre soin de moi, me protéger. Aujourd'hui c'est à mon tour.

Je me tourne à nouveau pour lui faire face
- Fauve, s'il te plaît... ne perds pas ton temps. Ça fait des mois et des mois que je ne vais pas bien. Chaque jour est pire que celui d'avant. Je fais tout mon possible pour éviter de penser. Ma tête est encombrée de toutes sortes d'idées à la con et mon cœur est vide. Je ne mérite pas que tu m'aimes, je ne mérite pas ton soutien. Je gâche toujours tout au final.

- Mon petit ange. Elle essuie mes larmes de ses pouces. Je ne m'étais pas aperçu que je pleurais. Nous nous étreignons, chacun pleurant sur l'épaule de l'autre.

Le sommeil nous a rattrapé, mais pour moi il n'a rien de réparateur. J'ai beau côtoyer la misère, des situations douloureuses, tragiques. Je vois des gens qui peuvent tout perdre le temps d'un claquement de doigts. Je vois tout ça, c'est devenu mon quotidien mais pour autant je ne parviens pas à me sentir mieux dans ma vie. Je ne manque de rien j'ai des d'amis, j'ai encore toute ma famille, je gagne ma vie. En fin de compte j'ai bien plus que ce que certains ne peuvent même rêver. Pourtant je me sens vide. Je ne vois rien qui me permettrait d'aller de l'avant. Je me laisse porter c'est tout. Je n'ai pas envie de cette vie.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant