Chapître 26

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Lorsque j'arrive je dois être blême, Hugo me dit de m'assoir tout de suite. Amandine est là et tous les deux savent que si je suis ici dans cet état c'est qu'il se passe quelque chose à l'appart.

- Yannis, si tu souhaites te confier tu peux. Tu nous a fait très peur dernièrement et te voir bouleversé comme maintenant nous inquiète. Nous sommes tes amis, me dit Amandine de sa douce voix.

Je balance tout d'un bloc
- Je suis amoureux de quelqu'un qui me déteste... c'est d'un mec ! Je me découvre à vingt-deux ans homo et comme un con je n'ai pas géré. Je l'ai traité de façon ignoble sur son orientation sexuelle. Je voulais qu'il se casse, qu'il me laisse... je ne voulais pas... être homo... ça ne me dégoûte pas chez les autres mais pour....  je ne suis qu'un imbécile.

Le dire à d'autres personnes que Fauve me libère d'un poids mais n'améliore en rien la situation. Je suis malheureux et me fous dans des états pitoyables.
Ils ne parlent plus. Je crois que je les ai scotchés ou déçus je ne saurai le dire.

- Je crois que je n'aurais pas dû venir, leur dis-je.

- Mais bien-sur que si, nous sommes simplement surpris. Mets toi deux secondes à notre place. On t'as toujours vu avec Morgane et depuis que vous êtes séparés ce n'est pas comme si tu étais resté inactif et c'était toujours avec des nanas. Me dit Hugo

- Justement je ne suis pas à votre place, je suis acteur de cette vie merdique. Tous les jours je suis en souffrance. Tous les jours je pense à lui. Tous les jours je voudrais partir pour ne plus avoir mal. Je veux disparaître simplement disparaître.

Bon cette fois-ci je ne les ai pas scotchés, c'est bien pire que ça. Mais j'ai rien calculé, c'est sorti tout seul. Je n'ai pas dit à Fauve que je ne n'allais pas mieux, que mes pensées suicidaires ne me quittent pas, elle serait dévastée.

Amandine part aux toilettes, Hugo prend son portable et va dans sa chambre. Il doit rameuter la bande quand je ferme la porte d'entrée et fuis une nouvelle fois.
Je ne sais pas où aller, où me réfugier. J'atterris à la caserne sans l'avoir décidé. Ma fuite m'a mené jusqu'ici. J'envoie un sms à Fauve et lui dis de ne pas s'inquiéter puis j'éteins mon portable. Les chambres sont un peu toutes prises par les gars de garde. J'en trouve une de libre et m'affale sur un lit. Il y en a quatre par chambres, plus qu'à espérer que personne ne débarque.
J'ai bien conscience que je suis au fond du trou, il ne reste plus qu'à m'en sortir. La question est que dois-je faire pour me sentir mieux. Ces idées tournent encore et encore dans mon esprit et il arrive ce qu'il se produit tout le temps, je brûle. J'étouffe mes cris dans l'oreiller.
Et je pense et repense tout le temps aux mêmes choses. J'étais persuadé que trouver la voie professionnelle qui me correspond m'aiderait. Je crois que c'est plus ou moins le cas enfin je ne sais pas plus. Mon âme ne va pas mieux elle. Je me sens si fatigué et ce n'est pas physiquement. Quand c'est juste le physique il suffit de se mettre au vert un petit moment. Je suis mélancolique, j'ai besoin que l'on prenne soin de moi. Terrible désillusion de ma vie d'adulte. Quand on est enfant nos parents nous donnent tout leur amour, nous prennent dans leurs bras, nous câlinent mais aujourd'hui personne ne me donne ça. On m'a toujours dit que j'étais trop sensible, pas assez dur, trop faible et pas assez ci et trop ça. Est ce qu'on peut remédier à tout ça ? Est-ce que l'on peut aller à l'encontre de ce que l'on est ? Moi je n'y parviens pas. Oui je suis conscient d'être tellement faible que je ne peux pas lutter contre mon chagrin, contre mon feu intérieur. Je ne suis pas de taille à combattre ce que mon cerveau me fait endurer.

Au terme de mes trois jours de garde j'ai demandé quelques jours de congés. Avec mon roulement, toutes mes heures cumulées on m'accorde trois semaines. Je n'en aurai pas besoin mais je ne vais pas le leur dire.
Sur les coups de 13h je suis à l'appartement et je fouille, je sais qu'elle en a, elle les a cachés c'est tout. Ce qu'elle a oublié c'est que je la connais par cœur. Bingo !

J'allume mon portable, il menace d'exploser avec tous les appels en absence, les sms, les messages vocaux. Je ne me préoccupe pas de les lire. J'envoie un sms à Jehann pour lui demander de bien s'occuper de Fauve pendant mon absence.

Je fais mon sac et prends le train direction le Finistère. J'ai prévenu mes parents que venais me reposer chez eux et j'ai coupé à nouveau mon portable. Je n'en aurai pas besoin. Mes deux parents m'accueillent sur le quai de la gare, j'en ai les larmes aux yeux parce que c'est bien la première fois qu'ils viennent tous les deux me chercher.

Je passe l'après-midi à discuter avec eux de rien de sérieux. Ils ne reviennent pas sur l'épisode qui les a amené à Paris dernièrement. On dîne tranquillement et je prétexte la fatigue du boulot pour aller me coucher de bonne heure. Je monte dans ma chambre avec une bouteille. Pendant le trajet, j'ai écrit dans le train. Je dépose le tout sur mon chevet.

J'avale tout, il y en a plus que l'autre fois. Je ne serai plus RIEN cette nuit. Je devrais avoir des remords pour ceux que je quitte mais non. J'ai toujours fui et cette fois-ci ce sera une fuite sans retour. Je n'ai pas réussi à éteindre mon feu et à chaque fois qu'il se rallume il me détruit toujours plus. Je ne vois pas d'autre alternative pour tout éteindre. Je le sais, je suis un lâche mais ça n'a plus d'importance.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant