Chapître 15

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Lorsque je me réveille, je me sens vide. Je suis complètement paumé. Ma vie est un vrai bordel.

Morgane avec mon frère ! Putain j'le crois pas. Quelles enflures. J'ai encore l'image de leur partie de jambes en l'air dans la tête. Le plus étonnant dans l'histoire ce n'est pas ma séparation d'avec Morgane qui m'affecte, ce sont les mots d'Arnaud qui me blessent terriblement. Morgane, sa trahison me dégoute c'est clair. J'ai un goût amer, rien de plus. Nous deux c'était sans doute fini dès notre retour à la vie étudiante. Comme d'habitude j'ai préféré faire l'autruche.

Je ne saisis pas la haine que me voue mon frère. Plus petit j'aurai tout fait pour être proche de lui. Mais il m'a toujours rejeté. Il disait me détester, que j'étais un loser. Aujourd'hui je suis devenu bien pire que ça à ses yeux. Je suis devenu un RIEN. Le rejet suprême et ça me fait mal. J'aurai du m'y faire depuis le temps, mais non. Il me détruit et je le laisse faire. Je suis faible. Il sait l'impact de ses paroles sur moi et il en joue. Il couche avec Morgane et je suis sûr que c'est uniquement pour m'atteindre, me faire mal. Maintenant que j'ai découvert le pot aux roses, je parierais que dès que j'ai quitté l'appartement, il s'est barré en la remerciant pour bons et loyaux services. Si c'est vraiment le cas, elle n'a pas du comprendre ce qu'il lui arrivait. Il s'est servi d'elle, j'en suis persuadé. Il a tout le temps fonctionné de cette façon. Je ne sais pas ce qui ne tourne pas rond chez lui, c'est une mauvaise personne mais ça reste mon frère.

Je vais jusque dans la cuisine, Fauve Jehann et Adam sont là. Fauve me saute dans les bras et je respire son odeur. Je crois que c'est la seule personne avec mes parents qui ne me fera jamais de mal. Dans des moments comme celui que je traverse, elle est toujours là. Pendant notre étreinte, je ne peux détourner mon attention d'Adam. J'éprouve des choses étranges quand il est présent et cela depuis le premier jour. J'ai voulu faire abstraction de ces sensations mais avec ce qu'il a fait pour moi cette après midi, ça me saute à la figure. Malgré tout je ne veux pas réfléchir à ce que ça signifie réellement, je sens que ça me compliquerait encore un peu plus l'existence.

Fauve et Jehann préparent à manger. Pendant ce temps Adam m'explique pourquoi il était à l'appartement quand je suis rentré. Il reste ici quelques jours. Avant j'aurais été énervé mais plus maintenant, comme si cette après midi avait tout changé. J'en viens à apprécier sa présence. Dans ma tête il y a le mot DANGER en lettres capitales qui clignote.
Jehann fait son rapport ... il a bien pris soin de ma tigresse. Elle se marre à l'entendre dire ça. Je suis persuadé qu'il a un faible pour Fauve, en tout cas en ce qui la concerne je sais qu'elle le trouve très attirant mais s'il essaie de tenter sa chance, elle fera tout pour le faire fuir. Elle ne parvient pas à se défaire de son passé, il la bouffe, l'obsède et elle ne se laisse pas aller. Je veux l'aider seulement je suis faible. Mes parents diraient que non, plutôt que suis fragile, hypersensible et toute sorte de qualificatifs de même acabit. Oui, je suis tout cela à la fois et c'est justement ça qui me rend faible.

On s'installe à table et Fauve me dit qu'elle a parlé à ma mère et qu'elle sait tout. Elle n'en dit pas davantage et je lui en suis reconnaissant alors j'en dis le moins possible aux gars. Pas la peine de me mettre complètement minable à leurs yeux.
Tous faisons en sorte de parler de tout et de rien. Je décroche complètement de la conversation et pose mon regard sur Adam. Je suis subjugué, ses cheveux bruns bouclés plus ou moins longs, ses beaux yeux bruns, sa barbe de trois jours, j'aime ce que je vois. Et je rejette tout ! C'est trop effrayant toutes ces pensées à la con.

Après le dîner, une fois Jehann parti, je vais prendre ma douche et pars me coucher. Fauve vient s'installer tout près de moi. Elle se dit sincèrement désolée pour moi, malgré tout elle n'est pas  mécontente que je sois débarrassé de Morgane. Elle m'avoue qu'elle l'a toujours pensée arriviste et force est de constater que ce doit être effectivement la raison de sa traîtrise. Mon changement de projet professionnel a été un déclencheur, si j'ai bien compris elle souhaite être bien établie socialement. Elle a probablement songé que l'autre frère ferait l'affaire. Parce que je ne doute pas un instant qu'il sera un très bon avocat, il n'aura aucun état d'âme. Défendre la veuve et l'orphelin très peu pour lui. Non, c'est écrit, ses clients seront véreux et prêts à dépenser un max de thunes pour s'en sortir coûte que coûte.

Je lui raconte de quelle manière il m'a une nouvelle fois humilié, mis plus bas que terre. Qu'être RIEN c'est pire qu'être invisible. Rien c'est ne pas exister. Si on n'existe pas on ne peut pas être aimé, n'est-ce pas ? Alors que j'ai besoin d'aimer et d'être aimé. J'ai besoin que l'on s'occupe de moi, pas pour prendre des décisions ou des trucs de ce genre, non. Je veux me sentir important aux yeux de quelqu'un. Je veux être Essentiel et trouver mon Essentiel. Oui je sais, je suis pathétique. Faible. Une fois de plus je ne peux retenir mes larmes.
Fauve s'énerve, me dit que je ne dois pas tenir compte des propos d'Arnaud qui n'ont pour but que de me rabaisser et qu'il ne faut pas le laisser m'écraser. Elle m'affirme qu'il y a du monde à m'aimer contrairement à ce que je m'imagine. Elle m'aime, mes parents m'aiment, ma petite sœur m'aime, la bande m'aime. Je lui rétorque que je cherche plus, je cherche l'amour avec un grand A, que personne ne peut s'enticher d'un homme aussi faible que moi.
Elle m'assène un coup de poing dans le bras et me fait une bise sur la joue qui sonne la fin de la discussion pour aujourd'hui. Elle reste dormir avec moi.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant