Chapître 38

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Je me prépare mais plutôt que d'aller tout de suite à la fac je passe à l'éden voir Jehann. Ce n'est pas mon jour de chance, il est en récup aujourd'hui. Je sais où il habite mais on n'y est jamais allé. Tant pis s'il n'est pas ravi de me voir débarquer chez lui.
Je toque une seule fois que la porte s'ouvre. Il ne peut pas masquer sa surprise à ma présence devant sa porte. Il passe une main dans ses cheveux, signe qu'il est nerveux.

- Salut, je te dérange ?

- euh, non non, rentre.

Ce n'est pas un appartement, c'est une grande chambre insalubre. Je suis sur le cul. Je me tourne pour lui faire face mais il évite mon regard.

- qu'est ce qu'ils ont tes pieds pour paraître si intéressants d'un coup ? Pourquoi t'oses pas me regarder ? Tu vas me dire ce que c'est que ce bordel ?

- je...

- Tu bosses sans arrêt, tu ne prends pour ainsi dire pas de vacances et tu crèches là dedans !! C'est quoi l'embrouille ?

- ... Non mais t'inquiètes ça va, j'y vis bien. Tu venais pour quoi ?

- prépare tes affaires, t'as pas de préavis à donner j'imagine ? Pas pour un endroit pareil.

- je n'ai nulle part où aller Yannis. Je n'ai pas le choix. Je ne peux pas me permettre de payer un loyer plus cher.

- je t'ai dit de préparer tes affaires, tu ne passeras pas une nuit de plus dans ce taudis. Tu as sûrement de la chance de rester en bonne santé, tes murs sont tellement humides que tout s'effrite. Putain pourquoi tu ne nous as rien dit ?

Il n'a même pas discuté, je m'attendais à devoir batailler pour le persuader de venir mais non. Je le sens soulagé. J'envoie un petit message à Camille pour lui faire un rapide topo. La quatrième chambre de son appartement va servir. Je sais qu'il n'y verra aucun inconvénient. Quand je lui raconterai de vive voix, il ne va pas en revenir. Il répond aussitôt à mon sms et me confirme que Jehann est bienvenu chez nous.

On apporte ses affaires à l'appart. On fera un deuxième et dernier tour en début d'après-midi. Il n'a pas grand-chose à lui. Tout un début de vie vont tenir dans quatre cartons... Je nous prépare à manger tandis qu'il prend possession de sa nouvelle chambre. À elle seule, elle est plus grande que son « appartement ». Ça fait chier parce que je ne suis toujours pas allé parler à Fauve. Mais je ne peux décemment pas laisser Jehann vivre dans de telles conditions. Je n'en reviens toujours pas.
Je l'appelle pour manger.

- Tu veux bien m'expliquer ?

- je ne sais pas quoi dire. Y a pas d'explication

- Ok, dis-moi où passe ton fric alors ? Tu ne trempes pas dans des magouilles ? Pas toi !

- Non j'te promets que non. Ça n'a absolument rien à voir. Mais est-ce qu'on pourrait parler de ça plus tard ?

- ça dépend de ce que tu appelles plus tard.

- je ne sais pas, quand je serai prêt. Toi non plus tu ne dis pas tout. Ton besoin de protéger Fauve par exemple, personne ne sait pourquoi.

Je prends une profonde inspiration
- Ouais, t'as gagné. C'est d'ailleurs à ce propos que je suis venu jusque chez toi.

- ah, je vais enfin découvrir

- rien du tout ! Non, je veux juste savoir si tu veux me relayer pendant que je suis au boulot. Je comprendrai que tu dises non. Ça n'a rien à voir avec la première fois où c'était histoire de quelques jours. Ce que je te demande là, c'est pour au moins le restant de son année universitaire.

- et après ça tu me reproches mes petits secrets. Le vôtre doit être énorme.

- Jehann, je suis très sérieux là. Tu peux faire ça pour moi ou non ?

- putain t'es chiant je t'ai déjà dit que c'était pas la peine de demander. C'est évident que je vais le faire mais j'aimerais savoir contre quoi je dois la protéger.

- contre le pire des salauds mais elle m'interdit d'en parler.

- c'est donc si grave



Après avoir fait un nouvel aller-retour pour récupérer le restant des affaires de Jehann, je pars retrouver Fauve. Je suis remonté contre elle. Elle ne peut pas vivre cette nouvelle seule. J'imagine qu'elle est tout le temps sur ses gardes, qu'elle vit dans l'angoisse.

Son premier cours de l'après-midi ayant débuté, j'attends devant les portes de l'amphi. Ma patience est mise à mal et quand les portes s'ouvrent enfin, je lui saute dessus, la prends par la main et on dégage.

- Mais Yannis, qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai encore des cours. Tu me fais peur là.

- tu n'aurais pas oublié de me donner une info capitale par hasard ? Évidemment elle tilte tout de suite

- Comment tu as su ? me demande-t-elle, les larmes lui montent instantanément aux yeux.

Je l'entraine dans le parc qui se situe à proximité de la fac. On s'assoie sur un banc, je me tourne vers elle.
- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé Fauve ? Ne me fais pas croire que tu restes sereine face à cette nouvelle, que tu n'es pas morte de trouille ?

- Je n'ai rien voulu te dire, tu étais tellement mal ces derniers temps. Tu n'aurais pas pu encaisser d'apprendre qu'il est sorti. Oui je suis effrayée à l'idée qu'il puisse me retrouver, je...

Ma tigresse éclate en sanglots et je ne sais pas comment je peux la rassurer. Il y a bien une menace, comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

- il a une mesure de restriction, il ne peut pas t'approcher

- fais au moins semblant d'être convaincu en le disant. Au tribunal il a promis de me rechercher, on le connait suffisamment pour savoir qu'il fera tout pour me reprendre quitte à retourner en prison. Il est fou.

- J'ai peur pour toi ma tigresse. Viens on rentre, il faut mettre une stratégie en place.

Quand on rentre à l'appart et qu'elle voit Jehann, elle le prend dans ses bras. J'hallucine !! Elle fait des progrès, y a qu'à Camille qu'elle le fait habituellement et ça seulement depuis cette année et puis à moi bien sûr. J'ai vraiment fait le bon choix en demandant au rebelle de prendre soin d'elle. Il ne peut y avoir meilleure personne pour elle.

Il lui apprend que dorénavant il partage la coloc avec nous. Il ne rentre pas dans les détails pour expliquer les raisons de ce soudain emménagement chez nous. J'ai dit à Fauve qu'il serait là pour elle pendant mes jours de gardes, elle doit s'imaginer que c'est plus simple de vivre sous le même toit. Elle s'inquiète juste du préavis, il est censé payer un loyer durant deux mois. Il la rassure, il s'est arrangé avec le proprio. De toute manière s'il y avait un problème il aurait porté plainte contre ce marchand de sommeil. Ça a calmé le mec direct. Parfois faut pas y aller avec des pincettes.

Quand on s'isole tous les deux, elle me confie s'être achetée une bombe lacrymo et un coup de poing américain. Si elle se fait chopper avec ce dernier elle risque des ennuis avec les flics mais je ne peux qu'approuver. Je l'implore de ne jamais rester seule, quand elle est à la fac. Je vais jusqu'à lui dire de demander à Capucine ou Laura de l'accompagner aux toilettes, on n'est jamais trop prudent. Elle lève les yeux au ciel. Ouais c'est vrai c'est excessif mais je préfère parer à toutes éventualités et pas la peine qu'elle tente de faire la brave.
Dans moins de quatre mois les vacances arrivent, elle pourra aller chez mes parents. Elle sera bien avec eux. Je la rejoindrai quand je serai moi-même en congés.

Bon je pense que tout est calé. Je serai moins angoissé ce soir en partant au taf. Je lui fais de gros câlins avant de partir et m'empresse d'aller rejoindre Adam. Je ne le verrai pas pendant trois jours. Il va me manquer. Il me manque dès que nous sommes séparés d'ailleurs. Ce que je peux être mièvre !!

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant