Chapître 33

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Nous sommes rentrés depuis plus d'un quart d'heure et nous n'avons toujours pas échangé la moindre parole. Notre silence n'est pas pesant pour autant. Son regard posé sur moi est doux. Mes yeux se remplissent de larmes. Une fois n'est pas coutume... il se lève, prend mon visage en coupe dans ses mains et me dit que dorénavant tout ira bien. Ses lèvres se rapprochent des miennes quand la porte d'entrée s'ouvre sur Fauve, Camille et Vincent. Merde !
La surprise s'affiche sur leur visage où très vite un grand sourire apparaît. Les mains d'Adam sont toujours posées sur mon visage, bien entendu on ne pouvait faire plus clair.

- Hou ! Je suis trop contente ! Nous dit ma tigresse en venant me prendre dans ses bras. J'en profite pour la serrer très fort des miens et lui donner un baiser sur le bout du nez.

On s'assoie tous autour de la table de cuisine. Mon beau bouclé et moi sommes assis l'un à côté de l'autre et nos mains se joignent tout naturellement. Malgré mon début d'après-midi éprouvant, je me sens léger, insouciant, sentiments qui m'avaient quittés depuis longtemps.

Pourtant, je sais pertinemment que nous devons discuter tous les deux, mettre les choses à plat si nous devons vivre une histoire, la notre. Je lui propose de venir dans ma chambre afin de nous isoler. A peine la porte de celle-ci refermée qu'il me pousse contre elle et pose ses lèvres sur les miennes. Son baiser est doux, délicat et je finis par y prendre pleinement part. C'est à regret que je l'interromps. Je ne veux pas faire l'impasse sur ce que j'ai besoin de lui dire. Je dois de me libérer de toutes les pensées contradictoires que j'ai pu éprouver le concernant.

- Adam, je voudrais que tu m'écoutes. -Son regard se fait aussitôt plus sombre- Je me rapproche de la fenêtre, me tourne ver l'extérieur et mon regard part dans le vague. Je lui fait dos, quel manque de courage. J'ai trop peur de ce que je pourrais lire sur son visage. Il se passe quelques minutes avant que je reprenne la parole. Pendant ce temps, il s'est assis sur le sol, son dos s'appuie contre mon lit.
- Ce qu'il s'est passé entre nous il y a quelques mois m'a complètement déstabilisé. Quand je t'ai vu la toute première fois, tu m'as intrigué, vraiment. J'avais des sentiments bizarres à ton égard. Au fil du temps, à force de te voir, de te connaître quelque chose en moi s'éveillait. Je me suis toujours pensé hétéro. Jamais je n'ai eu d'idées d'ordre homosexuelles envers un mec. Dès que je pensais à toi, je refusais en bloc tout ce que je ressentais. Je n'acceptais pas de pouvoir être attiré par une personne du même sexe que moi. Dans mon esprit c'était juste inconcevable. J'avais des envies tellement contradictoires te concernant. Je voulais te voir et en même temps t'éviter. Je ne savais plus ce que je souhaitais, ou plutôt si, mais se l'avouer était une étape pour moi infranchissable à ce moment là. Puis, il y a eu ce rapprochement. Putain oui j'en mourrais d'envie ! J'étais si bien dans tes bras, si paisible. Sauf que ça m'a fait un choc, psychologiquement je n'étais pas prêt. Les mots que j'ai prononcés ce fameux matin -je me retourne pour lui faire face- si tu savais, dès qu'ils sont sortis de ma bouche je les ai regretté. Je suis désolé de t'avoir insulté, si désolé, tu ne peux pas t'imaginer. Je t'ai humilié et je ne peux malheureusement pas revenir là-dessus.

- Yannis, j'ai dépassé tout ça. J'ai compris pourquoi tu t'étais comporté de cette façon.

- S'il te plaît, laisse-moi terminer. J'étais mal de ne plus te voir mais comme tu m'as dit que tu ne voulais plus jamais être en contact avec moi, je n'ai rien fait pour changer la donne. J'ai souffert parce que je voyais moins mes amis mais surtout parce que tu m'obsédais jour et nuit. J'ai cumulé des gardes au boulot espérant m'épuiser suffisamment pour ne plus penser. Je ne me suis pas non plus gêné pour coucher à droite à gauche, avec des filles évidemment. Pour tout de dire c'était du sexe et rien d'autre. Mais jamais tu n'es sorti de ma tête. Quand j'étais avec Morgane, j'aurais tout fait pour que ça dure entre nous. J'ai compris plus tard que c'est uniquement parce que j'ai besoin de stabilité dans ma vie, dans une relation. Comme tu auras pu t'en rendre compte, je suis quelqu'un de fragile, j'aime qu'on me prenne dans les bras, j'aime qu'on me rassure, j'aime me sentir protéger, j'ai besoin d'amour. Alors probablement que là je vais t'en demander beaucoup, trop peut-être. Si aujourd'hui je me sens capable d'accepter une liaison homosexuelle c'est parce que suis amoureux de toi. Mais je ne pourrai pas supporter d'être avec toi juste pour une aventure éphémère. J'en veux beaucoup plus. Prends le temps de réfléchir, de savoir ce que tu souhaites de ton côté. Même si ce n'est pas la réponse que j'espère je ne t'en voudrais pas, je veux que tu sois honnête envers toi-même et envers moi. Si tu choisis ce que je redoute, nous ne nous verrons plus. Je ne le supporterai pas.
Je termine ce long monologue les larmes aux yeux, appréhendant déjà la suite.

- Ok. Il se lève et sort de ma chambre.

Waouh, je ne m'attendais pas vraiment à cette réaction. Putain, qu'est-ce que je dois penser de tout ça ?
Je me laisse tomber sur le lit quand Fauve arrive. Nous nous retrouvons enserrés dans les bras l'un de l'autre, allongés sur le lit. Je lui raconte ma rencontre avec Arnaud. Elle est sur le cul, y'a pas trente-six manières de le dire. On en vient à rigoler quand je lui dis qu'il m'a donné rdv affirmant qu'il ne me voulait rien de mal. On n'ose pas s'imaginer ce que ça aurait été dans le cas contraire. Cette fois-ci, je suis catégorique, je ne veux plus avoir à faire avec lui.

Quand nous sortons enfin de la chambre, Jehann s'est joint aux autres. Il nous jette un regard noir que je ne comprends pas du tout. Je le remercie tout de même de son intervention cette après-midi. Il repart aussitôt en me disant simplement qu'il était passé voir comment j'allais et qu'il était rassuré du fait que ma tigresse prenne soin de moi.

Nous sommes tous les cinq et personne ne veut faire à manger. On commande des pizzas et regardons un film ensemble. Je sens le regard d'Adam posé sur moi. J'imagine que le processus de réflexion est en route.
A la fin du premier film je vais me coucher, les autres ayant décidé d'en visionner un de plus. Demain j'ai une rude journée qui m'attend...je vais voir le psychiatre et dans une petite semaine retour au taf, enfin si le médecin est donné son aval.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant