Chapître 8

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On mange sur le pouce et on le suit vers le métro. Il nous rapproche des facs. On veut mettre les choses au clair tout de suite mais il insiste, il a un logement à nous montrer.
Nous sommes à deux rues du bar d'hier. Le quartier est chic, bien trop pour notre petit budget. On s'arrête devant un immeuble haussmannien. Il se moque de nous ou quoi ? Le loyer d'un mois doit représenter celui de deux ans des logements que l'on peut se permettre. Il nous pousse à entrer dans le hall. On monte au deuxième par les escaliers malgré que les étages soient desservis par ascenseur. Il ouvre le seul appartement du palier avec des clés qui sortent tout droit de la poche de son blouson.
Waouh. C'est le seul mot qui me vient à l'esprit. Mais qu'est ce qu'on fait ici ?

- Tirez votre veste et allez vous installer dans le canapé. J'vais chercher à boire. nous dit-il.

Fauve et moi restons plantés à l'entrée.
- Camille ? On l'appelle tous les deux parce qu'il a disparu de notre champ de vision. C'est quoi ta blague ?

- Venez vous installer sur le canapé, je vais vous expliquer

Dans quoi il nous a embarqués ? Il nous conduit jusqu'au salon, lumineux comme en rêve Fauve. On n'ose pas s'asseoir. Camille revient avec des boissons.

- Mais ne restez pas plantés là, asseyez vous.

On s'installe et il nous déclare d'un coup,

- Je vous souhaite la bienvenue chez moi.

Je crois que mes yeux sont sortis de leur orbite. Fauve s'est étranglée avec sa première gorgée de coca. C'est pour une caméra cachée ?
Il éclate de rire devant nos mines stupéfaites. En fait, l'appartement est à ses parents. Ceux-ci vont partir vivre en Angleterre. Camille ne souhaite pas les suivre donc ils lui laissent l'appart. Il a demandé à ses parents s'il pouvait loger des étudiants étant donné qu'il y a quatre chambres. Voilà pourquoi nous sommes ici.

- Mais pourquoi tu nous as rien dit ? Et puis t'es venu visiter des logements avec nous. Tu t'es bien moqué de nous ! balance Fauve.

- Ce n'est pas par raillerie que je l'ai fait, ça m'a plutôt permis de vous cerner un peu plus. Et si je vous avais dit ça tout de suite, vous ne seriez jamais venus jusqu'ici.

C'est vrai qu'il n'a pas complètement tort.

- Fauve et moi avons toujours un problème. Nous ne pouvons pas nous permettre ce genre de location. Mes parents ne pourront jamais financer et même si je trouve un petit boulot ce ne sera toujours pas suffisant. Dis-je.

- Arrêtez de vous faire des nœuds au cerveau. On va régler facilement ce souci.

On hoche la tête tous les deux en même temps.

- Bon je vais être franc. Autant jouer cartes sur table, mes parents sont pétés de thunes, moi aussi. Si je recherche des locataires ce n'est pas pour me faire de l'argent, c'est parce que j'ai dix-huit ans et aucune envie de vivre seul. Vous avez vu comment c'est grand ? Ce serait stupide de ne pas en faire profiter quelqu'un. Et vous êtes mes nouveaux colocs si vous le souhaitez ! Par contre il y a des petites conditions. Le montant des courses est divisé par trois et surtout je ne fais pas la cuisine. Je déteste ça. Et puis le ménage non plus. Enfin faut pas vous inquiéter, ce sera juste le minimum à faire parce qu'une femme de ménage intervient tous les lundis. Le truc qui me tient à cœur et pour lequel je resterai intransigeant c'est que je veux que vous soyez ouverts d'esprit. Ici ni propos racistes, ni sexistes, ni homophobes etc... si vous êtes l'un des trois vous pouvez sortir d'ici tout de suite. Est-ce que ces conditions vous conviennent ?

Je suis sur le cul. Il ne peut pas nous proposer ça à nous quand même ! C'est trop beau pour le croire. Je suis tellement perdu dans mes pensées que je ne réponds pas tout de suite. Fauve est ailleurs elle aussi.

- Ce sont tes seules conditions ? C'est quoi le piège ? Tu vas nous héberger gratos ? Que vont dire tes parents ?

Il m'arrête d'un geste

- Yannis calme toi. Tout va bien je t'assure, dit-il avec un grand sourire. Y a pas de pièges et mes parents seront ravis de me savoir entouré. Ils seront là la semaine prochaine, vous viendrez les rencontrer et ils pourront se faire une opinion. Si vous parents peuvent venir également ce serait un plus. Après le bac, je pars jusqu'à mi-août, vous pourrez emménager dès mon retour si vous le voulez.

J'en connais une qui a complètement buguée. Elle n'arrive plus à parler et ne fait que remuer la tête pour dire oui ou non. J'en souris, c'est tellement rare de la faire taire.
J'ose demander pourquoi nous ? Sa réponse est aussi surprenante que le reste.

- Parce que vous étiez là au bon endroit au bon moment» nous dit-il dans un éclat de rire. En fait, vous me paraissez sympa, vous êtes beaux tous les deux et ça me va très bien.

Je l'ai déjà entendu de la part de meufs, mais c'est bien la première fois qu'un mec me dit que je suis beau.

-Ah et un truc super important à savoir, je suis bi.

OKAYYY, ceci explique cela.

Nous entamons notre quatrième année de coloc. Jamais de problème, entente parfaite alors cette dispute me laisse complètement KO.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant