J'étouffe, alors je fuis.
Je dévale les escaliers manquant de trébucher à plusieurs reprises. Je rentre dans la voiture et pars en trombes. Je ne vais pas loin puisque je suis dans l'incapacité de conduire. Je me gare sur un parking de supermarché. Heureusement il fait nuit. Personne ne prêtera attention à moi qui fait une crise dans la voiture. Cette fois-ci j'ai bien atteint l'enfer. Les flammes me dévorent et je ne suis pas assez fort pour m'en sortir. Je suis un faible si faible. Je me déteste.Arnaud me l'a dit souvent, depuis enfant il me le répète. Il me trahit et me piétine un peu plus parce que je ne suis RIEN. Je l'ai tellement entendu me le marteler que je m'en suis convaincu. Ce RIEN s'est immiscé petit à petit dans mon esprit pour y prendre toute la place. Je me consume. Je vais mourir ...disparaître
Je suis au même endroit depuis plus deux heures et je ne suis toujours pas en mesure de rentrer. Je me résous à appeler mes parents à la rescousse. Je leur dit simplement qu'ils doivent venir me chercher. Ils me répondent qu'ils font au plus vite.Le trajet du retour se fait dans un silence étouffant. Je regarde par la vitre de côté l'obscurité. Et je ne vois rien. C'est donc à ça que je ressemble. C'est fou comme un mot, un tout petit mot peut vous faire un mal incommensurable, vous détruire. RIEN. Tout est dit en quatre lettres. Quatre lettres qui me définissent. C'est le chaos dans ma tête.
Ma mère gare la voiture dans la cour devant la maison. Mon père arrive cinq minutes plus tard. Demain, demain je leur raconterai mon « naufrage ». Je vais me coucher, j'aimerais dormir et oublier.J'ai passé la nuit à me demander pourquoi quand quelque chose de bien m'arrive, aussitôt se produit une merde. Ce doit être une question d'équilibre. Sauf que ces derniers temps j'ai la tête sous l'eau.
Quand je descends prendre mon petit déjeuner papa et maman sont dans la cuisine.
Papa est en retraite depuis six mois. Ils ont vendu la maison à Paris et sont venus vivre dans la longère accolée à celle de mes grands-parents. Ma petite sœur Orlane qui vient d'entamer ses études d'infirmière est restée en coloc à Paris.
Maman est aux petits soins pour moi et me prépare un chocolat chaud comme lorsque j'étais enfant. Ils attendent que je leur explique ce qu'il s'est produit pour me trouver dans un tel état. Comment m'y prendre ? Le plus simplement sans doute, alors je déballe tout tel quel. Ils sont en colère de l'attitude de leur fils aîné, du le mal qu'il me fait. Ils n'ont jamais compris son comportement vis à vis de moi. Ils ont tenté de régler ce problème mais rien n'a jamais changé. Maman essaie tant bien que mal de me réconforter. Papa, lui reste muet. Cependant son air ne trompe pas, il est chamboulé par toute cette histoire.Il y a un train à 10h30 à destination de Paris. Je vais le prendre, j'ai besoin d'être chez moi, loin de tout ça. Ils ne tentent pas de me retenir, ils savent que c'est peine perdue.
Mon père me conduit jusqu'à la gare. Tout comme hier soir, le trajet se fait dans le silence. On arrive dix minutes en avance. C'est parfait je n'aurai pas trop à attendre. Je fais la bise à papa et au moment d'ouvrir la portière il m'attrape le coude et me retient.
- Yannis, ne crois pas toutes les conneries que te dit ton frère. Ne les laisse pas t'envahir et te faire du mal. Tu es quelqu'un de bien. Je ne te dis pas cela parce que tu es mon fils mais parce que c'est la vérité, celle que tu dois croire. Ne doute pas de ta valeur, jamais ! D'accord ? Je hoche la tête et sors sans un mot.Durant les quatre heures de train qui me ramène à la capitale, je pleure. Je me rends compte du regard des autres passagers autour de moi. Ils doivent se demander comment un mec de mon âge peut chialer si longtemps. Ça n'empêche pas les larmes de couler.
J' y suis presque. Dans mon appartement à l'abri des regards je sais que je vais lâcher prise, descendre encore plus profondément dans les abîmes. Je peine à monter les escaliers. Chaque marche me demande un effort. A cette heure Fauve est en cours. Dès que je rentre dans l'appart je laisse mon sac de fringues tomber au sol et je m'écroule. Je m'écrase au sol comme la merde que je suis. Pourquoi les paroles de mon connard de frère, ont-elles tant d'impact sur moi. Parce qu'il a raison, tiens !!!
J'éclate en sanglots, il m'est difficile de respirer. Le feu reprend, celui-là non plus ne me laissera jamais tranquille dans ma putain de vie ? Je me consume, mon corps ne m'appartient plus. Je ne suis plus RIEN telle est la réalité.On me fait m'asseoir, des jambes, des bras m'entourent. Ma tête repose contre un torse. Je ne sais même pas de qui il s'agit puisque mes yeux refusent de s'ouvrir. J'ai beau les serrer fort, comme le ferait un enfant, les larmes parviennent malgré tout à couler. Celui qui me réconforte chuchote seulement mes sanglots couvrent ses paroles. Je ne comprends pas. Très rapidement le feu recule, s'apaise, je me sens si bien dans les bras qui m'étreignent. Mes larmes finissent par se tarir et je peux voir que la personne si rassurante pour moi n'est autre qu'Adam. Comment il fait ça, y a que Fauve qui peut m'aider habituellement. Et puis qu'est ce qu'il fait ici ?
Il m'aide à me relever et me conduit jusque dans ma chambre. Je m'affale sur le lit. Il s'allonge aussi et m'attire tout contre lui. Le calme et la sensation de bien être me permettent de m'endormir.
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Sauve-moi des flammes (MxM). Tome 1 (à corriger)
RomanceAvant que le feu ne prenne possession de tout mon être, je dois faire des changements, bousculer ma vie telle qu'elle est aujourd'hui.