Chapître 41

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Le chef me dit d'entrer dans son bureau et m'ordonne de m'asseoir en attendant Michel. Il me tourne le dos. Il regarde par ses fenêtres qui donnent sur une bonne partie des lieux communs de la caserne. Ça me laisse le temps de songer à ce qu'il vient de se passer. Je me suis mis dans une sacrée merde ce coup-ci. Qu'est-ce qu'il se passe dans ce genre de cas ? Je ne regrette pas, de ma vie je ne me suis jamais battu mais putain il l'a bien « mérité sa trempe ».
Le voilà qui entre à son tour dans le bureau. Ouais c'est clair, il a le nez en vrac. Je l'ai bien amoché, je ne devrais pas, mais je suis assez fier de moi. Si je n'étais pas devant mon chef, je suis sûr que j'en rigolerais. Mais bon, ce n'est pas le moment, je sens que l'heure est grave. C'était sans doute ça mon mauvais pressentiment.

On se fait dans un premier temps sérieusement remonter les bretelles, les bagarres ne sont pas permises dans notre corporation, l'ambiance de l'unité ne peut qu'en être affectée, et patati et patata... il nous demande ensuite notre version des faits. Elle est sensiblement la même sauf qu'il minimise ses propos en disant qu'il plaisantait et que je me suis montré tout de suite agressif. Non mais n'importe quoi ! Depuis quand je suis agressif MOI ?!

En bref, nous passerons en conseil de discipline dans les prochains jours. En attendant nous sommes de corvée d'entretien du matériel jusqu'à demain soir. Il nous ordonne d'aller nous coucher.

Je regagne ma chambre où les autres m'attendent. Je leur fais un rapide topo quand un gradé vient chercher Justin. Le chef le demande. Il n'a rien fait, j'espère qu'il va le laisser en dehors de cette histoire.
Abel s'installe à côté de moi sur le lit. Stan me fait face.

- merci de lui avoir cassé la gueule à ce gros con.

Ça me fait marrer parce qu'Abel ne parle jamais de cette façon. Il est très posé et je ne l'ai pas entendu dire la moindre grossièreté jusqu'ici.

- c'était ma toute première bagarre et je dois avouer que lui faire bouffer ses paroles homophobes m'a fait du bien.

- on n'en parle à personne ici à cause de ce genre de réaction, mais on peut te le dire maintenant, Justin le sait déjà. Stan est mon mec. Tous les deux se sourient, leurs regards reflètent l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre.

- QUOI ? Et merde, j'ai jamais remarqué. Et vous ne m'avez rien dit ? Comment ça se fait que Justin le sache lui ? Je leur demande tout ça avec un grand sourire.

- euh ben c'est à dire que l'on était ici dans la chambre et vous étiez sensés être en bas à la salle télé. Mais Justin est revenu, il avait oublié son portable et il nous a surpris dans une situation sans équivoque. On lui a demandé de garder ça pour lui.

- Tu penses qu'il va t'arriver quoi maintenant ? me demande Stan.

- j'en sais rien, faut attendre le conseil de discipline. Vous croyez que je peux être viré ?

- ...

Justin arrive sur ces entrefaites et dit à Abel que c'est à son tour de passer sur le grill. Tous les membres présents se font questionner sur les circonstances, les paroles exactes. L'enquête est lancée.


Il est très tard. J'ai envie de parler à Adam, en fait j'en ai besoin. Il est plus de deux heures du matin mais je ne résiste pas, je lui envoie un sms pour savoir s'il est réveillé. Aussitôt il me rappelle.

- Yannis qu'est ce qu'il se passe ? il semble complètement flippé.

- Tu me manques. J'avais besoin d'entendre ta voix. J'ai hâte d'être à ce soir. Et puis il y a aussi que j'ai fait une grosse connerie.

- T'as l'air bouleversé et si tu m'appelles à cette heure-ci c'est que t'as pas le moral. Tu ne te feras rien, hein ?

J'ai bien compris qu'il fait allusion à mes tentatives de suicides
- Non non rassure toi, ça n'a rien à voir. Je vais sans doute me faire virer des pompiers.

- QUOI ?!

- Je t'en parlerai calmement ce soir. Peut-être que d'ici là j'en saurais un peu plus.

- mais qu'est-ce ce que tu as pu faire pour te mettre dans cette situation. S'il te plaît en tous cas ne... ne me laisse pas.
Adam a la voix qui déraille. Je suis mal à l'aise de lui provoquer de telles inquiétudes.

- je te promets que je n'ai aucune pensée de ce genre. J'avoue que malgré la probabilité de me faire virer je me sens bien et ça c'est grâce à toi. Tu me guéris.

- hum, faut-il y voir une déclaration voilée ?

- sans aucun doute. Bon je te laisse dormir, à ce soir. Je t'aime.

Justin qui est sur la couchette au-dessus de la mienne n'a apparemment rien perdu de ma conversation et pointe le bout de son nez tout en restant sur son lit. Comme un fait exprès Abel revient de son interrogatoire à ce moment là.

-hey les gars, notre beau gosse ici présent est A.MOU.REUX !!! Dis donc, dis donc, qui est l'heureuse élue ???

J'ai trois paires d'yeux qui me fixent et attendent d'en savoir davantage.

-Bon ok, ouais je suis amoureux. C'est ça que tu veux entendre Justin ?

-c'est génial, on ne se fera plus concurrence pour sauter les gonzesses lors de nos soirées !

- décris la nous, elle est blonde, brune, rousse, petite, grande, ronde, fine ? dit Stan

- Oh du calme !

- t'as une photo ? demande Justin

-Ouais. Et je lui file mon portable avec la photo de mon bouclé. Je sens que je vais bien me marrer.

Justin fixe le téléphone, me regarde.

- putain tu m'as eu, arrête de te foutre de ma gueule. Regardez les mecs dit-il en donnant mon portable à Stan et Abel. Quel blaireau, tout ça parce qu'il craint que je lui pique sa nana.

Je ne peux plus me retenir et explose de rire.
- c'est pourtant vrai. Je suis raide dingue d'Adam.

Sauve-moi des flammes (MxM).                            Tome 1 (à corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant