« Ici l'amour, c'est comme un flingue, tirer un coup ça peut tuer »
Je suis rentré chez moi en pensant que cette soirée était enfin finie.
Quand j’ai vu mon état dans le miroir de la salle de bain, j’ai pris peur... Un gros coquard avait pris forme sur mon visage, des cernes se dessinait sous mes yeux.
- Khadija : T'es fière de toi ? J’espère que t’es bien contente, à cause de toi Soryan veut plus m’adresser la parole. J’te déteste, j’te hais. T'as gâché ma vie...
Hein ? Quoi ?
Je suis abasourdie... On dit que « Aimer ne peut être que joie et bonheur, sinon ce n'est pas de l'amour. ». Néanmoins, cela est totalement trompeur, cette phrase n'est qu'un imposteur tentant de nous séduire afin de tomber dans les filets de l'amour, succomber à ce piège si ensorcelant...
Je m'efforce tout de même de penser qu'elle blague. Oui, ça doit être ça...
- Moi (en rigolant) : Khadija, t'inquiètes. En plus, Jalil s'est bien occupé de ce tahane (*PD*)
- Khadija : Ah, en plus, tu t'fous d'ma gueule... Et qu'est c'j'en ai rien à foutre de hadak Jalil (de * l'autre* Jalil) !
- Moi : T'es sérieuse là ou tu rigoles ? Et j'te rappelle que si Jalil n'était pas intervenu, on serait surement toutes les deux à l'hôpital, il nous a sauvé d'ce pétrin
- Khadija : Ouais, j'suis sérieuse sale pisseuse. Sinon, t'as bien fait ta pétasse avec Jalil hein ? J'te rappelle qu'il est UNE heure teh sbah (*du matin*)
Je n'assimile plus ses mots... C'est tellement ahurissant ce qu'elle me dit là, le ton qu'elle prend est aberrant, ses propos si coriaces font tressaillir mon cœur tout en l'effleurant, le comportement qu'elle adosse est si exubérant.
Le procédé que tu exploite pour combattre les épreuves de la vie est décevant, tu as su rendre fiévreux mon cœur en le goinfrant d'étincelles de feu de l'Enfer, en le désintégrant... Mon cœur est mourant...
- Moi : Euh... Tu sais...
- Khadija : Ouais, t'inquiètes, je sais !
- Moi : Tu m'as même pas laisser finir, tu peux pas savoir...
- Khadija : Si, si... Je sais que tu fais ta pute, oukhti (*ma soeur*)
« Pute » ?
Ce mot passe par mes oreilles et se met à voyager tout le long de mes veines à la recherche de mon cœur afin de l'assommer, le dégommer de toutes ses lettres... J'aimerai tellement aimé avoir l'opportunité de prévenir mon cœur de galoper à travers mes organes dans le but de prendre la fuite, se dissimuler quelque part... N'importe où, que ce soit derrière mon pancréas ou qu'il se fraye une place entre les tuyaux de mes intestins... Mais, c'est trop tard, ce mot « pute » a très vite trouvé mon cœur et n'a pas perdu une seule seconde pour le démolir, l'affaiblir, le salir, le faiblir... Les coups fusent dans mon cœur... Les coups de putes s'amplifient dans mon cœur...
Moi : Khadija ! Il t'arrive quoi là ? J'te reconnais plus ! J't'ai aidé, je t'ai proposé de descendre avec toi et tu oses dire ça ? Tu voulais peut-être que j'm'interpose pas entre ton putain de Soryan et toi hein ?
Khadija : Fermes ta gueule ! Soryan vaut mille fois mieux qu'toi. Toi, t'es qu'une merde qui sert à que dal ici... C'est toi, la putain !
Elle m'a planté le coeur avec ses mots, elle n'a pas raté son coup ! On m'a tellement planté le coeur que désormais, se mirent à pousser, dans mes veines les fruits de ma calamité... Ces fruits, rongés par la noirceur de cette cité...
- Moi : Khadija, t'es ma soeur, j'ai pas envie de sortir de ma bouche des choses que je pourrais regretter alors calmes-toi s'il te plaît. Vas prier, ça va t'apaiser oukhti (*ma soeur*)...
- Khadija : Attends, nan mais tu comprends pas... C'est pas ta Salât de merde qui va m'apaiser ! Y'a que Soryan qui le pourra. Si Allah était vraiment avec moi pour m'apaiser, il se serait pas passer tout ça, il m' aidé en rien du tout. J'ai été conne de t'écouter quand tu m'as dit de faire la Salât, tout à empirer depuis
Moi qui pensait que la religion était devenue sacré pour toi. Comment peux-tu dire ça ? Tu es tombée de haut... Tu es tombée malade à cause de l'amour. Cependant, tu avais la guérison sous tes yeux, vers le tapis de prière. La religion était ton seul remède à prendre cinq fois par jour. Ton médecin te la prescrit mais tu n'as pas respecté les doses à prendre. En effet, tu as arrêté complètement le traitement... Tu as osé jeter ce remède dans les feux de l'Enfer... Alors que ton médecin est allé, lui-même, en pharmacie pour te l'apporter...
Autrement dit, le remède est la Salât... Les cinq doses correspondent aux cinq Salât par jour.
Ton médecin n'est d'autre que Allah avec sa somptueuse pharmacie, regorgeant de bienfaits, le Paradis
Bref, je ne lui répondis pas...
Je décide d'aller faire mes ablutions et invoquer Notre Seigneur, par la suite.
Je priais afin d'enterrer bien en-dessous de mon tapis mes péripéties de la journée... Or, je spéculais sur énormément de choses : La mort de Yemma, la douleur de Baba, le chavirement de Yass, Redouane qui se faisait très discret ces temps-ci, l'hystérie de Khadija, l'altération de Souheïla, le rapprochement soudain de Omran, l'arrivée de Jalil,...
Tellement de choses se sont émergées dans ma vie dont la plupart ont coulé...
Pendant que je priais, j'ai entendu un bruit au niveau de la porte d'entrée, le bruit des clés... Je procède aux Salutations et je sors de ma chambre afin de me diriger vers la porte d'entrée.
Je ne comprend plus rien... Mais que se passe-t-il ? Même à 3 heures du matin, il faut qu'il m'arrive des choses foudroyantes, fulgurantes de folie. Je me met à me frotter les yeux, le sommeil me joue surement des tours... Mais, non, en rouvrant les yeux, j'aperçois toujours la même chose.
- Moi : Euh... Tu fais quoi là ?
- … : Ca t'regardes pas. Allez, dégages !
- Moi : Nan mais je veux savoir !
- … : Bah, tu vois très bien non ?
Oui, ne t'inquiètes pas, je vois très bien. Mais, dis-moi... Et toi, vois-tu la damnation, l'affliction, la désolation que tu me fais endurer ? Tu as gagné la bataille, je rend les armes, je trinque à ta victoire qui te fera gagné une place douillette entre deux flammes de feu...
- Moi : Quoi ? Tu as décidé de voyager ?
- … : Haha ! Bah nan
- Moi : Bah, pourquoi tu sors avec cette valise ?
- … : J'm'en vais. J'en ai marre de cette vie, j'veux faire une pause pour mieux revenir.
Pour mieux revenir ? Mais, tu te fous de ma gueule. Déjà, aux côtés de ta famille, tu trouves le moyen de sombrer et tu penses vraiment que loin de nous, tu pourras revenir avec de nouvelles bases robustes, loin de celles qui s'incrustent et que tu déguste.
- Moi : Pff... J'me demande quand est-ce qu'on formera une famille normale...
- … : Dans tes rêves...
Dans tes rêves ? Le bonheur, que je ne parviens pas à accoster dans ma vie quotidienne, se dissimule donc dans mes rêves. Mais comment puis-je faire si mon sommeil est, lui-même, un rêve ? J'ai perdu la notion de « nuit ». Mon sommeil s'est enfuit, il y a bien longtemps et voyage loin de moi. Son voyage lui a coûté la pointe de bonheur que je pouvais trouvé dans mes rêves...Voilà ce que lui a coûté l'aller mais, malheureusement, il n'a pas pris d'aller-retour. Quand est-ce que je gouterais au sommeil comme auparavant ?
- Moi : Ok, Khadija...
Voilà, Khadija s'en ai allé à son tour avec ses valises... Toi, Yemma, en partant, tu as pris dans ta valise, mon cœur, le semblant de famille qu'il nous restait ainsi qu'une multitude de choses faisant de notre vie, une destruction massive, un carnage, une boucherie de cœurs torturés.
Je reste immobile devant la porte d'entrée et je m'écroule petit à petit... Plus je m'écroule, plus mes larmes coulent... Tant de larmes ont coulé sur le sol de cet appartement, il n'y a que Yemma pour laver ce sol de nos larmes perdues entre ces différentes pièces.
Je n'en peux plus ! Pourquoi MOI ?
S'en ai trop ! Je suis seule dans l'appart', Yassine et Redouane sont surement à la quête d'une keh pour finir la soirée en beauté, Baba et les jumelles sont toujours dans le Sud... Oh, non ! En parlant de Baba, j'ai complètement oublié de rappler à Khadija qu'il revient demain !
Que vais-je dire à Baba demain ? « Ta fille s'est enfuit à cause d'un mauvais garçon »
Non, je n'en aurais jamais le courage...
Je lâche un tsunami de larmes dont l'unique et seule victime est moi ! Mon coeur se serre puis explose, d'un coup, comme une éruption laissant jaillir sa lave rouge.
La situation est tellement atroce et féroce que je me lève comme une furie vers la porte d'entrée, dévale les escaliers à toute vitesse, ouvre la porte du hall agressivement et me met courir au cœur de cette cité.
Je suis dans la pénombre. Seuls quelques lampadaires illuminent les tours encerclés autour de moi. Mon cœur ? Éteint, telle est sa posture... Or, ce ne sont pas les lampadaires qui pourront le réanimer.
Mon cœur a subit une coupure d'électricité qui se résume, en fait, à une coupure de situation familial... Pourquoi cette coupure ? Je n'ai surement pas payé le prix qu'il fallait, je dois payer ces longues années de bonheur à tes côtés Yemma...
J'arrive vers le parking à l'autre bout de la tess, je m'arrête de courir et m'adosse au capot d'une voiture afin de reprendre mon souffle. Ensuite, je reprend mon chemin... Je laissais aller ma peine là où mes pieds me traîne...
Si ta femme te demande un verre d’eau, amènes-le lui. Lorsqu’elle est en train de se reposer, bordes-la. La femme voit son mari en train de se reposer,elle l’embrasse sur le front, même s’il dort, c’est prouvé scientifiquement, il va y avoir un impact car son inconscient est présent et se rappellera de ce geste.
Lorsque le mari est dehors, qu’il appelle sa femme pour prendre de ses nouvelles, voir comment elle va, comment vont les enfants…C’est un geste simple, ça prend une minute mais l’impact est grand. Ta femme va savoir que tu penses à elle.
Le prophète SAW a souligné l’importance de ces petits gestes : « … même le morceau de nourriture que vous mettez dans la bouche de votre femme.»
[ Sahih Boukhari et Sahih Mouslim ]
Même pour cette bouchée, Allâh va te donner une récompense.