On rigolait ensemble, on se parlait comme si nous étions amis depuis le berceau, comme si nos vies étaient liées depuis notre plus tendre enfance.
-Jalil: Allez viens je te dépose chez ta copine que j'aime pas.
-Moi: elle est gentille dans le fond.
-Jalil: c'est profond alors.
Je le frappe de façon taquine et on reprend la route en chemin inverse. On continuait notre discussion sur nos familles respectives, sur ce qui l'avait poussé à tomber dans la "bicrave" jusqu'à ce qu'on arrive en bas de chez Jihène....
-Jalil : Vas y Nessma fais attention à toi.
-Nessma : T’inquiètes…. Merci Jalil.
-Jalil : …..
Evidemment il ne me répond pas il ne faut pas trop lui en demander, ce serait mal le connaitre. Je sors de sa voiture et appelle Jihène pour qu’elle m’ouvre la porte de chez elle. Dans le fond je suis forcée de reconnaitre que Jalil a raison, je fais des choses qui ne me ressemblent en rien. Je me suis rendue à une soirée, j’ai menti à mon père et Khadija et maintenant je débarque au milieu de la nuit chez Jihène après avoir passé une partie de la nuit avec Jalil. Sur le moment J’ai vraiment honte de moi. Il est vrai que je n’ai rien fait de mal mais je me sens coupable car j’ai l’impression d’avoir trahi la confiance que mon père avait placé en moi. Je sais que s’il apprenait un jour ce que j’ai fait durant cette nuit il serait énormément déçu de moi. La confiance se gagne difficilement mais peut se perdre très facilement. Jihène m’ouvre la porte de la maison et me fait entrer discrètement…
-Jihène (en chuchotant) : Fait pas de bruit mes parents ils dorment.
Sans un mot je l’a suis dans sa chambre et referme la porte derrière moi.
-Jihène : Alors il t’a dit quoi ton pote le skyzo ?
-Moi : Arrête de l’appeler comme ça.
-Jihène : Saha (*bien*) tu prends sa défense maintenant ?
-Moi : Pas du tout c’est juste que voilà on a parlé pendant un petit moment et on a mis les choses au clair…Il a en partie raison j’aurais jamais dû aller à cette soirée, t’imagines si c’était Yass qui m’avait trouvé là-bas ?
-Jihène : Ok donc en gros tu penses comme lui, j’ai une mauvaise influence sur toi ?
-Moi : Mais nan Jihène c’est pas du tout ça, je suis assez grande pour faire mes propres choix le truc c’est que ma famille est tout juste en train de se remettre de l’accident de Rédouane, c’est pas le moment pour moi de faire des conneries je peux pas faire ça à mon père…
-Jihène : Ca va Nessma relax tu peux respirer deux secondes nan ? Arrêtes de toujours vouloir porter tout le poids de ta famille sur tes épaules c’est pas ton rôle, toi tu vas péter un câble à force de vouloir faire la guerrière… Bon allez on arrête de parler de ça… En vrai t’as tout raté y avait une bête de debza entre deux meufs c’était hard.
-Moi : Jihène t’es pas normale comme fille.
Je me mets en pyjama et Jihène continue de me raconter tout ce que j’ai loupé de la soirée. Elle finit par s’endormir je crois qu’elle s’est épuisée à force de parler. Quant à moi je n’arrive pas à trouver le sommeil, je crois que le fait de ne pas être dans mon lit me perturbe un peu. Alors mon esprit se met à gamberger et aussi bizarre que cela puisse paraitre je pense surtout à Jalil. Son comportement avec moi m’intrigue et me rend dingue. Le temps n’y fait rien je n’arrive toujours pas à le cerner, à chaque fois que je crois le connaitre un peu il arrive toujours à me surprendre en révélant une autre facette de sa personnalité. Jusqu’à présent je pensais qu’il me détestait et maintenant il me révèle qu’il veut jouer au protecteur avec moi comme s’il avait été investi d’une mission secrète. Je le sais Jalil restera un mystère pour moi…
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Le lendemain je me réveille avant Jihène qui dormait encore paisiblement. Je lui laisse un mot pour la prévenir que je rentrais chez moi.
En arrivant à la maison, je m’empresse d’aller prendre mon père dans mes bras je crois que c’était ma façon à moi de me faire pardonner le fait de lui avoir menti. Il a été bien évidemment surpris par mon geste.
-Baba : Ca va benthi (*ma fille*) ?
-Moi : Tout va très bien je suis contente d’être revenue à la maison.
-Baba : Nessma t’es partie qu’une nuit, comment tu vas faire quand tu seras mariée ?
-Moi : J’me marie pas Baba, je resterais toujours avec toi.
-Baba : Hamka (*salle folle*), in Sha Allah tu te marieras avec weld nass (*un homme bien*).
Je lui souris j’ai vraiment plaisir à voir mon père détendu et serein. Son visage est de moins en moins marqué par la fatigue et les soucis. Je lui dépose un bisou sur le front et m’en vais dans ma chambre ranger mes affaires…
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La vie reprend son cours la routine s’installe à nouveau dans mon quotidien. La deuxième année dans mon école m’épuise un peu. Le travail que l’on doit fournir est colossal, mais je suis quand même chanceuse j’ai Jihène pour me changer les idées. Je ne sais pas d’où elle puise sa bonne humeur permanente mais ce qui est certain c’est que c’est très efficace sur moi. Il suffit que je regarde Jihène pour aller mieux. Et lorsque je ne suis pas avec elle, je passe du temps avec Omran. On devient de plus en plus proche tous les deux à tel point que le lien qui commence à se tisser entre nous m’effraie un peu. Je ressens des choses que j’ai du mal à m’expliquer, ce dont je suis sûre c’est que j’ai cette envie de le voir et d’être à ses côtés…
On se voit souvent en dehors des cours et de nos stages comme cet après-midi du mois de février. Omran me propose d’aller faire les magasins ensemble. J’ai un peu hésité avant d’accepter parce que j’avais peur de tomber sur Yass ou Rédouane même si je sais qu’aller trainer dans les magasins c’est pas leur occupation favorite. Après réflexion j’ai accepté la proposition d’Omran. Il est dont passé me chercher après les cours. Il a salué Jihène et nous avons pris la route vers le centre commercial…
Dans la voiture on se taquinait mutuellement, je me sens bien lorsque je suis avec lui. J’avais la sensation de planer lorsqu’il posait son regard sur moi. En sortant du magasin où Omran s’était acheté quelques fringues, il a fallu qu’on tombe sur Jalil accompagné d’une bimbo en plastique. Lorsqu’il a vu que j’étais avec Omran, il m’a lancé le regard de la mort dont seul lui en a le secret. J’ai cru qu’il allait me détruire sur place…
-Jalil : Nessma tu fais quoi là ?!!
-Omran : Tranquille Khey (*frère*) elle est avec moi….
-Jalil : J’suis pas ton frère Omran, et évites de répondre à sa place !!
-Omran : J’te manque pas de respect Jalil alors fait pas le mec mortel avec moi !!
Omran se place devant Jalil et tous les deux se défient du regard, c’est à deux doigts de partir en bagarre. Je m’interpose pour calmer un peu le jeu parce que les connaissant tous les deux, ils risquent de se taper devant tout le monde…
-Moi : C’est bon vous deux.
-Jalil : Omran j’vais même pas parler avec toi (à moi) Nessma tu m’suis on rentre !!
-Nessma : Attends t’es pas sérieux là ?!! Monsieur exige et moi je dispose tu m’as pris pour qui toi ?
-Jalil : Nessma j’te le répète pas deux fois, on rentre !!
Devant l’insistance de Jalil et pour éviter plus d’embrouille je me résous à m’exécuter mais au fond de moi je sens la colère monter. J’ai conclu un pacte avec lui mais il ne lui donne en rien le droit de me traiter comme si j’étais l’une de ses poufs qui lui obéis au doigt et à l’œil. Si Jalil s’imagine qu’il peut régenter ma vie il s’est bien trompé. Je capitule pour cette fois mais qu’il ne s’imagine pas qu’il a remporté la guerre…
-Moi : Omran je t’appelle plus tard.
-La bimbo : Nan mais attend Jalil et moi j’fais comment pour rentrer ?
-Jalil : T’as qu’à prendre le bus, fais ta ive j’m’en fous.
En entendant ça j’ai envie de rigoler mais je me retiens. La bimbo se met à pester contre Jalil, qui de son côté, l’ignore complètement. On sort et on rejoint sa voiture. Un silence pesant s’installe entre nous. Je bouillonne encore au fond de moi et je devine à sa façon de conduire que c’est pareil pour lui. Je l’observe du coin de l’œil, il a le regard rivé sur la route. Sa conduite est nerveuse il grille plusieurs feux rouges et s’énerve sur tout le monde. Du Jalil dans toute sa splendeur…
-Jalil : Qu’est ce t’as à me téma comme ça ? Tu crois que j’te vois pas.
Il est paranoïaque en plus d’être schizophrène !
-Moi : Jalil faut te faire soigner.
Il freine d’un coup sec et ma tête valse en avant.
-Moi : MAIS T’ES MALADE JALIL WALLAH !!!
-Jalil : FAIS PAS LA BELLE AVEC MOI NESSMA, LA VIE TU RENDS OUF T’ECOUTES RIEN !!!!
Après s’être calmé un peu il reprend la route en insultant au passage tous les conducteurs qui ont osé lui klaxonner parce qu’il s’était arrêté en plein milieu de la route…
-Jalil : La vie elle rend dingue, elle m’a pris pour un hmar (*âne*) là.
Il parlait tout seul et moi je priais pour arriver très rapidement chez moi, je ne supportais plus d’être dans le même espace que lui…
-Jalil : Tu vas arrêter de trainer avec Omran sinon j’vais en parler à Adnane.
-Moi : T’es sérieux ?!!! Tu mêles pas mon père à tout ça t’as compris je rigole même pas Jalil !!
-Jalil : Gardes tes menaces en carton pour toi tu seras gentille, refais la ouf avec moi et tu verras Nessma.
-Moi : Pourquoi tu fais ça ?
-Jalil : J’te l’ai déjà dit, je t’aime bien donc j’veille sur toi.
-Moi : Garde tes disquettes pour ta blonde platine.
-Jalil : Ben demande pas si tu m’crois pas, zeubi t’es une vraie migraine toi.
On arrive à quelques tours de la mienne, c’est là qu’il me dépose. Je descends sans dire un mot, je lui en veux encore d’avoir agi avec moi de la sorte, il se permet beaucoup de chose et je n’apprécie pas du tout. Mais Je dois avouer aussi que le fait qu’il veille sur moi de la sorte me flatte un peu. Je crois que je suis complètement perdue dans cette histoire, d’un côté je lui en veux de me dicter ma conduite et de s’immiscer dans ma vie de cette façon et de l’autre le fait que Jalil veuille prendre soin de moi ne me laisse pas indifférente..
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Le lendemain, après mon stage je suis allée rejoindre Omran. Je ne comptais pas arrêter de le voir juste parce que cela déplaisait à Jalil. Je voulais surtout m’excuser auprès de lui pour la façon dont Jalil l’a traité. Cette fois-ci on a pris la voiture et on s’est éloigné de la ville pour être sûr de ne pas croiser à nouveau Jalil ni personne d’autre d’ailleurs. Je culpabilisais un peu qu’Omran et Jalil se soient embrouillés à cause de moi surtout qu’ils sont en quelque sorte de la même famille…
-Moi : Je suis désolée pour hier Omran, Jalil se prend parfois pour mon frère.
-Omran : J’m’en bats les reins de ce qu’il peut dire, si j’veux te voir j’te verrais j’ai pas besoin de son avis. En plus en ce moment y ‘a des tensions entre nous.
-Moi : Ah ouais ?
-Omran : Ouais mais t’occupes on va régler ça entre hommes.
Il me sourit puis me remet une mèche de cheveux derrière les oreilles, sur le moment son geste me perturbe un peu. Une sensation indescriptible s’empare de tout mon être.
-Omran : T’es mignonne Nessma.
Je ne peux m’empêcher de sourire, ces mots ont un eu impact fort sur moi. Je me sens bien mais pour autant je n’ose pas soutenir son regard. Notre relation a évolué en si peu de temps que tout ceci me fait peur.
Je passe un agréable moment ave Omran, il était plus attentionné que jamais. Je rentre chez moi en ayant l’impression de flotter dans les airs…
Les jours passent et se ressemblent. J’ai fini mon stage à l’hôpital et repris les cours, je continue de voir Omran dès que j’ai un moment de libre. Un matin avant de me rendre en cours, je reçois un appel sur mon portable d’un numéro non enregistré…
-Moi : Allo
-… : Nessma ?
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
D'après Abou Oumama (qu'Allah l'agrée), le Prophète (que la prière d'Allah et son salut soient sur lui) a dit: « Certes Allah aime la douceur et il en est satisfait et il aide par la douceur ce qu'il n'aide pas par la dureté ».
(Rapporté par Tabarani et authentifié par Cheikh Albani dans Sahih Targhib n°2628)