« Le bonheur c’est l’équation entre le temps et les tiens, partagé entre les souvenirs et les rêves, les regrets et les projets, on ne fait jamais de trêve. Pendant ce temps le bonheur passe, comme un train de campagne, qui roule doucement, qu’on peut prendre, mais on regarde les montagnes. Peu importe ce qu’il y a dans le plat, un bon repas de famille, contente toi déjà de ça, point à la ligne. Le bonheur est une luciole, qui brille dans nos nuits, on aimerait le garder, on peut juste le regarder. Le confort est une babiole, je le fuis comme l’ennui, vous pouvez vous le garder, j’ai autre chose à regarder. J’ai jamais su comment se conjuguer l’amour et puis un jour j’ai pris le temps j’ai appris. Parfois le bonheur se trouve juste là devant toi, okais c’est rare mais il se peut qu’il arrive. Et quand il est là faut le saisir, nan ça n’a pas de prix. »
Ce mois fut long et périlleux, la première fois que j'ai posé mon regard sur ce bout de terre qui représentait à présent tout pour moi, les larmes ont jaillis, la tristesse m'a envahi… Mon deuil n'était pas fait, je n'avais pas encore eu cette vision-là, celle de te voir sans te voir, de te sentir sans réellement te sentir. J'avais peine à toucher cette terre de peur d'emporter ton souvenir avec moi. Mon cœur ne battait plus, il avait retrouvé le tien, je n'arrivais plus à penser convenablement. La mort, une chose plus sûre que tout, qui m'a prise mon pilier mais la vie est faite d'épreuve et Dieu éprouve ceux qu'il aime, Il éprouve les endurants...
"On prépare plus son mariage que sa mort pourtant la mort est plus sur d'arrivée que le mariage"
Ce mois fut long, humide en perles salées et surtout riche en remise en question... Je n'avais pas cessé de pleurer, chaque soir où la solitude me rejoignait dans ma chambre je sanglotais en essayant de me souvenir de ton visage. Ta place reste Yemma mais pardonne-moi si ton visage s'estompe à mesure que le temps passe, que tes souvenirs remplacent les nôtres...
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Un jour nouveau prend forme, une page sombre semble se tourner pour laisser place à une nouvelle. Aujourd'hui, un nouveau chapitre vient s'inscrire dans le court de nos vies. Il semble vouloir effacer notre passé tourmenté et nous guider vers un avenir radieux.
Pourtant l'angoisse persiste, tellement accoutumés à être sur la mauvaise pente, ce côté glissant et obscure, que j'ai du mal à m'y faire. Accepter de laisser entrer le bonheur dans ma vie est une crainte. J'ai peur de prendre goût à cette accalmie, de m'y habituer pour finalement tomber de haut lorsqu'une tempête de tourment fera de nouveau une entrée fracassante sur nos chemins. La hantise qu'elle nous laisse sur le carreau et nous annonce la fin définitive de la partie, et qu’elle nous pousse ainsi à l'abandon. J'ai vu trop de gens détruits, à force de lutter sans relâche pour finalement perdre espoir face au poids des épreuves…
En clash contre soi-même, nos esprits sont souvent en contradiction. On désire plus que tout vivre cette vie paisible, mais les terres inconnues font peur. Le bonheur semble être trop rare pour y croire, mais une vie sans croyance ne mène à rien. Alors on encaisse sans rien dire, on accumule les sacrifices pour le bien être des siens. Des bleus dans l'âme, le cœur lacéré, une vie tourmentée, on éprouve chaque douleur, mais on continue de se battre avec acharnement pour ne jamais abdiquer. J'ai cette impression constante qu'une arme est pointée sur ma tempe, elle me rappelle que tout peut basculer et prendre fin d'une minute à l'autre. La quête du bonheur, nous forge au combat alors on s’arme seconde après seconde pour atteindre les sommets de sérénité et effacer cette grisaille de notre panorama. Nul ne connaît sa destination finale, alors on vit...
Le destin nous surprend souvent au moment où on s'y attend le moins. Un nouveau souffle vient guider mes pas, il allège mon cœur et fait taire mes peurs… Un doux murmure vient chatouiller mes oreilles, il me fait de nouveau croire au bonheur. Je ressens l’évasion dans mes songes, mon être abimé semble apaiser…
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Le grand jour est enfin arrivé, aujourd’hui ma sœur devient officiellement la femme dont elle a toujours rêvé être. Depuis sa plus tendre enfance, elle aimé imaginer ce moment avec impatience, une étincelle égayait ses petit yeux d'enfant lorsqu'elle nous parlait de son avenir auprès de son époux, doux et aimant comme Baba l'était envers Yemma. Nos parents représentaient le couple parfait à nos yeux, deux être s'aimant d'un amour pur et honnête...
Malheureusement en grandissant, les chimères d'enfants se dissipent et laisse place à une oraison funeste qui nous rappelle que la vie d’adulte s’égare de la pureté de l’enfance. Et à trop vouloir réaliser ses rêves, Khadija a failli s'y brûler les ailes, à présent les portes de l’espoir sont à portée de ses mains.
Elle se tient face à moi, je l’observe avec admiration, ma grande sœur est sur le point de devenir la femme la plus heureuse. Elle respire le bonheur, la joie a envahi son faciès et la sublime de tout son être. Sa beauté égaierait n'importe quelle personne. Elle en aura parcouru du chemin depuis ces cinq dernières années, et à force d’acharnement ses aspirations prennent enfin vie. En rachetant ses fautes, elle laisse place à un avenir triomphant.
Son union plus personne n’y croyait, plus d'une fois on lui a conseillé de stopper cette relation, qu'elle n'aboutirait jamais à un avenir certain mais désastreux...
Certes aux yeux de tous elle en prenait le chemin, et à force de déception et d'erreur commis par ce trop grand amour c'est ce qu'elle a fini par faire, faute de courage. Au final l'amour qui les lie l'un a l'autre a pris le dessus sur le reste, à force de croyance, de persévérance et de patience leurs amour a fini par triompher…
- Moi : Alors prête ?
- Khadija : Ness, j’ai peur !
- Moi : C’est normal Khadijou, ce moment tu l’as tellement attendu que t’as juste du mal à y croire. Mais ne t’inquiète pas tout va bien se passer !
- Khadija : Mais imagine, on se trompe au final on n’est pas fait l’un pour l’autre ou que tout se passe mal entre nous. Finalement tout le monde aura raison !
- Moi : Dis pas de bêtise, c’est le stress qui te fait dire tout ça mais au fond de toi tu sais très bien que Soryan c’est ton mektoub, que c’est lui ta moitié, ton futur tout simplement.
- Khadija : J’ai aucun doute sur tout ça, je me suis battue pour en être là et mon amour pour Soryan il est indéfinissable ! Mais je sais pas là c’est concret, je vais vraiment devenir la femme de l’homme que j’ai toujours aimé. Huit ans que je suis complètement dingue de lui, j’en ai fait des choses pour cet amour. J’ai tout donné, je l’ai aimé comme personne, j’ai souffert en espérant vivre ce moment. Je l’ai perdu, je me suis perdue, et au final on est là !
- Moi : Vous avez commis de nombreuses erreurs parce que vous n’étiez pas prêt mais aujourd’hui vous l’êtes. Laisse le passé sur le côté et vie l’instant présent, vous avez tout deux soufferts et payer pour vos erreurs. Le Tout Puissant vous a réunis, alors ait confiance.
- Khadija : Je vais vraiment épouser l’homme que j’aime, l’homme de ma vie, Soryan ! J’ai du mal à y croire, j’ai envie de chialer, crier, chanter. J’suis heureuse Ness wAllah que j’ai du mal à y croire mais je vais me marier !
- Moi : Je suis fière de toi Khadija, je suis heureuse pour toi. Ce bonheur tu le mérites amplement.
- Khadija : Fais-moi un câlin !
Je l’ai prise dans mes bras, et je l’ai serré de toutes mes forces.
- Moi : Je t’aime ma sœur.
- Khadija : Et moi alors ! Nessma, je pourrais jamais assez te remercier pour tout le bien que tu m’apportes. Tu m’a jamais lâché même quand je déraillais, t’as toujours été présente pour moi, pour nous. Je te le dis pas souvent mais je suis tellement fière de toi, de la personne que tu es devenue.
- Moi : Tu vas me faire pleurer alors qu’on devrait crier de joie !
- Khadija : C’est vrai mais je t’aime petite sœur.
On a fini par se détacher l’une de l’autre, comme ces quelques larmes de joie qui glissaient le long de nos visages animés par l’euphorie de l’instant.
- Khadija : Ness, tu crois qu’elle aurait approuvé mon choix ?
- Moi : J’en doute pas une seule seconde, t’as même pas à te poser la question. Voir sa fille heureuse aurait été la chose la plus importante.
- Khadija : J’aurais voulu qu’elle soit là pour me réconforter, et qu’elle me dise que tout ira pour le mieux. Qu’elle me prenne dans ses bras comme elle l’a toujours fait, rien que ça… Quand j’imaginais cette journée je la voyais près de moi, me donnant des conseils, m’aidant à me préparer. Son sourire me manque, sa présence, son soutien, son amour.
- Moi : Elle est là, près de toi, n’en doute pas. De là-haut elle veille sur toi comme elle l’a toujours fait de son vivant. Sèche tes larmes, et fais-moi ton plus beau sourire Mme **********
Notre repère est absent, dans ce moment de gaité la peine est à son paroxysme, Yemma ton absence nous ronge, elle guette nos destinées et nous amène à les détester. Le cœur au bord du gouffre je fais mine que rien ne me touche, mes pupilles humides semblent être au summum des réjouissances mais en faite elle dissimule le désarroi que scande mon malheur. L’allégresse de l’instant dissimule ma tristesse abstinente.
« Le nom de ceux que j'aime ne s'efface pas, reste au fond de moi, même au loin de moi »
Baba interrompt notre discussion.
- Baba : Benthi (*ma fille*) t’es prête ?
- Khadija : Oui, enfin je crois. Il est là ?
- Baba : Oui.
Il est venu déposer un baiser sur son front, un geste significatif qui montre son amour et sa joie. Je me suis éclipsée pour qu’ils puissent vivre ce moment ensemble. Je ne parle pas souvent de mon père, il est effacé dans ma chronique mais pas dans ma vie. C’est l’homme le plus courageux et le plus aimant, la personne la plus droite et juste que je connaisse, un exemple de vie.
La joie résonnait dans chacune des pièces de la maison, elle divulguait l’union sacrée d’un amour que l’on venait de sceller pour l’éternité. L’émotion profonde marquait les visages des nouveaux mariés, ils semblaient nous dire : « envers et contre tous à jamais mon amour ».
Cette journée s’est déroulée en toute intimité, ma sœur et Soryan souhaitaient s’unir devant Le Tout Puissant le plus simplement possible, la famille et les amies proches étaient présents. Tous deux repentis, la foi les a réunis et leur a permis d’accomplir la moitié de leur dine (*religion*). Ne plus souffrir de vivre une idylle interdite semble apaiser leurs cœurs. Dénoués de tous les vices qui les pourrissaient ils peuvent enfin s’aimer en toute impunité. Tirer un trait sur le passé pour laisser place à un avenir sans tâche…
Jalil était présent, mais la discrétion mettait une barrière entre nous. Il a senti que je n’étais pas bien, mais sa simple présence me rassure. Il suffit qu’il soit dans la même pièce que moi pour que tout le reste me semble futile…
Ce n’est pas mon cœur que t’as emprisonné c’est tout mon être. A ta simple vue, la rythmique des battements de mon cœur perd toute constance et se brusque à grande vitesse. Je ressens chaque « BOUM ». Tu t’es installé dans le creux de mon cœur, sans même que je m’en aperçoive tu squattes déjà entre les quatre murs de celui-ci, tu l’as meublé de ton essence. Parfois tu le piétine et ça me brise, mais chaque pas que tu foules sur les parois de celui-ci résonne dans mon oreille interne, me chuchotant à chaque instant que mon cœur ne bat que pour toi. Mes pensées te sont entièrement destinées, tu es encré au plus profond de ma chair…
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Un mois vient de passer, Khadija habite toujours chez nous, avec Soryan ils sont toujours à la recherche d’un appartement. Cette nouvelle ne me déplait pas, ça me permet de garder ma sœur encore quelques temps auprès de moi avant qu’elle nous quitte définitivement. Alors je profite de chaque instant, les minutes sont précieuses et je sais que lorsqu’elle partira ça ne sera plus jamais comme avant. Tout doucement la vie a repris son cours, et les choses se remettent en place. J’entame ma cinquième et dernière année d’étude, le temps passe vite, beaucoup de choses ont changé, évolué, pris forme...
Jalil devait venir me chercher à la fin des cours, mais il avait un peu de retard. En prime j'ai eu le droit à une petite surprise.
- Jalil : Wesh grosse, désole pour le retard j'avais le p’tit il a mis cent ans pour émerger.
- Moi : Ohh Nassim, mon amour comme t’es beau. T’es venu chercher tata.
- Jalil : Elle s'y croit en plus !
- Moi : T’as vu comme il est jaloux tonton mon bébé ?
- Jalil : Jaloux de quoi stp ? Arrête de faire la golmon avec lui tu vas l'rendre mehboul (*fou*) le gosse.
- Moi : N'importe quoi.
J'étais occupée à parler avec mon bout d'chou, dès qu’il y a un enfant je suis omnibulée et complètement dans mon monde, je calcule plus rien et ni personne.
- Jalil : Sinon j'te laisse quiltran avec l'bg et j'taille la route !
- Moi : Mort de rire, excuse-moi ça va ?
- Jalil : Ça y est j'existe ! Ham dou lilah et toi ? Dernière année ça fait quoi Mme ?
- Moi : T’es jaloux de ton neveu ?!
- Jalil : Normal il vole ma femme et j'dois rien dire.
- Moi : Ta femme, c'est nouveau ça ?
- Jalil : T’as pas répondu à ma question, les cours ?
C'est toujours comme ça avec Jalil, parfois sans le faire exprès il laisse s'échapper des mots doux, des gestes tendres mais fait marche arrière des qu'il s'en aperçoit et brouille les non-dits en enchaînant sur un autre sujet…
- Moi : Toi aussi t'évites la mienne.
- Jalil : Casse la tête.
On a déposé Nassim chez lui puis on est parti dans notre endroit. J’étais déterminée à ce qu’il me donne des réponses claires. On était posé sur un banc, on parlait de tout et de rien jusqu’à que je prenne mon courage à deux mains et lance enfin la vraie discussion.
- Moi : Jalil on peut parler sérieusement ?
- Jalil : On fait quoi là à ton avis ?
- Moi : Non mais de nous, on n’en a jamais réellement parlé. Et j'ai besoin de savoir Jalil, est ce qu'on a un avenir tous les deux ?
- Jalil : Si tu t'poses cette question c'est que tu doutes de notre relation Ness.
- Moi : C'est pas ça Jalil mais ça fait maintenant deux ans qu'on est ensemble et on se voit pratiquement tous les jours.
- Jalil : J'vois pas il est ou l'problème al ?
- Moi : Justement il est bien là le problème ! Deux c’est pas rien mais j'ai l'impression que rien ne change et qu'on va rester éternellement comme ça et ça a pas l'air de te déranger. On se voile la face à rester dans notre monde mais Allah voit tout et notre union n'est pas clair à ses yeux.
- Jalil : Ah parce que tu crois qu'ça m'amuse qu'on soit obligé de s'cacher pour s'voir, d'mentir à ton reufré quand il m’dit que j'ai changé depuis quelque temps et que j'lui cache des keu-tru. Crois pas qu'la situation m'convient c'est pas parce que j't’en parle ap que j'y pense ap.
- Moi : Et ça veut dire quoi ça ?
- Jalil : Ça veut rien dire.
- Moi : Okais ramène moi chez moi.
- Jalil : Commence même pas à faire la nerveuse, tu crois quoi toi ? Tu savais dès l'départ dans quoi tu t'engageais. Mon passé tu l'connais, tu sais qui j'suis et tu savais très bien que si on s'mettait à deux ça plairait pas à tout l'monde.
- Moi : Mais de quoi tu me parles Jalil là, moi je te parle de nous pas de tout le reste. Je veux savoir si tu tiens réellement a moi, si tu te vois faire ta vie auprès de moi et pas si ton passé ou mon frère se mettront entre nous.
- Jalil : Justement tu penses pas à tout ça, comment il va réagir Yass quand j'vais lui dire écoutes ça fait deux piges que j'suis avec ta sœur mais t'inquiète mon frère c’est sincère ! Et mon passé comme tu dis si bien c'est aussi mon présent.
Le doute du lendemain nous persécute, je fais fuir le bonheur qui lui ne me laisse aucun répit.
- Moi : On va nulle part si je comprends.
- Jalil : Fais-moi confiance Ness.
L'amour c'est comme une pièce de puzzle, on passe la moitié de sa vie à rechercher les morceaux qui s'encastrent les uns aux autres pour former le puzzle de notre destiné. Avant toute chose, il faut s'armer de patience pour combler chaque manque, dans le réel les pièces sont remplacées par des personnes, des situations, des actes… Passé le plus clair de son temps à la recherche de ces pièces, disloquées aux quatre coins de ton parcours, parfois elles sont toutes proches, mais la plupart du temps il faut chercher longtemps avant de trouver chaussure à son pied. Alors tu cherches encore et encore, tu passes ton temps à essayer d'assembler les pièces les unes avec les autres, souvent elles ne s'emboitent pas mais à force de rechercher tu finis par trouver les "âmes sœurs" qui se complètent et s'emboitent à la perfection. Petit à petit tu comble les vides, ton puzzle prend forme et tu commences à t'attacher fortement à ces pièces, tu les bichonnes pour ne pas les abimer et pour que jamais tu n'aies à les remplacer. Reliés les sentiments comme on encastre les pièces entre elles pour qu'à la fin on obtienne un assemblage parfait, je pense avoir trouvé la pièce parfaite…
Je me blottis dans ses bras, loin de tout tracas à présent je laisse faire le temps, je sais que je peux lui faire confiance. Il ne m’a jamais menti ou trahi, il prend soin de moi. Il est ma boussole dans ce monde en ruine qui me chagrine, ma part de lumière dans cette atmosphère noirâtre. Mon paradis sur terre, mon souffle d’oxygène quand je manque d’air. Il détient notre destin entre ses mains…
« Le jour où on réalise que les contes de fées peuvent être légèrement différents de ce qu'ils étaient dans nos rêves, le château peut ne pas être un château. Et ce n'est pas si important qu'on vive heureux pour toujours, ce qui compte, c'est être heureux maintenant. De temps en temps, même si c'est rare, les gens vous surprennent. Et une fois de temps en temps, certaines personnes peuvent vous couper le souffle. »
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Un soir j’ai reçu un appel de Sou, elle avait une grande nouvelle à m’annoncer.
- Moi : Allo.
- Soumaya : Allo, Salam A3leykoum Nessma !
- Moi : Wa A3leykoum Salam, t’as l’air toute contente Sou ça fait plaisir.
- Soumaya : Oui, j’ai quelque chose à te dire Ness !
- Moi : Je t’écoute hbiba (*ma chérie*)
- Soumaya : C’est Omran, il a dit oui enfin pas lui mais son père.
- Moi : Hann c’est vrai, c’est bon vous avez son accord ?!
- Soumaya : Oui Ness, j’arrive toujours pas à y croire. Il nous a donné sa bénédiction, je sais pas comment il a pu changer d’avis en si peu de temps, mais je veux pas savoir l’essentiel c’est qu’il est dit OUI !
- Moi : Ham dou lilah c’est une très bonne nouvelle, je suis heureuse pour vous Sou, vous le méritez.
- Soumaya : Merci Ness, in cha Allah ton tour prochainement.
- Moi : In cha Allah Sou, mais on y est pas encore ! Comment ça s’est fait la demande?
- Soumaya : Tu changes pas toi, dévies pas la conversation. In cha Allah que tu vives le même bonheur avec Jalil.
- Moi : On se refait pas ! Raconte-moi tout.
- Soumaya : J’étais pas du tout au courant, Omran et moi on était en froid depuis un bout de temps. On n’arrêtait pas de se prendre la tête par rapport à sa famille et nos origines, du coup on se voyait de moins en moins. Et un après midi je reçois un message d’Omran qui me disait « Prépare-toi à devenir ma femme.» Je comprenais pas son message, on se parlait plus du tout, alors j’étais perdue. J’ai fini par l’appeler pour qu’il m’explique mais il me répondait pas ! Deux heures plus tard il débarquait chez moi avec ses parents !
- Moi : Du Omran tout craché !
- Soumaya : Laisse tombé, j’étais tellement heureuse, honteuse aussi parce qu’il fallait voir ma dégaine ! Ce hmar (*âne*=) il trouvait ça marrant. Quand j’ai vu son père je savais plus où me mettre.
- Moi (j’ai explosé de rire) : La hechma (*honte*), j’imagine même pas ! Mais le plus important c’est que vous puissiez vous unir au final.
- Soumaya : Je vais me marier Ness !
On a discuté le reste de la nuit, avec Sou on se voyait plus trop depuis qu’elle avait arrêté l’école mais ça n’entachait en rien notre relation, nos liens restent intacts. Elle reste la fille merveilleuse qui m’a aidé à recoller les morceaux brisés que je trainais derrière moi. Celle qui m’a tant apprit sur la vie, la mort, la religion. Grâce à elle j’ai appris ce qu’étais l’amitié, la vraie, celle qui dure et qui résiste à n’importe quelle péripétie…
En parlant d’amitié un après midi, j’étais en train de faire les boutiques avec Jihéne et on a eu une conversation très intéressante ! Elle était tendue et nerveuse, je sentais que quelques chose l’a chagrinait. Je pensais en connaître là cause mais je préférais attendre qu’elle fasse le premier pas.
- Moi : Qu’est-ce que t’as aujourd’hui hbiba (*ma chérie*), t’es toute bizarre ?
- Jihéne : Qui moi ?
- Moi : Oui t’as l’air ailleurs, et de plus en plus ces derniers temps.
- Jihéne : Ness, faut que j'te parle d'un truc.
- Moi : Ça à l'air sérieux, qu'est ce qui ce passe ?
- Jihéne : Tu m'aides pas là.
- Moi : Arrêtes tu m'fais peur !
- Jihéne : Voilà, je sais pas trop comment te le dire en fait. Bon d'abord promet moi d'écouter jusqu'au bout avant de dire quoi que ce soit ?
- Moi : Okais je t'écoute.
- Jihéne : Bismillah, voilà ça fait quelques mois que je fréquente quelqu'un et c'est du sérieux cette fois. Attention ça n’a rien avoir avec tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent.
- Moi : Bah c'est tout ? Tu tires une de ces têtes, j'pensais que t'allais m'annoncer un truc de fou !
- Jihéne : Hey mais je t'avais dit de pas me couper Nessbatata. Laisse-moi finir on verra si tu gardes ton sourire !
- Moi : J'dis plus rien mais Relax !
Elle m'a fait les gros yeux avant de reprendre !
- Jihéne : Donc je disais il me rend complètement dingue. Je m'attendais pas du tout à ça, imagine moi tomber amoureuse ! Je m'étais promis de ne plus jamais retomber dans ce piège et jusqu'à présent je m'en sortais carrément bien. Puis il est arrivé et il a tout retourné dans mon cerveau c'est le bordel complet à cause de lui. Dis quelque chose toi aussi !
- Moi : T’es une grande malade ! C'est ce qu'on appelle l'amour, tu m'annonces ça comme si t'avais un cancer en phase terminale.
- Jihéne : Ouais bah pour moi c'est la même, voire pire. Je suis plus moi, avant c'était simple je me prenais pas la tête, j'étais relax. Maintenant je deviens parano, jalouse maladive. Je me mets dans des états pas possible, enfin tout ce que j'ai toujours détesté et critiqué chez les autres !
- Moi : On va finir par t'interner, l'amour ça rend fou.
- Jihéne : Laisse tomber.
- Moi : Et je peux savoir c'est qui ce jeune homme qui te fais perdre tout crédibilité ?
- Jihéne : Très drôle, justement c'est de ça qu’il faut qu'on parle.
- Moi : Mais arrête de me faire des suspenses toi aussi, crache le morceau un peu.
- Jihéne : Ouais bah c'est pas si simple justement. J'ai peur de voir ta réaction, j'ai pas envie de te perdre a cause d'un idiot. Mais un idiot qui me rend complètement folle de lui.
- Moi : Ça me dit toujours pas de qui tu parles !
- Jihéne : J'y arrive, Nessma... Je suis avec Redz.
- Moi : Enfin ! T'en aura mis du temps.
- Jihéne : Quoi ? Comment ça, t'es au courant ?
- Moi : Ça fait un moment que j’ai des doutes.
- Jihéne : Mais pourquoi tu m’a rien dis, ça fait des mois et des mois que j’me ronge les sangs et toi t’es déjà au courant depuis un bail !
- Moi : J’attendais que ce soit toi qui m’en parle.
- Jihéne : N’attends pas la prochaine fois, parle-moi direct. Bon t’en penses quoi ?
- Moi : J’ai pas mon mot à dire, l’essentiel c’est votre bonheur, le reste ça me regarde pas.
- Jihéne : Waouh si j’avais su que tu réagirais comme ça, jamais j’aurais attendu tant de temps !
- Moi : N’attend plus la prochaine fois que t’as quelque chose à me dire, t’es ma sœur, on se cache rien. Tu sais Jihéne j’ai aucun jugement ou approbation à vous donner. C’est pas moi qui vais faire ma vie avec mon frère, si lui il t’accepte alors t’as ma bénédiction. Tant que tu rentres pas trop dans les détails moi ça me va.
- Jihéne : Merci Ness.
La page est tournée, je ne mets pas un trait sur le passé au contraire il fait partie intégrante de moi, c’est lui qui me défini et fait la personne que je suis à présent, c’est lui qui m’a construit. Mais j’ai enfin compris, je ne veux plus souffrir alors je décide de commencer à remplir cette page vierge. Moi aussi je veux avancer, me projeter dans l’avenir. Alors certes demain c’est loin, mais à présent je suis armé et je peux tout affronter…
J'ai pris la décision de franchir les lignes que j'avais moi-même imposée, les règles que je m'étais fixées. Si je décide de vivre c'est parce que je sais que la vue qui m'attend de l'autre coté est spectaculaire…
Selon Abou Sa’id El Khodry, l’Envoyé de Dieu (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Les Croyants seront délivrés du feu. Ils seront arrêtés sur un pont jeté entre le Paradis et l’enfer. Là, ils solderont les mauvaises actions accomplies sur terre en compensant leurs méfaits réciproquement. Une fois les comptes apurés et qu’ils se seront purifiés, on les autorisera à entrer au Paradis. J’en jure par Celui qui tient l’âme de Mohammed dans Sa Main, que chaque Croyant découvrira dans le Paradis plus aisément son emplacement qu’il ne trouve la route de sa maison en ce monde. » (Rapporté par Al-Boukhari).