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J'ai passé une grande partie de ma vie à la recherche du bonheur, une quête inestimable qui nourrit nos existences et cicatrise nos cœurs. L'espoir d'atteindre cet hémisphère joyeux, cet endroit où tout paraît sublime, une courbe de vie calme et paisible semble résider dans cet eldorado. Plus d'une fois j'ai effleuré ce nirvana de sérénité pour finalement le voir s'exiler loin de mon être. J'ai longtemps pensé qu'à ma simple apparition il prenait la fuite, pour ainsi laisser le mal tisser une corde solide autour de mon existence. Une affliction si profonde qu'elle a fini par atomiser mes humeurs, malgré tout la patience a su nourrir ma détermination et Le Tout Puissant guider mes pas hors de ce fleuve de tourment. Mais à force de rechercher l'impossible l'éphémère prend forme, il nous laisse divaguer et on en vient à oublier qu’il faut regarder autour de soi car c’est là que les choses se passent. Trop occuper à admirer le passé, nos esprits contemplent les souvenirs heureux d’autrefois comme si on n’avait pas la vie devant soi… 

La vie bat son plein à chaque instant mais on est bien trop aveuglé pour comprendre que la clé du bonheur est là juste sous nos yeux… Elle apparait dans chaque lever et coucher de soleil, derrière chaque baiser déposés par nos parents, dans les sourires échangés avec les gens qu’on aime, dans la brise qui vient caresser nos cheveux. Mais encore, le bonheur se glisse sur la première goutte de pluie qui vient se déposer sur notre peau et ainsi raviver les souvenirs d’enfance, dans l’odeur des plats qui égaye nos papilles avant chaque repas, à chaque éclat de rire, à chaque fois que nos fronts touchent le sol, derrière chaque frisson qui hérisse nos cœurs de passion, dans le regard puissant que témoigne l’être aimé en notre direction… 


Le bonheur c’est tous ces petits moments anodins qu’on emboite les uns aux autres, toutes les choses qui nous semblent être insignifiantes mais qui au final sont tellement importantes. La simplicité du quotidien, les choses vraies, voilà la source. L’avenir se crée dans chacun de ces instants, les rêves s’évaporent de nos subconscients pour prendre forme et animer nos présents. Quand on prend le temps de vivre, qu’on accepte les coups que la vie nous porte et que nos blessures se transforment en force alors le bonheur atteint n’importe quel sommet d’exaltation. Conjuguer l’instant présent, aux doux moments qui se dévoilent à nous par cette vision de bonheur, mélangé au signal heureux que la vie nous offre, se sentir aimer et être aimé. J’ai trouvé le bonheur, depuis le début il était dans mon cœur… 

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Je fais le bilan de ma vie, impossible de ne pas parler de ceux que j'aime et de ceux qui ont marqué mon parcours, qui ont tatoués ma réussite.

Au jour d’aujourd’hui, Khadija et Soryan sont toujours mariés Ham dou lillah et sont maintenant les parents d’une petite Aicha née en décembre 2011. Le choix de son prénom est apparu comme une évidence pour Khadija et Soryan, une façon pour nous tous de faire vivre encore parmi nous une part de Yemma. Elle fait le bonheur de toute notre famille et surtout de ses parents. Elle est arrivée comme un cadeau d’Allah pour cicatriser nos plaies et nos blessures. On était tous dans une période noire après le décès de Jibril, l’avenir nous semblait si morose et incertain. Il a suffi qu’elle pointe le bout de son nez pour égayer à nouveau nos cœurs meurtris et nous redonner espoir en la vie. Il n’est pas de remède plus efficace pour réveiller les cœurs même les plus fermés que le sourire et les rires de joie d’un enfant. Aicha c’est notre rayon de soleil et d’espoir. Depuis qu’elle est arrivée dans nos vies, elle ne cesse de répandre de la joie et du bonheur dans notre famille. Personne ne résiste à son sourire et à son visage d’ange. Mon père est heureux d’être grand-père pour la première fois de sa vie, il prend d’ailleurs ce rôle très au sérieux, il l’a gâte autant qu’il le peut. J’aurais aimé que ma mère connaisse sa petite fille, qu’elle goûte elle aussi aux joies d’être grand-mère J’aurais aimé qu’elle soit présente pour l’accouchement de Khadija, qu’elle la guide dans ses premiers de maman, qu’elle serre dans ses bras sa petite fille mais malheureusement ce n’est pas possible. 


Soryan et Khadija sont comme des dingues avec leur petite princesse, le rôle de parents leur va tellement bien. Chaque jour qui passe je vois Khadija s’épanouir dans son rôle de maman et d’épouse, après la naissance d’Aicha elle a pris la décision d’arrêter son travail pour se consacrer pleinement à sa fille et à son mari. Petit à petit, elle a fait de son foyer un cocon douillet pour les deux amours de sa vie comme elle les appelle si souvent.


Quand je fais un bilan sur le parcours de mon ainée, une sensation de fierté s’empare de tout mon être. Quand je repense à tous les obstacles qu’elle a dû franchir pour en arriver là, je suis admirative de sa force de caractère et de sa combattivité. Elle a côtoyé les bas-fonds, les sentiers battus, elle a été dans un égarement certain pourtant, avec l’aide du Très Haut elle a réussi à s’en sortir la tête haute. J’ai tellement prié pour qu’elle soit guidée, qu’elle ouvre les yeux et prenne conscience qu’elle était en train de gâcher sa vie et par la même occasion s’autodétruire. La patience est une lumière qui a toujours raison des épreuves les plus difficiles. Petit à petit Khadija, est revenue sur le chemin de la lumière, elle s’est à nouveau engagée dans le sentier d’Allah. 
Elle a connu une période de sa vie ou son cœur était complétement hermétique à la religion et aux rappels, où tous les commandements et ordres d’Allah passaient au second plan. Elle préférait profiter de la vie comme elle me le répétait si souvent. Après la mort de Yemma, elle s’est laissée dépérir, elle a perdue espoir en la vie. Complètement obnubilée par la douleur causée par la perte de notre pilier, elle s’est résignée et a tout abandonné. Elle a essayé de combler le manque par ses fréquentations, par les sorties en soirée par sa relation destructrice avec Soryan et ceci dans le seul but d’occulter sa propre souffrance. C’était une manière pour elle de gérer cette épreuve terrible. Certains se tournent vers la religion cherchant refuge auprès du Très-Haut et renforcent leur foi par les épreuves, ma sœur quant à elle a choisi une autre option. Le retour vers le sentier d’Allah a été plus difficile et plus tortueux pour elle, sa prise de conscience s’est faite par petite étape elle est allée à son rythme mais le résultat est devant nos yeux. Je n’ai qu’une chose à dire HAM DOU LILLAH !

Je ne vais pas mentir, j’ai souvent perdue espoir pour elle mais jamais en Allah car j’ai appris qu’Il guide qui Il veut. Peut importe le degré d’égarement, Il peut envelopper la personne de sa lumière et la ramener vers Lui car rien n’est impossible pour Lui. Ne perdez jamais espoir en Lui quoi qu’il vous arrive et quelles que soient les épreuves qui vous affligent car la perte d’espoir peut mener votre cœur à l’égarement. Allah éprouve ceux qu’Il aime, alors si une épreuve vous accable soyez heureux car Allah pense à vous. Ne vous laissez pas gagner par la tristesse, ne restez pas abattues sous les poids des épreuves. Au contraire, redoublez d’efforts même si c’est difficile. Multipliez les actes d’adoration, les prières et les invocations. Rappelez-vous d’Allah dans l’aisance Il ne vous oubliera pas dans l’adversité.


Khadija et Soryan se sont repentis et continuent encore de demander pardon à Allah l’Exalté pour toutes les erreurs qu’ils ont commis dans le passé.

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Quelques que soient le poids de vos péchés, ne cessez pas de demander pardon à notre Créateur, il n’est de créature plus aimé par Allah que celui qui se repent après avoir commis un péché : 
Selon Anas (Que Dieu soit satisfait de lui), le Prophète (Paix et Bénédiction sur lui) a dit : Dieu - Exalté soit-Il a dit : « Ô Fils d'Adam! Tant que tu M'invoques et places en Moi ton espoir, Je te pardonne quoi que tu aies fait, sans y attacher plus d'importance. Ô Fils d'Adam ! Si tes péchés atteignaient les nuages des cieux, et qu'ensuite tu sollicitais Mon pardon, Je te l'accorderais, sans y attacher plus d'importance. Ô Fils d'Adam ! Si tu te présentes devant Moi avec autant de péchés que peut en contenir la Terre et qu'ensuite tu Me rencontres sans M'avoir associé qui que ce soit, Je t'accorderai un pardon à la mesure de tes péchés. » (Tirmidhi).

Et ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah, Il est certes Pardonneur pour celui qui se repent d’un repentir sincère

Allah, le Puissant et Majestueux a dit : «Et je suis Grand Pardonneur à celui qui se repent, croit, fait bonne œuvre, puis se met sur le bon chemin". » (Coran, 20 : 82).

« Allah possède cent miséricordes ; il a descendu une parmi elles sur terre avec laquelle les créatures se témoignent réciproquement de la compassion, ainsi le cheval et la chamelle lèvent leurs sabots pour ne pas blesser leurs petits ; et Allah a gardé quatre-vingt-dix-neuf miséricordes pour le jour du jugement ».
( Rapporté par Al-Boukhari )

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Quant à mon frère Rédouane, Jihène et lui sont toujours ensemble et vivent encore dans leur bulle d’amour. Malgré la pression que lui met continuellement Jihène, ils ne sont toujours pas mariés à l’heure actuelle. Mon frère a du mal à céder et à franchir le pas qui leur permettrait de s’unir enfin devant Dieu et surtout de sortir de cette relation hors mariage. Jihène et moi attendons avec grande impatience le jour où Rédouane se décidera à aller frapper au domicile des parents de celle qu’il aime pour faire d’elle sa femme devant Dieu.
Je ne cesse de lui faire des rappels sur les relations hors mariage, qu’elles n’obtiennent jamais l’agrément d’Allah pour perdurer sur le long terme. Je sais que mes discours font échos en lui mais il n’a pas encore trouvé de motivation assez forte pour se décider à aller demander la main de Jihène. Au fond de moi j’espère juste qu’Allah lui laissera le temps de réparer tout ça et de vivre sa relation avec Jihène dans le hlel (*le licite*).
Je pense que la vie à deux l’effraie un peu : porter les responsabilités d’un foyer sur ses épaules, fonder et assumer sa propre famille. Pourtant je sais qu’il ferait un mari aimant pour sa femme et un père formidable pour ses enfants.

Tout comme Khadija, lui aussi il en a fait du chemin depuis le départ de Yemma. Il s’est réfugié dans l’alcool pour tenter de noyer son chagrin, au final c’est lui qui a failli y laisser sa peau. L’accident dont il a été victime lui a fait l’effet d’un électrochoc, il lui a fait prendre conscience de la fragilité de son existence. Il aurait pu mourir ce jour-là, heureusement Allah en a décidé autrement, il a laissé un sursis à Rédouane pour qu’il fasse quelque chose de meilleur de son existence. Petit à petit, mon frère s’est détaché de tous ce qui lui empoisonnait la vie, de tous ces artifices qui font taire provisoirement la douleur de l’âme et donnent l’illusion d’un bien-être absolu.
Le travail a été long et difficile pour se débarrasser de ses vieux démons, mais grâce à l’aide de Jihène et surtout d’Allah il a réussi à redevenir le Rédouane qu’il a toujours été; celui qui était droit et respectueux, toujours présent pour sa famille. 
Nos vies ne tiennent parfois qu’à un fil sur lequel on s’efforce tant bien que mal de rester debout et marcher le plus droit possible, mais il suffit parfois d’un faux pas pour sombrer d’un côté ou l’autre. Notre échéance est définit auprès du Très-Haut, Seul Lui sait à quel moment nous quitterons cette terre et dans quelle posture nous le ferons, en attendant tachons de vivre nos existences de la meilleure des manières qu’il soit…

En faisant le bilan de ma vie, plus de peur que de mal, plus de perte que de drame... 

Mon cœur a été amputé mainte et mainte fois, il a vu sa parcelle vitale diminuer au vue des épreuves. Si je faisais le décompte de toutes les galères je n'en aurais pas fini, et encore moins s'il fallait que je compte les bienfaits qu’elles ont engendré pour moi, de chaque épreuve, de chaque malheur j'en tirais une leçon, je me faisais mes propres conclusions.

Pour ce qui est du couple qui a marqué mon cœur, celui d'Omran et Soumaya, j'ai compris une chose primordiale : l'amour n'a pas de frontière.
Au début, j'ai espéré qu'Omran s'intéresse à moi sans savoir que son cœur était pris depuis bien longtemps. L'amour nait d'un rien et grandi de tout... Je les ai vus se tourner autour, se déclarer la guerre, mais leurs yeux ont toujours reflété l'amour. Une histoire pas si simple entre deux personnes d'origines différentes, dans un monde où la tradition devance la religion. Et pourtant Dieu seul sait quel est le niveau de piété de Soumaya pour qu'elle soit dans un premier temps rejetée par le père de son bien aimé. C'est triste à dire mais il ne devrait pas y avoir de barrière à l'amour et encore moins des barrières géographiques. L'amour n'a pas de couleur, l'amour ne s'arrête pas devant deux êtres qui physiquement ne se ressemblent pas. La patience a eu raison d'eux et ils se sont enfin unis devant Dieu.

Le nationalisme ne devrait pas exister, l'amour en Allah devrait être notre seul moteur... 

Néanmoins, ils nous ont fait un mariage africano-maghrébin ... C'était une folie, un mariage auquel j'ai eu le plaisir d'assister. Je me suis amusée, j'ai vu les yeux de Sou briller d'amour, les gestes d'Omran marquaient un profond respect pour cette femme qui est désormais sienne…

Voir un si beau tableau me donnait envie d'être à leur place, il a eu lieu quelques jours avant l'annonce du décès de Jibril, j'ai profité sans savoir ce qui m'attendais. De plus, j'ai vécu cette cérémonie sans Jalil, je me sentais vide. Je voulais rêver de ce jour en compagnie de cet homme, je voulais lui en parler, lui dire que ce mariage faisait naitre en moi les mêmes envies, mais je ne pouvais que taire mes attentes dans un silence... 

Aujourd'hui, leur union à donner naissance à un petit ange : Ali Lassana. Un bonheur au quotidien, une piqûre de joie pour ses jeunes parents conduits par l'amour sur la route du bonheur...
J'enviais leur bonheur, mais j'ai eu ma part de bonheur moi aussi... A force de patience la joie à redessiner mes traits, et s'est tatoué sur mon visage.

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Il est rapporté que le Prophète ahleyi salât wa salam a dit : « Délaissez-le (l’esprit tribal, nationaliste), c’est une pourriture » (Rapporté par Muslim et al Boukhari).

Le messager d’Allah ahleyi salât wa salam a dit : « S’il se présente à vous celui qui vous a plu par sa moralité et sa vertu, mariez-le. Si vous ne le faites, il y aura du trouble sur la terre et un horrible ravage. » (Hadith assez bon, At-Tirmidhi et autres)

Le prophète ahleyi salât wa salam a dit : « On épouse une femme pour quatre raisons : pour son argent, pour sa classe sociale, pour sa beauté et pour sa religion, choisis plutôt celle qui est pieuse. » (Al Boukhari et Muslim )

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Le mécanisme qui actionne et rythme les fréquences de mes battements s’enclenche à toute vitesse. Chaque millimètre de mon corps s’engourdis sous les frissons qui l’inondent de plein fouet. Ton odeur enivre mon oxygène, et coupe mon souffle qui se cadence lorsque le tien vient se déposer sur ma peau, frémissante sous le poids de l’émotion intense que m’apporte cette sensation. L’émotivité de l’instant laisse mon être se paralyser, pourtant à l’intérieur c’est l’effervescence qui rythme les tambourinements de mon cœur, qui se resserre un peu plus que le temps défile. Sa main vient rejoindre la mienne pour me rassuré, l’inquiétude s’envole à la seconde même où je pose mon regard sur le sien. Une larme vient glisser sur ma joue, elle symbolise ce que ma bouche ne peut dire, ce que les mots ne peuvent exprimer, un poids s’envole mon cœur s’apaise. Une euphorie extrême explose à travers ce langage silencieux que nos visages laissent paraitre aux yeux de tous. Je tremble de l’intérieur, c’est un tsunami qui émerge de mes sens…

Les rêves se réalisent finalement, j’ai du mal à y croire et pourtant assis côte à côte, l’imâm récite notre avenir, il nous lie devant Allah et écrase ainsi tous les doutes, toutes les peurs, et, la douleur qui aimait, s’acharner sur nous a pris la fuite. Ensemble un futur s’offre à nous, à présent c’est toi et moi qui formons ce tout, l’adversité a fini par payer tu as fait de moi ton épouse et tu es pour moi l’homme de ma vie, celui qui m’a ramené à celle-ci, mon âme sœur, mon mari…

L’accord mutuel est prononcé, Baba n’a cessé de me regarder durant la cérémonie et je reste admirative devant l’homme fort qui a su se relever et continuer de vivre sans sa moitié, cet homme charismatique qui nous à élever et éduquer avec douceur et patience, force et bravoure, mon héros de toujours approuve de sceller notre amour en ce jour. Les cris de joie retentissent, mes battements de cœur se précipitent, son amour me transperce. Mon esprit vaque hors du temps, parce que malgré tout je pense aux absents, mes trésors bien plus précieux que n’importe quels joyaux en ce bas monde…

Yemma, si j’en suis là aujourd’hui c’est grâce à toi. L’absence se ressent, mais l’amour que je te porte illumine chaque recoin de mon cœur, ton âme flotte au-dessus de mon être et chaque pas que je foule s’ancre dans les tiens. La bienfaitrice de ma vie, la reine qui siège dans mon cœur. J’espère que de là ou tu es, tu es fière de moi et que tu approuves mes choix. Jibou, mon frère de sang, mon as de cœur, ma moitié fraternelle, dans ma mémoire tu es gravé et les promesses que je t’aie faites restent intactes.

Et si aujourd'hui, je peux bien tirer une leçon de ma vie c'est que l'amour ne meurt jamais. Je n'ai pas cessé de t'aimer Yemma, je ne pouvais plus te toucher mais mon cœur se projetait dans tes bras, j'essayais chaque soir de m'imaginer dans tes bras, au creux de ton épaule te racontant nos vies. Je rêvais de toi, c'était la seule manière pour moi de te garder près de moi, je ne voulais pas admettre la situation, je ne voulais pas admettre que je ne reverrais plus ton sourire, ni tes petits yeux malicieux couleur émeraude. Je me raccrochais au souvenir, je me raccrochais aux photos, à ce sentiment qui inondait mon cœur, cet amour sans faille que je te porte depuis toujours est encore ancré en moi aujourd'hui... 
Son absence m'a fait grandir, j'ai muri avec ce trou béant dans mon cœur. Je me suis endurcie, ma foi a grandi à force d'épreuves. Par ailleurs, je voyais de mes yeux tristes mon père garder la tête haute, les épaules lourdes de ses charges, il était devenu un modèle pour moi, souvent je priais pour avoir un homme comme mon père, que Jalil puisse avoir sa force. Mon père a porté toute notre famille à bout de bras en supportant l’absence de ma mère. Je l’ai vu se lever tous les matins aller se casser le dos au travail sans jamais se plaindre. Aujourd’hui ham dou lillah il profite de sa retraite pour se reposer et compenser toutes ces années de dur labeur. Il profite de son temps libre pour s’occuper de Nahla et Sofya, mes petites jumelles d’amour. Je dis « petites » car j’ai du mal à réaliser qu’elles sont en train de grandir et devenir des adolescentes. Elles ont 12 ans maintenant et pourtant pour moi elles resteront toujours mes petits bébés. Elles commencent à nous poser beaucoup de questions sur ma mère, elles veulent tous savoir d’elle. Avec les années j’ai l’impression qu’elles prennent conscience de son absence et du vide qu’elle a laissé dans nos vies… 

La perte d'un être cher remet les pendules à l'heure, elle nous rappelle que rien sur cette terre ne nous raccroche à cette vie. Mon cœur a été meurtri mais j'avais espoir que toutes ces épreuves me délestaient de mes pêchés, que chaque larme me lavait de mes erreurs, que tout ceci était signe de miséricorde de notre Seigneur... 
Le départ de Jibril m'a aidé à y voir plus clair, sur ma vie, sur mon histoire avec Jalil. "A chaque mal un bien"… Cette épreuve m'a permis d'être sûre de moi, de faire de mon avenir une certitude. Le temps nous prend de court, la mort sonne à notre porte alors que nos têtes sont encore pleines de rêves, c'est pourquoi l'absence de Jibril m'a conforté dans mon choix d'officialiser. La vie est trop courte pour continuer de vivre dans le haram (*l'illicite*), je voulais faire les choses bien avec lui. Je voulais pouvoir regarder mon frère dans les yeux sans avoir peur que son poing s'écrase sur mon visage, je voulais embrasser mon père sans avoir honte de mes actes...

"La mort est un rappel pour les vivants, les vivants ferment les yeux des morts mais les morts ouvrent les yeux des vivants..."

Dès que le mal gravite près de moi, je me bats pour toi… 
Les bleus de l’âme s’estompe, le temps ne guérie pas les plaies il les atténue, la douleur se minimise quand l’amour se joint à elle. Les souvenirs sont là, gravés en moi à jamais ils y resteront mais je ne vis plus pour les réanimer j’avance pour en fonder de nouveaux. Une seconde ère résonne, le malheur se dissipe il à céder sa place et ne règne plus près de nous. Les nuages qui assombrissaient mes journées s’évaporent pour laisser place à ces rayons de gaité qui surplombe mon horizon… 

-… : On y est enfin, Allah à enfin fait de toi ma femme ! 

-Moi : Tu regrettes déjà ? 

-… : Pas une seule seconde ma grosse.

Si tu savais mon amour à quel point tu me rends dingue, je voudrais hurler mon bonheur au monde entier, le scander sur tous les toits pour que chaque être humain sache que j’ai épousé mon premier amour. Divulguer que notre couple n’est plus à damner mais qu’il peut enfin s’aimer sans avoir à se cacher. Je suis en apesanteur, j’ai pris la poudre d’escampette celle qui mène au sentier de ton cœur, y entrer c’est vivre un paradis sur terre…

-Moi : Je t’aime Jalil.

-Jalil : Moi aussi ma femme.

Un regard, un être, un amour éternel…

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Anas (qu'Allah l'agrée) a rapporté d'après le Messager d'Allah ahleyi salât wa salam: "Celui qu'Allah lui procure une femme pieuse, Il l'a aidé dans la moitié de sa religion qu'il le craint alors dans la moitié qui reste". ( Tabarâny et Hâkim ont également rapporté ce hadith. Hâkim a dit que sa chaîne est authentique.)

'Abdullâh Bin 'Amr Bin EI-'As rapporte que le Messager d'Allah a dit:

"La vie est pleine de jouissances et la femme pieuse est la meilleure jouissance". (Muslim)

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C'est en partie grâce à mon frère que cet instant de pur bonheur a pu voir le jour.. Quelques mois plus tôt jamais je n'aurais imaginé me retrouver assise à ses cotes, et pourtant tout vient à point à qui sait attendre. L'attente, l'amie inébranlable de la peine, celle-là même qui se joue de nos tourments et aime à nous voir amer. Le temps, les épreuves, les pertes, les joies nous on mené à cette journée, qui restera à jamais gravé dans mon esprit… 

Pour la comprendre il faut remonter à ce passé douloureux qui aurait pu empoisonner nos existences si sheytan continuait de bercer nos esprits. 
Après l’altercation entre Yass et Jalil au sujet de notre union mon frère a été catégorique si Jalil venait demander ma main à mon père il lui ferait regretter amèrement son obstination. Jalil à accepter mais n’a pas pris la fuite, il m’a dit de patienter parce qu’il ne pourrait aller à l’encontre de son frère et qu’on devrait avoir son consentement avant de fêter quoi que ce soit, par respect. Alors il a tout fait pour prouver à Yass qu’il avait changé, que ses intentions envers moi étaient bonnes et non destructrices. Les choses ne se sont pas faites en un jour, le chemin a été très dur. Passé de la rue au monde réel n’est pas mince affaire, se lever tôt, enchainer les heures, accepter les règles et surtout bosser pour une personne qui ne vous voit que comme un larbin de plus. Et pour à la fin du mois percevoir un salaire de misère mais gagné à la sueur de son front et non celles des fauchetons. J’ai vu le changement opérer, la hargne se développer et l’homme se forger au fil des mois. La maturité grandissait et pourtant mon cœur s’est fêlé, mon frère l’a planté à nouveau. Un énième refus de sa part, la stabilité de notre couple a vacillé. Mon monde à continuer de sombrer, sous l’emprise de la peine, de la mort, de la perte j’ai craqué. Je suis devenue complétement folle, j’étais atteinte d’une maladie incurable, celle de la vie…

Un jour le vent à tourner, pas comme on l’espérait en fait. Yass est tombé, cette fois ci c’était celle de trop, celle qui change le court d’une vie. Il a pris une longue peine mais pas aussi grande que la douleur qui émane de cette nouvelle épreuve. La peine au sommet de son paroxysme, j’ai vu deux hommes se transformer, l’un sous l’emprise du sheytan l’autre sous la volonté divine… La décadence est brutale, je déteste la tournure qu’elle prend. Chaque fois que la vie s’apaise, une blessure vient se rajouter et heurter les probabilités qu’on se fixe. C’est là qu’on se rappelle que nous ne sommes que de simple être humain, l’avenir ne se prédit pas il est inscrit depuis toujours. Un chemin tracé par Le Très Haut, qui nous amène à penser que les peines infligées sont méritées. En vérité, derrière chaque épreuve envoyée se cache un bienfait, rien n’est question de hasard tout se suit et nous amène là où nos destinées se doivent d’être. Quelques mois après son incarcération il a demandé à ce que j’aille le voir… 

Face à face, les mots ont du mal sortir et nos gestes sont hésitants. Ça fait du bien de revoir son frère. Même si le mal qu’on a pu se faire à fini par détruire les liens fraternels qui nous unissaient, l’amour coule toujours dans nos veines. Son visage semble s’être adouci, et le contraste du lieu me fait sourire face à mon ainé qui ose à peine me regarder…

-Yass : Merci d'être venue

-Moi : ...

-Yass : Bon Nessma j’vais t’parler franchement, Jalil c'est pas un mec pour toi. C'est mon frère j'le connais, j’sais comment il est. Bref tu vois de quoi j'parle, j’vais pas t’faire un dessin t’es une grande fille maintenant. Jalil mon assoc qui vient demander la main de ma sœur, comment tu veux que j’le prenne ?

-Moi : Yass je te promets que c’est pas ce que tu crois.

-Yass : Laisse-moi finir stp, t’es la fille la plus droite et la plus intelligente que j’connaisse. A mes yeux y’a pas plus pure que toi, tu m’rappelle Yemma. Et tu vois t’imaginer dans les bras du plus gros vicelard que j’connais c’est pas possible. Pour moi t’es encore une enfant que j’me dois de protéger et quand j’l’ai entendu parler de toi j’ai péter un plomb. Déjà que c’est dur pour un frère de voir grandir sa sœur, si en plus j’la laisse épouser un gars qui la mérite pas j’m’en voudrais à mort. 

-Moi: ...

-Yass: J’ai eu pas mal de temps pour réfléchir, ici j’arrête pas de cogiter, tout le temps. Y’a beaucoup de choses que je regrette, les choix que j’ai fait m’ont ramené tout droit à la case prison et j’peux m’en prendre qu’à moi-même. Y’a des choses que j’ai pas digéré, comme la mort de Jibril et qui m’pousse à regretter tout c’que j’ai fait ces cinq dernières années. Le mal que j’vous fais endurer à chaque fois rien que pour ça j’me dégoute, la personne que j’suis devenue j’la haie autant que vous me haïssez. J’te demande pardon Nessma wAllah, j’veux que tu m’pardonne d’avoir été lâche et stupide envers toi, j’veux que Baba me pardonne d’pas avoir été à la hauteur, que vous tous vous me pardonniez.

Mes larmes ont coulé pas parce que son discours m’a ému et touché mais parce que j’en ai oublié que mon frère souffrait lui aussi depuis toutes ces années. Que derrière le personnage qu’il nous montrait se cachait le Yassine blessé et détruit par la vie. Inconsolable il a fini par mener son propre combat avec comme appuie l’égo d’un démon, l’envoutant dans un monde bourré d’utopies. Lui narrant de belles euphories par le biais de substances magiques, le sheytan lui a fait croire que les cauchemars s’effacent sous plane, les problèmes sombres sous les grammes. C’est un feu de détresse qu’il me lance et je regrette ma non-assistance…

-Yass : J’ai qu’une question à te poser, est ce que c’est vraiment lui que tu veux Ness ?

-Moi : Oui Yass, plus que tout.

-Yass : Alors dis-moi j’suis qui pour t’empêcher d’te marier ? J’suis un gros égoïste d’pas vous laisser faire, dans l’fond j’sais qui t’rend heureuse et même si sa m’énerve j’m’y ferais bien un jour !

-Moi : T’es sérieux ?

-Yass : Me fais pas regretter toi aussi.

-Moi : T’approuves que je m’unisse a Jalil, c’est pas une blague ?!

-Yass : T’as pas changé tu fais toujours mal au crâne ma sœur.

-Moi : Détrompes toi Yass, t’es pas un connard. Je t’aime mon frère et je m’excuse de ne pas avoir compris tout ça avant et d’avoir abandonné moi aussi.

Le prophète ahleyi salât wa salam a dit : "Quoi de meilleur que d'unir deux personnes musulmanes qui s'aiment?" (Rapporté par At tirmidhi)

J'ai formé cette bulle de bien être, ce cocon heureux qui me couve d'amour et apaise chaque cicatrice que le temps est venu déposer au cours de mon existence. J’ai déniché les ingrédients parfaits, un fin mélange entre la vie et la vie. Accepter et affronter avec désinvolture les épreuves, placer sa confiance en la Miséricorde d’Allah. Ma vie n’est pas parfaite, parfois quelques fausses notes assombrissent le tableau, mais je les accepte avec plaisir car je sais que là, derrière se cache des choses meilleures. L’histoire n’est pas toute rose, elle vacille entre le blanc et le noir mais le gris c’est mieux que rien…

 

La chronique s’arrête ici. Sachez que j’ai pris un énorme plaisir à vous conter ma vie pendant ces sept derniers mois, au fil des parties j’ai fait un saut dans mon passé, me remémorant parfois des souvenirs douloureux mais à travers vos messages et vos commentaires vous avez su être d’un immense soutien pour moi. Sans réellement me connaitre, vous avez partagé mes peines et mes joies sans jamais porter de jugement de valeur sur mon parcours. Mon passé est ce qu’il est, j’ai commis des erreurs j’ai souvent baissé les bras devant les obstacles, mais je me suis relevée et de mes faux pas j’ai construit mon présent. Ma vie n’est pas toute rose mais quoi qu’il arrive HAM DOU LILLAH… 

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Cette chronique ne rimerait à rien sans vous ! Alors un grand Merci à toutes celles qui m’ont lues, suivies et soutenues. Merci d’avoir attendues patiemment entre chaque partie, merci d’avoir commentés, merci pour celles qui m’ont fait des montages, qui m’ont laissé de jolis mots sur le mur de la page et de mon compte, merci à celles qui ont participés à la vidéo surprise organisée par Lisa, merci également à celles qui ont eu l’intention d’y participer mais qui n’ont pas pu. Merci pour tous vos encouragements, sachez que j’ai lu chacun de vos commentaires, messages, publications et qu’ils m’ont tous énormément touché. 
Quand je me suis décidée à me lancer dans l’écriture de cette chronique, je ne pensais pas réunir sur cette page les meilleures perles de Facebook, vous avez été pour moi bien plus que de simples lectrices. J’ai fait des rencontres extraordinaires même si elles ne se limitent qu’au virtuel. Vous ne vous en rendez peut être pas compte mais m’avez énormément apporté toutes autant que vous êtes, à travers vos réactions et tous vos messages j’en ai appris beaucoup sur moi-même et sur mon parcours. Je ne vous remercierais jamais assez d’avoir été là pour moi, d’avoir pris de votre temps pour me lire. Vous êtes des perles mes sœurs sachez-le, croyez en vous restez fidèles à vos valeurs dans n’importe quelle situation. Je vous demande de me pardonner si au travers de mes écrits ou de mes statuts, je vous ai offensé ou blessé. 

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Merci à Saroush La Moush, la première à m’avoir écouté et m’avoir poussé à me lancer à mon tour dans le monde des chroniques, tu as été une rencontre merveilleuse ma sœur ! 
Merci à Lisa « Lisouti » pour avoir été la première à me soutenir, merci pour tout le travail que tu as fait pour rendre ma page vivante ! Je n’oublierais pas tous tes efforts, que Dieu t’en récompense ! 
Merci à Rahiimé d’avoir créé la page de soutien : Pour Nessma la meilleure chroniqueuse 
Merci à Amanda Berki, Amal et Asena (Le monde des chroniques) pour toutes les pubs qu’elles m’ont faites pour me lancer ! Et merci à toutes celles qui ont conseillé et fait de la pub pour ma chronique.
Un énorme MERCI à toutes celles qui ont répondu présentes et qui m’ont suivi dès le début de cette aventure : 


Nathalie Cheviot « nanati », Elysa Sparkling Gasy, Géraldine Lila-Rose, Marinoush El, Ninisse l’Algérienne, Rahiimé Amel Palestinienne, Crokeuz d’Histoires, Rahma tcheek Sa, Noussa Graziella, Samah Samouha Feriel Yahlali, Loli Stikmou, Sofia Marokia, Laura Amri Bachelet, La Folle Andek, Safae Wilson, Salam l’Incognitus, Lilou Tmtc, Maissa Maissou, Myriam Amani, Ikram Benchickh, , Imane El joundi, Khadija El, Cassandra Lestienne, Sofia Ifersene, Farah Rocma, Hanna Marokina, Nour Muslima, Soumaya Atwood, Yasmine Labylka, Chaima Kartel, Laura Messi Rpzte Argentina, Lounna L’Djazairia, Pigny Pirès, Narimène Alouani, Sabrina Sédira, , Ines Fenniche, Soukayna El Anssari, Princess d’islam, Wawel Maghribiya, Widade Nasraoui Haddouche, Hanane Maftah, Tanjawiya Rifia, Doria Wonder Papaye, Sophia Houamria, Fatma Aboub, Iman Lectrice de Chroniques, Aziza la Mahboula, Ninna Ronaldo, Lectrices Deschroniques, Lectrice de Chro, Cherchepastu M’connaitpas, Assia Sab’Light, Lis des Chroniques Hella, Nami La Riffia, Anaiis Tshpmmpa, Hanane Tek’as, Eloise Arar, Aurélia Mahdjoub, Jiji Fouatih, Miimii Kibach, Rihouub Lh, Manel Toonsia, Ophélie Berrué, Mabeii Yougette, Amel Yeebda, Treizor l’Uunik, Siwar Cataleya, Allia Belhanda, Hazal Marbella, Mounia Fraihi, Sophia Annabiaa, Ouidad El bekkali, Anos’Anoussa, Shéryne Latifi, Safia Braham, Miissy Black Ya Comoriia, Zouzou Nd, Sirine Mlinda,Rania Falestinia, Louise Leguillon, Wahiba Rifia, Sousou Lbn, Sarah Bel, Farah Salafiyah Um Sayfullah, Nina many Land, Sofia Rifiah sah, Lea Machand Corrales, Jiihenne L’ancieenne.…

Désolée à toutes celles que j’ai oubliées, J’aurais aimé citer chacune d’entre vous mais c’est impossible ! En tous les cas, je vous remercie individuellement pour vos messages, vos « j’aime » sur les parties, vos encouragements et votre soutien et même les soumsoumeuses croyez pas je vous ai toutes repérés LOL. 
Pour finir, je vous souhaite le meilleur dans votre vie et la réussite dans tout ce que vous entreprendrez. 
Que Dieu vous comble de ses Bienfaits ici-bas et dans l'au-delà.
Qu'Il vous protège et qu'Il vous accorde à vous et à vos familles Son pardon.
Souvenez-vous de Lui dans l'aisance, Il se souviendra de vous lorsque vous serez en difficulté...
Que Dieu vous offre une vie paisible et qu'Il ne vous charge pas d'épreuves insupportables.
Prenez soin de vous, de vos proches et de votre foi.
Que Dieu nous guide et continue à nous guider.

Nessma, ma vie en KilodramesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant