« Ça m'touche mais j'reste debout
J'suis touché je reste debout
J'essaie de joindre les deux bouts
Ça fait mal mais j'reste debout
Ça m'touche mais j'reste debout
J'suis touché je reste debout
Mes vêtements sont plein de boue
Ça fait mal mais j'reste debout
Mes cicatrices sont comme mes larmes
Trop de fierté pour que je te les montre même si j'ai mal
Une grosse pensée à ceux qui ont perdu un proche.»
Les jours passent et se ressemblent. J’ai fini mon stage à l’hôpital et repris les cours, je continue de voir Omran dès que j’ai un moment de libre. Un matin avant de me rendre en cours, je reçois un appel sur mon portable d’un numéro non enregistré…
-Moi : Allo
-… : Nessma ?
-Moi : Oui c’est moi mais c’est qui ?
-… : Alors il suffit que j’parte une année pour que tu m’oublies toi…
Je reste figée quelques instants, portable en mains. Cette voix m’avait tellement manqué, comment ai-je fais pour ne pas la reconnaitre alors qu’on a partagé tant de moment ensemble. J’ai l’impression d’être dans un rêve et que tout ceci n’est pas réel. J’ai encore du mal à réaliser que c’est ma sœur que j’ai au bout du fil…
-Moi : SOUUUUUUUUUUUUUUUUUUU !!!!!!!!
-Sou : Arrêtes Nessma tu viens de m’éclater un tympan là
-Moi : AHHHHH !!!! Mais tu sais pas comment je suis contente là, Sou tu me manques trop c’est horrible, comment tu vas ? Alors c’est bien au Mali ? Pourquoi tu donnais plus de nouvelle ?
-Sou : Doucement Nessma, une question à la fois s’il te plait. Ecoutes je vais bien, ici c’est un peu galère mais bon El ham dou lilah malgré tout. Je suis désolée les nouvelles se faisaient rare en ce moment mais c’est le bled hein
-Moi : Mais c’est pas grave, je sais que c’est pas évident, tu me manques vraiment ma sœur
-Sou : Toi aussi Nessma wAllah, j’vais devoir te laisser juste une dernière chose je reviens en France très bientôt
Un large sourire se dessine sur mon visage, mon cœur explose littéralement de joie, j’ai envie de sauter en l’air pour extérioriser ma joie car je pensais ne jamais la revoir ou du moins pas de sitôt. Je me languis déjà d’être à son retour…
-Moi : AAHHHHHHHHHHHHH !!! Mais c’est génial Sou j’arrive pas à y croire tu reviens quand ? Je suis trop heureuse j’ai envie de crier
-Sou : S’il te plait arrêtes de crier dans le téléphone j’ai mal aux oreilles, Ness faut vraiment que j’raccroche là j’te rappelle pour te dire quand je reviens. Prends soin de toi
-Moi : Toi aussi Sou
Elle met fin à l’appel. Je me jette sur mon lit et cogite quelques instants en fixant le plafond. Je n’arrive toujours pas à réaliser ce qu’il vient de se passer, Sou revient sur le territoire français après une année passée au pays. Je me motive quand même pour me rendre en cours. Cette nouvelle vient d’égayer ma journée, je sors de chez moi le sourire collé à mes lèvres je crois qu’aujourd’hui rien en pourra enrayer ma joie de vivre. Je rejoins Jihène je n’ai pas le temps de lui parler du retour de Sou puisque le cours commence dès mon arrivée dans la salle. J’écoute la prof d’une seule oreille, je me force mais rien n’y fait je n’y arrive pas. Je repense à cette année écoulée sans la présence de Sou, au vide qu’elle a laissé dans ma vie en partant, à toutes ces nuits passées à repenser aux moments qu’on avait partagé Sou Omran et moi. En parlant de lui, je voulais lui envoyer un message pour le prévenir mais à la dernière minute je me suis dit qu’il valait peut être mieux que je le vois et que je lui annonce de vive voix. A la fin du cours, on sort manger avec Jihène…
-Jihène : C’est bon arrêtes de sourire comme une golmon Nessbatata.
-Moi : Mais tu sais pas je suis heureuse là !
-Jihène : Toi t’es amoureuse de ton Omran, ton sourire est trop suspect
-Moi : Mais nan, c’est toujours Omran avec toi. Tu veux que je dise pourquoi je suis heureuse ?
-Jihène : Vas y balance le scoop
-Moi : Sou revient en France !!
-Jihène : Ah ouais ça c’est du scoop ma sœur, à mon avis ça peut intéresser Public
-Moi : Wahh t’as vu comment que t’es Jihène, tu pourrais faire semblant de partager ma joie quand même.
-Jihène : Mais je rigole Nessbatata, nan sincèrement je suis contente pour toi tu vas retrouver ta sœur.
On finit de manger et repars pour achever la journée de cours. Comme durant la matinée j’ai eu du mal à me concentrer, j’ai hâte que les heures s’écoulent pour rejoindre Omran et lui annoncer le retour de Sou même si à mon avis elle a dû l’appeler pour le prévenir aussi. Les cours se terminent enfin, je trépignais d’impatience j’en avais assez d’attendre. J’avais qu’une envie c’est voir Omran, je le sais lui seul pourra comprendre et partager mes sentiments, après tout Sou il l’a connu avant moi. Ils ont grandi ensemble, je suis triste que le lien qui les unissait s’est effiloché ces derniers temps. Depuis son départ vers le Mali, Omran ne m’a plus jamais parlé de Sou il n’avait quasiment pas l’air affecté de cette séparation à croire qu’elle ne représentait pas grand-chose dans sa vie. Omran est sensé venir me chercher après la fin des cours. Je sors et le voit appuyé sur sa voiture. Je m’avance vers lui toujours le sourire aux lèvres…
-Omran : Wesh qu’est ce qui t’arrives ?
-Moi : Rien du tout, on y va ?
On monte dans sa voiture et on se met à rouler vers le parc où l’on a l’habitude de se retrouver tous les deux. Sur le chemin on parle de tout et de rien, j’en déduis qu’il n’a pas reçu d’appel de Sou sinon je pense qu’il m’en aurait parlé. Je décide donc de lui en faire part une fois arrivés à destination. Je regarde le paysage défilé par la vitre de la voiture et essaye d’anticiper la réaction d’Omran quand je lui dirais que Sou sera de nouveau parmi nous dans peu de temps…
On arrive après avoir parcouru une dizaine de kilomètres. Omran gare la voiture, quant à moi je le fixe avec un grand sourire…
-Omran : Ness tu m’fais peur là, arrête de sourire comme ça wesh.
-Moi : Mais je suis heureuse Omran c’est pas de ma faute
-Omran : Ouais j’sais t’es heureuse de me voir j’parie
-Moi : Euh nan pas vraiment
Il m’attrape le bras et le serre un peu en croyant m’intimider.
-Omran : Alors comme ça t’es pas heureuse de me voir ? Redis le que j’rigole un peu
-Moi : Mais c’est pas ce que je voulais dire, je suis heureuse de te voir mais pas seulement
Je m’arrête un instant et reprend :
-Moi : Sou elle revient !!
Son sourire s’efface en l’espace de quelques secondes, son visage s’est refermé. Je m’attendais à beaucoup de réactions mais surement pas celle-là. Je savais qu’il ne sauterait pas au plafond parce qu’il n’est pas très expressif mais là je suis carrément déconcertée par son comportement…
-Moi : T’as entendu ce que j’ai dit Omran ? Sou elle rentre en France
-Omran : Ouais c’est bon j’ai entendu tu veux que j’te dise quoi ? C’est bien pour elle
-Moi : Attends dis-moi que tu plaisantes là ?! Déjà quand elle est partie t’en avais rien à faire j’ai rien dit mais là c’est bon quoi, c’est quoi ton problème c’est ta shab (*amie*) avant d’être la mienne je te rappelle.
-Omran : Nessma commence même pas à monter le ton avec moi !!
-Moi : T’es pas sérieux là j’espère ?! En attendant de nous deux c’est toi qui crie donc évite d’inverser les rôles.
Son attitude m’a agacé et énervé, je sors de la voiture en claquant bien fort la portière. Je sais que mon geste a dû le mettre dans tous ses états. Sa voiture est un précieux bijou à ses yeux, mais à ce moment-là je ne suis plus en mesure de contrôler quoi que ce soit. Je bous intérieurement et je sens que je suis sur le point d’exploser parce que je n’arrive toujours pas à cerner ses réactions. Lorsqu’il s’agit de Sou il n’est plus le même, il change d’attitude et ce genre de choses peut littéralement me faire monter les nerfs. Omran me rejoins à l’extérieur de la voiture quelques instants plus tard, je pense que c’était le temps que la tension redescende un peu. Je dois avouer que je n’avais encore jamais vu Omran dans un état pareil. Il contenait sa rage je le sentais, il était énervé mais ne me le montrait pas. Il reste à côté de moi sans parler, s’il compte sur moi pour briser le silence il va attendre longtemps, je suis déterminée à ne pas faire le premier pas. Je n’ai rien fait de mal à part peut-être lui parler de Sou. Je suis consciente que c’est devenu un sujet tabou entre Omran et moi et je deviens folle de ne pas savoir pour quelles raisons. Je regarde droit devant moi, je ne veux pas prendre le risque de croiser le regard d’Omran parce que je suis devenue faible face à lui. Je serais capable de m’excuser pour une erreur que je n’ai pas commise, depuis un moment il a un pouvoir sur moi que je n’explique pas…
-Omran : C’est bon Ness, excuse pour ce que j’ai dit.
Je fais mine de bouder et surtout j’évite au maximum de le regarder sinon je pourrais perdre en crédibilité. Je me rends compte que j’ai baissé ma garde, je me suis attaché à lui. je suis consciente que je fais pas le poids face à lui…
-Omran : Allez fais pas crari tu boudes Nessbatata
Il a dit ça en imitant Jihène, je ne peux pas m’empêcher d’esquisser un petit sourire, je savais que je ne tiendrais pas très longtemps il trouve toujours quelque chose pour détendre l’atmosphère. On est adossé sur le capot de sa voiture, aucun de nous ne parle mais je crois qu’il a compris en me regardant que je n’étais plus fâchée contre lui, je n’ai pas eu besoin d’en rajouter. Il me prend la main et serre très fort, je suis quelque peu surprise par son geste mais au fond de moi je suis touchée. Je sens sa main trembler dans la mienne, j’ai le cœur qui s’emballe tout seul, j’ai chaud et froid en même temps…
-Omran : Allez j’te ramène chez toi Beyoncé
Je le suis sans rien dire, il m’ouvre la portière de la voiture et je m’engouffre à l’intérieur. Le trajet se fait dans le silence complet, il laisse tourner la radio pour combler le vide. Quant à moi je me contente de le regarder du coin de l’œil, il est soucieux je le ressens mais j’ignore ce qui peut le tracasser à ce point-là. Il a la tête dure, je sais qu’il ne lâchera rien j’aurais beau le harceler pour qu’il se confie à moi il ne le fera que le jour où il l’aura décidé et pas avant. Je n’ai plus qu’à m’armer de patience, il finira bien par me lâcher le morceau un jour ou l’autre. On arrive à quelques kilomètres de chez moi, depuis que Jalil me surveille ces derniers temps je ne veux pas prendre le risque qu’il me voit une nouvelle fois avec Omran. J’ai surtout peur qu’il aille en parler à mon père, Jalil est instable je n’arrive toujours pas à le cerner et je ne sais pas de quoi il est capable. Je finis le trajet en bus…
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Les jours passent et rien de spécial ne m’arrive. Tous les jours j’attends avec impatience que Sou me rappelle pour me donner la date de son retour. Mais chaque jour sans nouvelle d’elle affaiblit l’espoir de la revoir un jour, j’en viens même à me demander si je n’ai pas rêvé cet appel. Je prends mon mal en patience en attendant qu’elle me recontacte, je me rends compte que son retour en France ne se fera pas du jour au lendemain. Alors en attendant, je fais de mon mieux pour continuer de vivre quand même. Je me force à penser à autre chose et à me concentrer sur les cours. Jihène m’aide bien aussi comme d’habitude j’ai envie de dire, je sais que quoi qu’il en soit je pourrais toujours compter sur son soutien. Elle me redonne de la force quand j’en manque, de la joie de vivre quand mes batteries sont à plat, de l’espoir quand je suis au plus bas. C’est une personne formidable avec le cœur sur la main, je ne la remercierais jamais assez pour tout ce qu’elle m’a apporté…
J’aimerais dire qu’Omran me soutient aussi mais ce serait mentir parce que depuis que je lui ai annoncé que Sou revenait en France il fait le mort. Malgré les coups de fils et les messages que je lui envoie il me laisse sans nouvelle de lui. Je ne sais même pas s’il va bien et je ne peux me renseigner auprès d’aucun de ses amis puisque je ne les connais pas très bien. Je dois reconnaitre que je vis assez mal le fait qu’il m’ait écarté de sa vie sans me donner de raison. Mais quoi qu’il arrive je ne le montrerais pas, s’il veut continuer son chemin sans moi qu’il le fasse. J’ai tenté de renouer le dialogue avec lui, comprendre ce qui le tourmente de cette manière mais il n’a pas voulu de la main que je lui tendais. Je continue ma route sans lui ce n’est pas toujours facile mais je tente par tous les moyens de rien laisser transparaitre de mon état…
Un jour comme un autre, je sors des cours et me rends à l’arrêt de bus pour rentrer chez moi. Ecouteurs aux oreilles, je me plonge dans la musique qui tourne sur mon Mp3. Les souvenirs remontent à la surface, je repense à ma vie et surtout à ma mère. Toutes mes pensées lui sont destinées, chaque obstacle que je franchis c’est pour qu’elle soit fière de sa fille, chacune de mes réussites te sont dédiées Yemma. C’est souvent dans les moments où mon moral est au plus bas que son souvenir envahit mon esprit. Le temps ne me guérit pas, rien n’y fait son absence me ronge. Je ferais n’importe quoi pour revoir son sourire une dernière fois, la serrer dans mes bras et lui dire que j’ai encore besoin d’elle dans ma vie, que quoi je fasse je ne réussis pas à combler le vide qu’elle a laissé dans mon cœur. Je sens les larmes prêtes à couler, je les ravale parce que je sais que si je craque maintenant je ne me relèverais pas. Un klaxon de voiture me sort de mes pensées, je n’y prête pas plus attention que ça…
-… : Ow Nessma
Je dirige mon regard vers la voiture, je suis surprise de voir que c’est celle d’Omran et que c’est lui qui m’appelle. Je le regarde un instant et détourne mon regard de lui. Je ne bougerais pas, je le laisse se déplacer s’il veut quelque chose après tout c’est lui qui me fuit depuis plusieurs jours. En peu de temps qu’il ne faut pour le dire, il se retrouve devant moi…
-Omran : Ness, viens avec moi
-Moi : ….
-Omran : Ness viens s’il te plait en plus je suis mal garé là
-Moi : ….
-Omran : Azi debout tu feras la gueule dans la ture-voi si tu veux.
Il a l’air déterminé à ce que je le suive, après un moment d’hésitation j’écrase ma fierté et ma rancœur pour le suivre et entendre ce qu’il a me dire. On roule dans le silence le plus complet, il tapote nerveusement sur le volant de sa voiture. On arrive dans un parking désert. Je le sens hésiter un peu à prendre la parole, en tout cas j’espère qu’il s’est armé d’une bonne excuse pour justifier son absence…
-Omran : Ness j’suis désolé, j’avais des soucis que j’devais régler c’est pour ça que j’tai boycotté
-Moi : …
-Omran : AZI NESS PARLE LA TU M’ ZAHAF (*m’énerve*) A FAIRE LA MEUF
Je le regarde avec stupeur, je rêve ou il est en train de me gueuler dessus alors que c’est lui le principal fautif dans cette histoire…
-Moi : Déjà Omran tu me cries pas dessus, je t’ai pas suivi pour que tu me tapes ta crise. T’as des soucis d’accord mais t’es pas obligé de m’ignorer comme tu l’as fait. Tu m’as mis sur le côté et ça m’a fait mal.
-Omran : WAllah j’suis désolé j’le sais j’ai mal assuré sur ce coup-là. Allez Ness on va pas s’embrouiller pour walou (*rien*).
-Moi : Tes soucis concernent Sou ?
-Omran : Tu l’fais exprès là ? J’te parle de nous et toi tu m’ramènes Sou dans l’histoire, sah (*sérieux*), j’m’en tape de son retour alors arrête avec ça… Elle s’est barrée comme une lâche qu’elle revienne ou pas c’est la même pour moi.
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai du mal à le croire quand il me dit que son retour ne lui fait rien parce que son attitude me prouve le contraire. Mais aujourd’hui je n’ai pas la force de me disputer avec lui alors je fais semblant et je me dis que c’est peut-être moi qui m’imagine des choses qui n’existent pas. La seule chose dont je suis convaincue c’est que sa présence à mes côtés m’a manqué et je ne veux pas gâcher nos retrouvailles avec mes doutes. Il me prend dans ses bras et on reste comme ça à discuter…
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Un mois vient de s’écouler nous sommes en mars, l’hiver a laissé la place au printemps et les premiers rayons du soleil commencent à percer et remplacent la grisaille et le froid. L’appel que j’attendais tant est enfin arrivé, Sou m’a confirmé qu’elle rentrait avec toute sa famille à la fin du mois. Je suis tellement impatiente de la revoir, la serrer dans mes bras et que tout redevienne comme avant…
Louange à Allah, Bienfaiteur Miséricordieux. Paix et bénédiction sur son Prophète, Mohammad Ibn Abdallah, Ultime envoyé d'Allah. Guide des législateurs. L'envoyé d'Allah Mohammad, salla Allah u alihi wa sallam, (à lui bénédiction et salut) a dit: «Qu'Allah embellisse le visage de qui, ayant entendu ma parole, la conserve dans son cœur, puis la transmet à d'autres, telle qu'il l'a entendue».
Le Saint - Prophète, salla Allah u alihi wa sallam, a dit : «Celui qui étudiera quarante Hadihts pour le bienfait de mes partisans, Allah l'élèvera au jour de la résurrection parmi les saints et les Martyrs et lui dira entre au Paradis par la porte que tu désires.»