« Si notre planète se réchauffe, c'est qu'on se rapproche de l'enfer. »
J'ouvre enfin la porte... Non, je ne rêve pas...
- Moi : Arrêtes, 3afek (*s'il te plait*)... T'as pas le droit de nous faire ça... Parles, dis-moi quelque chose...
L'hantise de faire un pas vers lui m'infecte par petites doses de répugnance... Je ne suis plus qu'une jeune femme dont les rêves ont été censuré par les principes des HLM, un lieu de culte sanguinaire où l'espoir s'envole à travers les tours... Tu essayes de l'attraper mais en vain il prend son envol et te fait crever...
« Ce ne sont pas les murs qui font la cité mais les hommes. »
Je suis certaine qu'il me reste ne serait-ce qu'un petit bloc de bonheur égaré ou cherchant refuge au milieu de ces blocs inondés de rêves n'ayant pas rencontré la réalité...
- … : HAHAHA !
Ébahie... Que dire face à ce comportement dépourvu de sens ? Où dénicher les mots les plus corpulents afin de se lancer sans bouclier au bras gauche dans cette lutte effervescente ?
- Moi : PFF
Je m'en vais trouver refuge dans la chambre de Yemma, lui conter mon spasme fendu... Entends-tu mon cœur qui crie qu'on lui vienne en aide ?
Depuis le début, je savais que ton départ allait avoir des conséquences acariâtres au sein de notre famille mais je n'avais pas prévu que nos liens se déchiquettent, que je perde à tout jamais mes frères, ma sœur... Bientôt, je me perdrai moi-même...
Quelques minutes à inspirer le parfum que tu as laissé derrière toi dans ce lieu, quelques secondes à t'imaginer tout prêt de moi, quelques...
… : T'as besoin de t'faire dresser Nessra... Euh, Nesswa
Redouane, non... Je t'ai laissé dans ta chambre avec cette chose mais ne viens pas propager ton poison dans ce lieu où mes narines ne cessent de ressentir une longue allégresse.
- Moi : Redouane, sors ! Matehshemsh ? (*T'as pas honte* ?)... Ramènes pas ta merde ici !
- Redouane : T'inquiètes, je gère... Ouais ouais ouais
- Moi : Putain, tu t'rends même pas compte de c'que tu fais là... Starfou Allah, jètes-moi cette bouteille !
- Redouane : Quoi ? Hein ? J'la jète ? Haha
- Moi : Redouane, depuis quand tu bois ?! Hram a3lik !
- Redouane : Ya zeh... C'est du bon wesh
Il m'arrive de me demander pourquoi je ne peux pas vivre les yeux fermés ? … Néanmoins, je reniflerais tout de même l'aliénation qui me poursuit à coups homicides...
- Moi : Khlass (*Stop*) ! J'en ai trop fait, j'suis épuisée ! Redouane, j'vais même pas te faire la morale ou quoi, j'te demande juste de dégager d'ici ! VAS-T'EN !
- Redouane : …
- Moi : PUTAIN, DEGAGES !
- Redouane : Quoi ? Moi, je dégage ? Haha ! Tu veux pas t'prendre la bouteille dans ta sale race balek (*peut-être*) !?
- Moi : …
- Redouane : Réponds sale khamja (*crasseuse*) !
Ce sont des journées comme celles-ci qui me carbonisent mon être d'un feu doux qui prend de l'ampleur en fonction de mes battements de cœur jusqu'à devenir un incendie... Seule la matière humide de mes larmes pourra éteindre ce feu. Une fois éteint, je me verrais autour d'un sentier de décombres noirs...
Je n'ai en aucun cas envie de lui répondre, engager une conversation avec un homme vide d'esprit, un homme enivré par ce fluide satanique qui s'abreuve en lui par de mesquines gouttes venant tout droit du bagne de Léviathan, ce démon à la gueule ouverte avalant les âmes, une représentation de l'entrée des enfers.
Je me lève pour rejoindre la porte et m'en aller mais Redouane m'attrape violemment en me tenant par le col et me propulsant contre la porte... Par la même occasion, ce liquide gorgé de supplice et de martyr coule dans ce lieu où Yemma se prosternait à longueur de journée... Redouane, pourquoi as-tu briser cette bouteille ici ? …
Il me fixe de ses yeux rouges telles les flammes de l'Enfer, un regard plein d'aversion profonde qui me guillotine ma cage thoracique en me trucidant tout souffle...
Il approche lentement son visage du mien... Je renifle peu à peu cette odeur qui m'était auparavant inconnu, un parfum infect, nauséabond,...
Il me sert mon col de plus en plus fort puis se décide à m'expulser sur le lit de mes parents...
Lors de ma chute sur ce lit, j'ai entendu le bruit d'un objet qui tombe... Néanmoins, Redouane ne me laisse pas le temps de chercher du regard le sol qu'il me saute dessus et m'enchaîne de coups... Oui, continues d'endommager le peu qu'il me reste. Poignardes-moi en plein cœur, même pas une goutte de sang n'y coulera...
Quelques minutes plus tard, il s'arrête en me fixant avec insistance plus précisément en dévisageant mes yeux...
- Redouane : Putain ! Pourquoi ils sont comme ça !? POURQUOI ?? Parles zeubi !
- Moi : …
- Redouane : REPONDS ZEUBI ! J'SUIS PAS UN ZEMEL (*PD*) POUR PARLER TOUT SEUL MERDE !
- Moi (la voix tremblante) : Euh... Bah... J'sais pas moi... J'sais même pas de quoi tu parles...
- Redouane (en pointant mes yeux) : Ça là, putain ! Pourquoi t'as des yeux comme ça zeubi !? POURQUOI !?
- Moi : Redouane, lâches-moi ! Laisses-moi partir !
- Redouane : Putain d'yeux, les mêmes qu'elle !
- Moi : Redouane ! Qu'est-ce tu m'racontes là ?! L'alcool, ça t'as vraiment rendu fou... T'oublies ce que Yemma aurait ressenti en te voyant comme ça hein !? Tu penses qu'à ta gueule, c'est ça ?
Égaré, damné... La vie ne tient qu'à un fil et le tien a été coupé par les ciseaux déchaînés de la mort...
Il cesse de me regarder et pointe son regard vers la photo posé sur le chevet de Baba... Une photo prise alors que je n'étais pas encore de ce monde. Elle représente Yemma avec de son côté droit Khadija, de son côté gauche Yassine et Redouane dans ses bras, encore beaucoup trop jeune pour tenir debout.
- Redouane : Ouais, ouais... Nan, j'oublie pas... Nan, j'oublie pas... (en se tenant la tête) Nan, comment oublier !? J'essaye d'oublier pourtant ! Regardes tout c'que j'fais juste pour oublier qu'elle est... Qu'elle est partie... Qu'elle est morte !
Je tourne dans un film... Loin des feux projecteurs, ma vie est illuminée par la misère me menant au fin fond de la cavité de mon fardeau...
- Moi : C'est pas en côtoyant le haram (*l'illicite*) que tu vas oublier...
- Redouane : Et t'as cru qu'en te regardant tous les jours, je vais oublier !? T'as les mêmes yeux que Yemma zeubi !
- Moi : Mais t'as pas besoin d'oublier ! C'est la volonté d'Allah ! Tu dois faire face et pas fuir...
- Redouane : Putain, tu mérites qu'on t'remette en place à toujours parler comme ça !
- Moi : ...
- Redouane : Arrêtes de tout l'temps chialer zeubi ! Tu fais mal au crâne, ya zeh !
- Moi : Bref, tu nettoies tout ça ! Moi, j'vais chercher les jumelles...
- Redouane : Crois pas j'suis un zemel (*PD*), c'est toi qui vas ramasser tout ça
Je le regarde dans les yeux et s'en va en claquant la porte derrière... J'ai trouvé sa faiblesse... Mes yeux...
Je me lève du lit et marche sur la pointe des pieds pour ne pas me prendre un bout de verre. Arrivée au niveau de la porte, je jette un dernier coup d'œil sur cette chambre...
Le seul trésor qu'il me reste se trouve au beau milieu de cette marre d'alcool... Je repense à toi qui me l'avait offerte quelques mois auparavant... Cette chaîne qu'il me reste en guise de souvenir... Même si ce souvenir me broie un peu chaque jour et qu'il ne cesse de charcuter ma cicatrice qui tente si bien que mal de se cadenasser...
Aujourd'hui, la voilà nageant dans cet étang de spleen si vivement répandu...
Les jours suivants, Redouane fut très distant. Je voyais qu'il s'en voulait d'avoir agit ainsi, sous l'emprise de l'alcool...
L’histoire de la tentation d’un homme, à qui une femme des bani israel, donna le choix, de boire du vin, ou de tuer un enfant, ou de pratiquer la fornication avec elle.
L’homme cru donc, que boire l’alcool serait le plus facile des choix ;
Il bu donc l’alcool, puis perdit conscience, forniqua avec la femme, et enfin tua l’enfant.
Rapportée par uthman radyallahu ‘anhu, ds le sahih an nissaii.
Le Prophète Mohammed (paix sur lui) a dit dans Sounan Ibn-Majah, Volume 3, Livre des Intoxicants, Chapitre 30, Hadith No. 3392:
"Tout ce qui peut intoxiquer en grande quantité est interdit en petite quantité."
Il n'y a donc aucune excuse pour un "petit verre".