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« J'vends pas de drogues mais tout c'que j'fais est Stupéfiant. »



La routine était mon quotidien. Khadija continuait à suivre le chemin du bien tandis que Yass se conduisait de plus en plus comme un chien. Afin d'arranger les choses, il ne faisait rien pour recoudre nos liens... Jusqu'à ce fameux soir …


Un soir, comme tous les soirs d'ailleurs, je finissais de préparer à manger dans la cuisine lorsque tout à coup, j'entendis la porte de dehors claquer. Cela devait surement être Redouane qui venait de rentrer. Je continue de cuisiner... Jusqu'à ce que j'entende une voix crier mon nom : « Ness ! »

Mais que me veut-il encore ? Sa voix le trompe, il m'a appelé d'une manière si hésitante que moi-même j'hésite à quitter la cuisine pour le rejoindre.

« OW ! NESS ! VIENS ZEUBI, M'OBLIGE A M'DEPLACER TA RACE »

Bon, j'exécute ! Je me marche lentement vers sa chambre... J'ai peur, que me veux-t-il ? Je m'imagine mille et une scène toutes aussi violentes les unes que les autres. 
Je pose ma main sur la poignée de sa chambre, je la baisse lentement mais, moi, dois-je baisser ma garde face à lui ?

Je me retrouve face à lui, il a l'air fatigué, j'aperçois le rouge de ses yeux comme s'il était sous tise. D'ailleurs, j'espère ne jamais le voir en état d'ébriété, mon souhait est de toujours pouvoir le voir dans le blanc de ses yeux. J'ai mal de le voir si exténué mais je sais pertinemment qu'il ne fera rien pour atténuer son sort.
Mon frère, je sais que tu vas mal, que l'argent sale t'a embobiné, je sens ta douleur que tu tente de dissimuler mais sache que l'argent sale ne flaire pas ton mal-être.

Il a pris ses distances avec moi pendant plusieurs jours et le voilà de retour. On dit souvent que prendre ses distances permet de prendre la bonne décision. J'espère que mon frère a fait bonne usage de cette distance, qu'il a réfléchit aux répercussions de ses actes.

« Ferme la porte »

Je crois bien que c'est ma fin...
Il se lève de son lit, se rapproche vers moi et me tiens par les épaules.

- Yassine : Euh... Ness... Ça t'dit qu'on sorte ?

J'ai l'impression d'avoir mal compris, je m'attendais plutôt à une dispute qui tourne au vinaigre ou un conflit se terminant par la violence. J'aimerais lui dire « Haha, tu m'fais rire toi ! T'as vraiment cru que j'allais m'balader avec toi, sortir de notre tour par le hall où tu m'as démoli ?! »... Néanmoins, je n'avais pas la force de le contrecarrer et puis, en acceptant, je pourrais enfin avoir des explications. Tu m'as blessé... Blessé autant psychologiquement que physiquement. Même en essayant de lire à travers ma blessure, tu ne seras pas en mesure de la déchiffrer tel un analphabète.

- Moi : Ouais...

Je sors de la chambre, vais voir Khadija pour lui dire de prendre le relais dans la cuisine et je sors, accompagnée de Yass.
On monte dans sa voiture... Le silence bat son plein...

- Moi : Euh, Yass ?

- Yassine : Mmmh ?

- Moi : Dis-moi, qu'est-ce qui t'es arrivé ? Pourquoi tu m'as fait ça ?

- Yassine : J'suis pas un PD pour que ma reuss monte dans la vago d'un mec ! En plus, mon kho, zeubi !

- Moi : Oui mais je savais pas que ça allait être lui ! T'aurais pu chercher une explication...

- Yassine : Hassoul (*Bref*)...

- Moi : Et au fait, pourquoi tu parles de moi à Jalil ?

- Yassine : Haha, t'es marrante toi ! Moi, Yassine ******, parler de toi à mon pote ? Fonce dans l'mur

- Moi : Ouais bah apparemment tu lui aurais dit que j'te cassé les klewis à t'faire la morale en essayant de remplacer Yemma alors que je lui arrive pas à la cheville

- Yassine : Putain, il va voir c'batard... T'inquiètes, c'est sur le coup, quand j'ai les nerfs

- Moi : Tu sais il m'a dit que tu m'aimais bien malgré tout...

En guise de réponse, il se contenta d'un petit sourire.

Nous sommes arrivés au McDo, nous nous sommes installés et il m'a demandé d'aller commander pendant qu'il allait fumer. La queue était tellement interminable que quand je suis me suis dirigée vers la table, Yassine était déjà de retour... Mais, en face de lui, se trouvait une femme. Je la scrute du regard mais je ne parviens pas à mettre au clair son identité. A vue d'oeil, je dirais qu'elle possède la majorité des caractéristiques d'une « kehba »

Je m'approche de la table mais ils s'arrêtent net de parler. La « kehba » me regarde de haut en bas et regarde Yassine :

- Ah, c'est elle ta nouvelle proie ?!

- Yassine : Nan, elle, c'est ma deuxième femme après ma mère... Allez, casse-toi, sale pute !

La « kehba » est partie en affichant bien son déhanché et je repris ma place :

- Moi : C'est ta meuf ?

- Yassine : Nan, nan et puis, la seule femme que j'aime est déjà prise

- Moi : Ah bon ? Par qui ?

- Yassine : Baba... 

Oui, t'es bien mignon mais tes belles paroles ne suffisent pas pour amadouer Yemma. Elle t'a porté dans son ventre pendant neuf mois, comblée et joyeuse. Elle s'endormait péniblement et se levait douloureusement. Elle t’a porté en endurant pour toi peine sur peine et douleur sur douleur. Néanmoins, malgré tout, l'amour qu'elle te portait n'a jamais faibli et elle portait la joie de t'avoir. Plus les jours passaient , plus son amour pour toi ne cessait de prendre des dimensions énormes, plus sa volonté de te voir ne cessait d'augmenter. Elle était heureuse lorsqu'elle ressentait dans son ventre un de tes mouvements. Elle se réjouissait lorsque tu prenais du poids bien que sa grossesse lui fit vivre un calvaire. 
Tu as enduré un challenge héroïque afin de lui donner la vie mais il n'a pas su en faire bon usage mais bon, on ne peut pas aller à l'encontre du Mektoub... Ca serait comme essayer de boire son bol de lait avec une fourchette ou bien même stopper un tsunami avec son corps.


Nous prenons le chemin du retour, le silence est toujours omniprésent jusqu'à ce que le téléphone de Yassine sonne :

- Ouais kho ! T'inquiètes, on va s'mettre bien

- … : …

- Yassine : Ouais, ouais, on va remporter le gros lot avec tout ça, vas-y, j'arrive dans 10 minutes, Jalil

Toujours en train de suivre ce con de Jalil ! Yass, tu vis seul, tu vas mourir seul. Ouvre les yeux ! La bicrave t'a endommagé tes yeux, tu ne perçois plus que le mal et tu regardes de travers le bien.

J'aimerais tellement te dire qu'en poursuivant ainsi, ta chute est au bout de la porte, elle va bientôt s'ouvrir. La vie est belle, tu gagnes de plus en plus d'argent sale, tu ne cesse de monter dans le biz pour bientôt faire parti des « Grands ». Mais, saches que quand tu atteindras le sommet de cette hiérarchie, l'atterrissage ne se fera pas progressivement, ta chute sera fatale. Prépares un parachute avant qu'il ne soit trop tard khouya (*mon frère*)...
Ton seul parachute n'est d'autre que l'Islam, cette religion que tu as délaissé afin d'en pratiquer une autre, la bicrave dont le Dieu est la tess, le lieu de prière, les caves, le livre sacré a été remplacé par une maudite poudre...

- Yassine : Ow, Ness ! Il t'arrive quoi ? Souris, amuses-toi ! On a qu'une vie, crois pas tu vas vivre deux fois

- Moi : Ouais et toi, crois pas tu vas mourir deux fois ! Seulement ta première mort sera décisive pour ta seconde vie le Jour du Jugement

- Yassine : Ouais mais j'ai pas eu d'chances dans ma vie...

- Moi : Pas de chances dans ta vie ? Yass, t'as déjà eu la chance d'être né...

Le Sheytan se joue de toi mais tu perdras à tous les coups à ce jeu car le Sheytan te mène par le bout du nez... Ton nez qui n'a comme expérience que de flairer la coke pour se faire des sous.

Toi, qui était invincible, tu t'es fait manipuler par la rue, tu as collaboré avec le Sheytan qui est devenu ton patron. Tu la préférais car il te paye plus, c'est bien cela ? Vous avez signé votre contrat et tu lui as serré la main gauche.
Khouya, un conseil... Au lieu, de serrer la main au Sheytan, serre ta ceinture car le choc va te coûter cher...





D’après Ibn Abbas (P.A.a), une femme issue de la tribu Djouhayna se présenta au Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) et dit : « Ma mère avait formé le vœu d’accomplir le pèlerinage, mais elle est morte avant de le faire. Devrais-je le faire à sa place ? » - « Oui, faites-le à sa place. Ne voyez pas que si votre mère avait contracté une dette, vous la régleriez ? - Réglez ce qui est dû à Allah car Celui-ci mérite plus que tout autre qu’on lui paie Son dû ». (Rapporté par Boukhari, 1754). 

Nessma, ma vie en KilodramesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant