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« Crois-moi quand tes larmes de sang se versent, des larmes de tristesse je verse. Le poids de tes actes parfois me poignarde, et je garde cette plaie profonde enfuie en moi. En fuyant le mal qui sur nous s'acharne n'épargne pas et s'attarde. A l'image de ton ombre souffrant en silence et si je laisse tourner les pages de ta vie, je lis de sales récits hélas. Et des tracesindélébiles dessinent sur mon visage ta détresse, le temps efface peu à peu le peu de bonheur. Ton absence sonne si bien avec ma souffrance, mon malheur, mon âme pense et je retiens chaque jour un peu plus mes pleurs. Y’a pas de sens, souvent dans ce que les miens font. Ma douleur c'est te savoir sans pouvoir rien faire à mi proche de la peur, ma frayeur c'est de jamais voir avec toi des jours meilleurs. Vivre au présent le temps pressant, sans aller nulle part ailleurs...Derrière chaque homme une femme souffre, quand ton destin te pousse dans le gouffre j'étouffe emprisonnée, rêves empoisonnés remplient de souffre. Et cette fois c'est moi qui souffre, et pourtant je t'aime je te soutiendrai jusqu'à ton dernier souffle. » [Jalil & Nessma à jamais]

Le surlendemain était marqué par le départ de Jalil et de sa mère. Tout le quartier était réunis en bas du bloc, je masquais ma peine, je m'efforçais de sourire alors que mon cœur saignait... 

Je voyais tous ces regards tristes, je n'osais pas affronter celui de Jalil. Je le regardais de loin, je restais à ma place, celle de la petite sœur de son pote. Dieu seul sait à quel point je voulais l'enlacer, le garder près de moi durant ces dernières minutes si précieuses... 

J'ai vécu tellement de choses avec lui, je suis passée de la haine à l'amour en l'espace de quelques années. Lui qui était le simple ami de mon frère, le voleur d'âme vendeur de mort est devenu mon cœur, il représentait chaque battement qui propulsait mon sang, qui me faisait vivre... 


Il a embrassé tout le monde, quand vint mon tour il était dans l'obligation d'être froid et disant mais il n'en fit rien. A ma grande surprise, aux yeux de tous, il m'a serré fort dans ses bras et à déposer un bisou sur mon front… 

Son geste était pour moi un gage de son amour, il avait prouvé par ce geste pourtant anodin qu'il assumait notre histoire, c'était une forme d'engagement ... 

Il est monté dans sa voiture accompagné de sa mère et de sa sœur mettant ainsi des points de suspensions à notre romance. Il n'a pas tourné la tête, ni jeté un dernier coup d'œil à cette cité qu'il quittait. J'avais mal au cœur, mes yeux étaient humides, si humides qu'ils laissèrent échapper des perles salées. Jihène qui était là pour me soutenir, m'avait pris dans ses bras, me jurant qu'il reviendrait et qu'il assumerait mais que cela ne tienne j'en avais assez des belles paroles, s'il avait assumé bien avant on serait peut être marié, et il aurait eu une raison valable de ne pas m'abandonner mais Allah en a décidé autrement et comme toutes créatures je me soumets a sa volonté...

Alors que mon cœur pleurait la perte de son oxygène mon téléphone se mît à vibrer .Un nouveau message de Jalil. 

Je balaye les larmes qui embrument ma vision, le cœur comprimé par ce trop-plein d’émotion, j’ouvre son message… Ces lettres défilent sous mes yeux, quelques phrases qui me sont destinées et qui ne peuvent m’empêcher de cacher ma peine. Je bois chaque syllabe, chaque mot porte un sens alors je lis encore et encore pour que ma mémoire grave à jamais chaque phrase prononcée par l’être aimé et me les rappelle dans mes moments noirs. Quand l’amour fait autant de mal que de bien la peine et la joie sont à leur paroxysme….

« Ma grosse sèche tes larmes on s’est pas dit adieu mais à plus, in cha Allah bientôt tu seras ma femme. J’t’ai déjà tout dis mais Nessma wAllah que je t’aime comme un ouf, t’as pas intérêt d’oublier tout ça et fais belek prends soin de toi. Ton homme. »

Ses mots me touchent, il divulgue enfin ses sentiments et son message n’est pas anodin, il va avec l’annonce officielle que Jalil a faite avant de nous quitter. Par son geste il a montré aux yeux de tous que lui et moi ne faisons qu’un. Il m’a ainsi prouvé tout son amour et sa sincérité, mais par la même occasion il a dévoilé notre relation à nos familles respectives. L’espoir anime mon cœur mal en point, je lui réponds le plus simplement possible, d’une vérité absolue.

« In cha Allah Toi ne m’oublie pas et fais attention. Je t’aime plus que tout, ta femme. »

Je pars m’isoler loin des yeux questionneurs qui me scrutent sans relâche, une fois dans ma chambre je me laisse aller complétement. Le chagrin, une boucherie qui détruit, l’amour un état qui ranime à la vie. Jihène est là pour moi, elle essaye de me réconforter mais elle sait que seule la personne concernée pourrait bercer ma peine et enchanter la douleur qui coule de nouveau dans mes veines…

****************** 

Un très long mois viens de s’écouler, trente jours et autant d’heures sans aucune nouvelle de toi. J’ai la sensation que le temps s’est arrêté depuis, les jours passent mais chaque seconde qui défile me rappelle que tu n'es plus près de moi. La vie a repris son court mais l’absence se ressent, elle marque mon quotidien et bouleverse mes habitudes. De l’aube au coucher mes pensées te sont destinées, à l’instant même où mes pupilles s’écarquillent et se referment mon subconscient peine et ton apparence se dévoile à moi. Une réminiscence ardente de souvenirs heureux me replonge dans notre histoire. Le passé refait surface quand le présent vire à l’angoisse, comment bâtir un avenir sur des promesses illusoires ? L’attente voilà la clé de l’histoire, entremêlée à des morceaux de nous, ces stigmates de l’amour que le temps laisse. En apesanteur, je vis entre hier et maintenant pour que demain soit plus clément. Mais aujourd’hui tout ton être me manque, et qu’importe ce que je fais et ou que j’aille tout me ramène à toi, à nous…


A la sortie des cours, mes yeux scrutent les allées et venues des voitures dans l’espoir de t’apercevoir, mais en vain. Je passe dans notre endroit et m’assois sur notre banc, j’attends inlassablement que tes pas foulent à nouveau ce parc mais je finis toujours par repartir seule. Mon téléphone à cesser d’afficher ton numéro, il ne vibre plus le soir pour t’entendre dire un énième « Bonne nuit ma grosse ». Mes bras ne ressentent plus ta présence, les frissons ont disparus tout comme le son de ta voix rauque, mon cœur à arrêter de faire le grand huit parce qu’il ne te voit plus…

Ton absence me pousse à faire des choses stupides, des choses que seul l’amour peut amener à faire. Regarder des heures durant à ton ancienne fenêtre dans l’espoir d’y voir apparaître ta tête, acheter ton parfum et l’asperger sur tout ce qui m’appartient, appeler toute les heures sur ton téléphone juste pour entendre le son de ta voix sur ta messagerie et ainsi rassurer mon palpitant. Toucher ma gourmette toute les cinq minutes juste parce que c’est une partie de toi, faire défiler nos sms jusqu’à les connaître sur le bout des doigts et enfin croire que tous les hommes dans la rue peuvent être toi….

J'étais morte et tu m’as ramené à la vie, tu as su réanimer la flamme qui suffoquait sous le poids de ma peine. Tu m’as aidé à me débattre, à surmonter n'importe quelle peine, à enfin être moi-même. Tu as levé ce voile qui m'empêchait de vivre en éclairant ma vie par ta présence, ton charisme à fait naître en moi l'alchimie qui me lie désormais à toi. Les battements de mon cœur vont lâcher prise je le sens, l'amour paraît éphémère, loin de toi je ne vis plus. Bloquée dans le sentier des balafrés, la douleur est trop dure à vivre sans l'être aimé...

Désormais je ne vis que dans l’attente de ton retour, une vie rythmée par les promesses avouées avant ton dernier au revoir. Je me concentre sur ma dernière année pour ne plus penser à toi mais dès que je sors la tête de mes révisions ton image se dévoile à moi comme une évidence. Je fais tout pour rester concentrée mais ton éloignement me pèse, chaque jours ce ressenti grignote l’espoir qui éveille mon cœur et l’aiguillonne vers le côté sombre que j’ai mis tant de temps à estomper. J’espérais en secret te revoir le plus vite possible, mais comme je te l’ai promis j’attendrais autant de temps qu’il le faudra. Alors pour pallier au manque je me tourne vers notre Créateur, Lui Seul a le don de calmer mes pleurs. Il n’y a qu’une fois prosternée que je dissipe mes peurs et implore l’aide du Tout Puissant dans l’oubli de la douleur….

****************** 

Depuis ce fameux jour et l’éclaircissement de notre relation toute la cité est au courant pour Jalil et moi, les rumeurs voguent sur la réalité, les gens parlent et dénouent leurs langues comme jamais. Personne ne connait la vérité mais tout le monde s’empresse de répandre des ragots, je n’y prête aucune attention et continue de sceller mes journées en passant à côté des troubles faites trop occupés à galvaniser leurs vie inerte de sens…

La seule chose qui me pose problème c’est que Yass n’ait pas assisté au départ de son meilleur ami, il a disparu quelques jours puis à fait son grand retour plus froid et distant que jamais. Ca faisait un moment que nos relations se détérioraient mais là il ne m’adresse plus un mot et quand il daigne le faire c’est pour m’insulter ou encore me rabaisser. Un énorme trou s’est ligué entre nous, l’incompréhension l’un de l’autre est omniprésente. Je désapprouve son mode de vie plus que jamais, la rue est en train de le détruire et le rendre mauvais. Je peux lire la haine dans ses pupilles lorsqu’il s’adresse à moi, je ressens le dégoût qu’il éprouve envers moi dans le ton de voix qu’il emploie, la cause de ses changements m’est encore inconnue. Alors je ne me laisse plus faire, fini la Nessma qui ne disait rien par peur, je lui tiens tête à chaque affront pour comprendre pourquoi il noue cette rancœur envers moi…

On est souvent la cause des cris dans la maison, nos disputes amènent un froid et des tensions envers tous et bien souvent c’est Baba qui nous sépare et chasse l’un de nous deux hors de la maison pour calmer nos ardeurs. A force j’en ai oublié le pourquoi de toute cette haine, je sais juste qu’on cause la peine de notre famille, on se déchire chaque fois un peu plus dans le but de se faire du mal. Les insultes et les coups fusent dans les deux sens, nos paroles sont semées de douleur qu’on s’exporte en pleine face dans le but de peiner et blesser. Le respect fraternel n’existe plus entre Yass et moi, une barrière d’incompréhension mutuelle a pris place. Rédouane est notre tampon, c’est lui qui joue le médiateur de nos colères et nos plaintes, il réussit bien souvent à nous calmer, alors pour éviter tout clash désormais je l’évite comme la peste. Je me réfugie chez Khadija ou encore chez Soumaya et Jihène dès que je ne suis pas en cours. Leurs demeures respirent la gaité, animées par le bonheur toutes les trois vivent en autarcie, dans une bulle confinée par l’amour. Je les envie de pouvoir vivre ce bonheur sans tâche, d’être avec leur moitié sans peiner… 

Les trois quart du temps je suis fourrée chez ma sœur avec les jumelles, notre deuxième maison à présent. Ca ne plait pas trop à mon père mais il sait que je ne supporte plus les tensions qui règnent chez nous, alors il ne dit rien parce qu’il sait qu’on est en sécurité chez Khadija mais il me rappelle à l’ordre pour que je lui ramène les petites.

- Khadija : Ness je sais que je te manque et que tu m’aime mais comment ça se fait que tu squattes tous les jours chez moi, ça c’est toujours pas arrangé avec Yass ?

- Moi : Nan, dès qu’il me voit il m’insulte alors c’est loin de pouvoir s’arranger entre nous. Le pire c’est que je sais même pas pourquoi il m’en veut autant… Je rêve ou tu me vires gentiment de chez toi là ?

- Khadija : Il m’énerve a toujours faire sa loi, il grandira jamais ce petit ! Je vais aller lui parler moi, ça peut plus durer et non t'es la bienvenue. Tu peux rester autant de temps que tu le voudras salle folle !

- Moi : Merci, mais je sens que ma présence dérange un peu dans le fond.

- Khadija : Dit pas n’importe quoi jamais mes sœurs ne me dérangeront ! T’as des nouvelles de Jalil ? 

- Moi : Aucune, silence radio et ça m’inquiète un peu.

- Khadija : Les mecs dans toute leur splendeur ! Bon Nessma je sais que t’attends beaucoup de cette relation et que vous êtes sincère mais n’en oublie pas pour autant de vivre et de rester concentrée. Je sais que t’es une grande fille et que tu sais où tu vas mais laisse Allah se charger de ton avenir. Je veux pas faire ma relou, mais je suis passée par là, attendre, se faire du souci, avoir peur, aimer comme une folle. J’ai fait beaucoup d’erreurs, je sais que tu n’es pas moi mais fais attention c’est tout ce que je te demande. N’en vient pas à te détruire par amour ma sœur.

- Moi : Je sais tout ça Khadija et je reste lucide malgré tout. J’ai confiance en Jalil et je sais qui ne me fera jamais de mal. Je reste moi et je n’en oublie pas mes valeurs et mes principes, ni même mon but premier. Mes études reste ma priorité t’inquiète pas pour ça.

- Khadija : Okais alors on en parle plus, vous restez à la maison ce soir ? 

- Moi : C’est une invitation ou une exclusion ?

- Khadija : De suite les grands mots, arrête de faire ta victime ! Vous êtes quasiment installées toutes les trois, alors arrête.

- Moi : J’avoue c’est plus un nid douillet mais un refuge d’exilés chez vous !

- Khadija : La famille avant tout, puis Soryan il est tout content d’avoir les petites à la maison. Il s’amuse comme un dingue avec elles, il croit trop que c’est des poupées grandeur nature.

- Moi : In cha Allah vous nous en faites une ribambelle bientôt. 

- Khadija : In cha Allah mais pas tout de suite hein ! 

- Moi : Promis demain on vous laisse tranquille puis Baba il va finir par m’assassiner si je lui ramène pas ses filles ! 

Le lendemain comme promis on est retourné à la maison, pas de Yass en vue pour le moment. Je nettoie et range puis file réviser, la soirée se passe et la nuit commence à tomber. Les vibrations de mon téléphone me sorte de mes cahiers. Des sueurs froides prennent possession de mon corps, mon cœur part au quart de tour quand je vois l’indicatif qu’affiche mon portable « +00213….. » Sans perdre une minute je décroche.

- Moi : Allo

- … : Nessma ?

Mon cœur s’emballe, mes mains se crispent jusqu’à en devenir moite. Je pourrais reconnaître sa voix parmi un milliard, un doux son mélodieux qui crépite dans mon oreille et vient donner un coup d'électricité dans mon ventricule pour le réanimer. Je suis certaine qu’à travers le combiné il pourrait entendre le bourdonnement que son appel provoque dans ma poitrine.

- Moi : Oui 

- … : C'est moi.

- Moi : Je sais Jalil. 

Un long silence a pris place, j'ai tellement à lui dire que je ne parviens à sortir aucune parole de ma bouche. Son souffle, régulier vient titiller mon audition et d’innombrables papillons rugissent dans mon estomac. L’affliction dû à ton manque s’envole, tout me revient en mémoire et une étrange sensation se propage le long de mon corps me rappelant que c’est l’amour que je ressens pour toi.

- Jalil : Ness, excuse-moi d’pas avoir appelé avant mais c'était compliqué. 

- Moi : … 

- Jalil : Parle un peu non, t’as duper ta langue oula c'est comment ? 

- Moi : Je m'attendais pas à ce que t'appelles et ... Non laisse tomber.

J'aurais voulu lui dire que son absence m’est devenue insupportable et qu’il me manque tellement que j’en suis à compter les secondes depuis son départ. Mais je n'y arrive pas, quelque chose me bloque, je lui en veux autant que je suis heureuse de l’avoir au téléphone.

- Jalil : J'te dérange ? 

- Moi : Non du tout. 


- Jalil : Les cours ça s'passe ? C'est la dernière ligne droite j'compte sur toi. 

Si tu savais Jalil, ton amour me pèse tellement que ton absence obsède toutes mes pensées et ma concentration est loin des bancs d'école… 

- Moi : T'inquiètes pas. 

Un nouveau blanc vient s'ajouter à notre conversation.

- Jalil : Ness, j't’appelles pas pour rien. Faut que j'te dise un ke-tru important.

- Moi : Je t'écoute Jalil. 

- Jalil : Putain, j'sais pas comment t’le dire et wAllah que ça me tue d'te faire souffrir comme j'le fait. Voilà j'vais pas revenir et j'veux que tu m'oublies Ness. 

Le temps a cessé de tourner, je suis resté figée, inerte face à son annonce. Mes membres tremblent de douleur, ma vision se trouble, et ma respiration s’accélère. Oraison funeste mon âme s’écroule, les propos qu’il tient m’annonce une fin austère…

- Moi : Non, non, non Jalil tu peux pas, t’as pas le droit de me faire ça tu m’as promis, rappelles toi

- Jalil : WAllah Nessma que j’veux pas t’faire souffrir mais on peut plus.

- Moi : Pourquoi ?

- Jalil : Ah tu changeras jamais toujours avec tes questions ! Crois-moi le mieux c’est que t’cherches pas à comprendre Ness. 

- Moi : « A plus » tu m’as dit, au final c’est un adieu.

- Jalil : J’sais et c’est pas ce que j’voulais mais on fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie.

- Moi : Comme tu dis.

J’ai du mal à réaliser mais tout ce que je sais c’est que mon monde s’écroule, la bulle dans laquelle je m’étais confinée vient d’exploser tout bonnement. Une lame dévastatrice vient de transpercer mon cœur de plein fouet, sans aucune pincette tu viens de mettre un point final à notre histoire. Désemparée, ce sont mes larmes qui répondent à ce mal que tu m’inflige. 

- Jalil : WAllah que j’suis un gros PD si tu sèches pas tes larmes de suite, aujourd’hui t’as mal mais demain tu sentiras plus rien Nessma. J’ai toujours été sincère avec toi et j’t’ai jamais menti alors crois-moi quand j’te dit que t’es la seule femme après ma mère et ma sœur que j’ai vraiment aimé. Mais c’était pas notre mektoub (*destin*) c’est tout, maintenant promet moi que t’vas pas pleurer, que t’vas pas faire comme tous ces dep qui niquent leurs ive par amour. Non toi tu vas être la femme forte qui m’a toujours tenu tête et tu vas réussir ta vie, fait moi cette promesse parce que tu l’mérite Ness et c’est pas avec un mec comme moi que tu pourras faire des projets d’avenir.

- Moi : Tu peux pas me demander tout ça Jalil, sans toi je peux pas wAllah.

- Jalil : Bien sûr que tu peux, j’te rends ta liberté ma grosse.

- Moi : J’en veux pas.

- Jalil : J’te laisse pas le choix Ness. Maintenant je vais raccrocher, oublie pas tes promesses ma grosse. 

La vie est une énigme complexe, on se butte à en comprendre le sens et bien trop souvent on en oublie de vivre. Bien trop obsédé à rechercher le bonheur intense, on passe souvent à côté des choses simples, et en fin de compte on le fuit involontairement. Et quand on s’en rend compte il est déjà trop tard, pour recoller les pots cassés. Alors on essaye mais en vain. 
L’avenir se brise, la décente aux enfers commence, l’amour à en crever prend tout son sens. Je viens de perdre Jalil, au moment même où il a mis fin à notre conversation. Aucun mot ne peut retranscrire la blessure que ce coup de fil a provoquée, une torture titanesque se joue de moi. Tout ce qui m’entoure se retrouve au sol, ma peine se confond à la haine, les cris dénoncent ma détresse. Ma famille s’inquiète mais personne ne comprend mes agissements, seule face au supplice que le destin vient de m’adonner je m’écroule dans les bras de Rédouane à bout de force, à bout de vivre simplement. 

****************** 

Trois mois que tu es parti et la vie n'a plus aucun sens sans toi, et la douleur m'entaille à chacune de mes respirations. Elle me rappelle que j'ai perdu l'amour de ma vie, le seul, l'unique, le vrai. La lumière qui m'éclairait dans ce tunnel obscure a cessé d'illuminer ma destinée, elle est maintenant ternie par ton absence.
Les yeux cernés par les litres de larmes que je laisse s'évader chaque nuit. A l’apparition de l’obscurité je pleure en secret pour évacuer le trop plein d'amour que j'ai pour toi jusqu’à l’éclosion de l’aube naissante. Un goût amer me torture et viens s’abattre sur mes paupières. Mes larmes coulent, mon cœur se meurt, je suffoque face à la vérité. Une douleur maintient chaque battement de cœur, je l'ai perdu…

La colombe qui sillonnait sur le rebord de ma fenêtre a fini par prendre son envol, elle s'en est allée dans un monde lointain. Elle a cessé de veiller sur moi, me laissant seule avec mon chagrin, sa perte me brise. Jamais encore je n'ai eu si mal, une douleur nouvel est apparu elle a envahi chaque infime parcelle de mon corps. Elle me bouffe de l'intérieur jusqu'à me faire devenir folle. Je suis en carence sévère, le remède à mes plaies c’est toi, le seul antidote possible reste ton amour, Sans toi, je ne suis plus que l'ombre de moi-même, ton absence me pèse jusqu'à m'en couper le souffle. J'avais le cœur brisé, tu l’as déchiré en y gravant ton nom à jamais en lettres capitales. La chute est brutale quand les illusions de toute une vie viennent à vaciller, quand tes projets partent en ruine… 

****************** 

Les personnes qui m’entourent ne me comprennent plus, chaque jour j’ai le droit à des leçons de vie me rappelant juste ma peine, je ne digère pas qu’on juge mes choix sans prendre en compte ma douleur alors j’esquive tout le monde, trop inerte pour faire semblant que tout vas bien. Mon cœur est sur le point d’imploser, une douleur vive et intense le frictionne, une douleur inaudible, invisible à première vue mais horriblement dévastatrice dans mon fort intérieur. Le goût de la vie je l'ai perdu quand le poison de l’amour à infiltré ma peau. Dans un premier temps il a provoqué une extasie de bonheur et une fois les summums atteint il m’a renvoyé six pieds sous terre laissant des tâches noirâtres qui symbolisent l’amour funeste pourrir mon cœur, le laissant se consumer seul face à mon tourment….

« J'aimerais leur dire que mon corps est meurtri, que sur la tombe de mon cœur les chrysanthèmes ont fleuries. Car tu m'as dit je pars, mais ma chérie ne pleure pas, tu m'as dit t'es belle ma fleur, tu ne finiras pas seule. Tu me manques mais les gens ne savent pas, alors je dis que j'ai une poussière dans l'œil »

Ma sœur ne digère pas mon laisser aller, ses discours répétitifs je les écoute mais en vain, on a beau me dire que si Dieu Le Veut, il reviendra à moi, rien n’y fait. Je m’isole dans la solitude la plus profonde et m’entoure d’un barrage solide, même les insultes de Yass ne m’atteignent plus, je n’y réponds même plus ! Khadija à raison, mais à quoi bon je ne supporte plus rien, ni personne. Le bonheur des miens me dégoute, il me répugne et me fait trop penser à Jalil, leur bonheur me fait réaliser que j’ai perdu le mien. J’ai perdu l’homme de ma vie, la personne pour qui mon cœur battait, ma raison de vivre s’en est allée alors à quoi bon faire semblant d’être heureuse. La haine prend de l’ampleur, je déteste tout ce qui me fait penser que je l’ai perdu, je refuse de me réjouir du bonheur des autres quand le mien fuis. 
La seule chose qui me sort de cet engrenage c’est la promesse que j’ai faite à Jalil. Tout ce qui pourrait me faire garder ce lien avec lui, je le perpétue sans relâche, je validerais ma cinquième année pour les deux personnes que j’aime et qui m’ont quitté… 

Une fin de journée s’achève et marque un jour de plus loin de toi sur le calendrier. Jihène me donne un coup de coude, et te fait immédiatement sortir de mes pensées. Sans rien dire je l’observe et comprends que c’est la fin du cours, je range mes affaires et la suit toujours en silence. Je ne sais pas comment elle fait pour me supporter, peu à peu j’ai perdu l’envie de communiquer avec quiconque, insociable voilà ce que je suis devenue. On se dirige vers la sortie, elle me sourit et prend mon bras. Je ne cherche pas à me détacher, elle essaye juste de prendre soin de moi voilà tout. Mon regard se bloque sur le trottoir d’en face, une silhouette familière se tient juste là. Mon cœur glacial se réchauffe à sa vue, je me détache de Jihène et guide mes pas en sa direction, lui me sourit de toutes ses dents. Je me jette dans ses bras…

- Moi : Jibou !

- Jibou : Alors comme ça Mme est triste ?

- Moi : Non qui c’est qui ta dit ça ? 

- Jibou : Me ment pas p’tite tête, y’a qu’à t’regarder pour voir que ça va pas !

- Moi : T’es venu juste pour constater que j’ai une sale tête ? 

- Jibou : Non mais tout le monde se fait du souci pour toi alors Super Jibou est al pour sa princesse.

- Moi : Merci, mais je te rassure je vais bien.

- Jibou : C’est ce qu’on dit mais t’as oublié à qui tu parles. (Il m’a fait un clin d’œil)

- Jihène : Il a pas tort.

- Jibou : Salam, Jihène c’est ça ? 

- Jihène : Salam, euh oui ! 

- Jibou : C’est elle la voleuse alors !

- Moi : En chair et en os.

- Jihène : La voleuse ? 

- Jibou : Ouais, c’est toi qu’as mis le grappin sur mon cousin et par la même occasion qui lui a volé son cœur non ? 

- Jihène : Pourquoi on me ficha toujours dans cette famille !

- Moi : Pour une fois qu’elle sait pas quoi dire…

- Jihène : Oh ça va hein Nessbatata, enfonce moi plus j’te dirais rien. (Elle était rouge écarlate) 

- Jibou : Tranquille t’es d’la famille maintenant.

- Moi : T’es arrivé quand Jibou ? 

- Jibou : Y’a une heure même pas, j’ai direct tracé à ton école.

- Moi : T’as vue personne encore ?

- Jibou : Non, mais j’ai le temps faut d’abord qu’on parle toi et moi.

- Moi : Fait pas ça Jibou s’il te plait, pas maintenant.

- Jihène : Ness, je veux pas interférer je sais que ça me regarde pas mais t’as besoin d’en parler avec quelqu’un. Tu t’es confiée à personne jusqu’à présent et tu souffres on le sait tous, mais t’es devenue trop agressive, dès qu’on essaye d’aborder le sujet tu fuis.

- Moi : Je demande rien à personne, je veux juste qu’on me laisse.

- Jibou : Va y Jihène rentre, je reste avec elle.

- Jihène : Ness ?

- Moi : Oui c'est bon va y.

- Jihène : Okais j’passe te prendre demain matin.

Jihène est partie et on est monté dans la voiture, on roulait avec pour accompagnant le silence. Je ne voulais pas entamer la conversation parce que quoi que je dise Jibou finirait par me faire parler.

- Jibou : On va graille ? 

- Moi : Si tu veux
.
- Jibou : On va où ?

- Moi : Comme tu veux.

- Jibou : T’en as pas marre ?

- Moi : Non.

- Jibou : Ah Nessma ! Bon tant pis pour toi mais râle pas après !

Il n’a plus rien dit, on est arrivé dans un snack, Jibou a pris la commande et moi je suis directe partie m’assoir.

- Jibou : Tiens, tomate mozza et ice tea comme d’hab.

- Moi : Merci.

- Jibou : Bon parlons peu, parlons bien j’ai pas fait j’sais pas combien de kilomètres pour te voir faire la gueule Ness.

- Moi : J’ai rien demandé moi !

- Jibou : Désagréable en plus !

- Moi : Tu restes combien de temps ? 

- Jibou : Autant qu’il le faudra.
.
- Moi : Et ton taff ? 

- Jibou : C’est pas le plus important.

- Moi : T’es un malade.


- Jibou : Un malade qui tient à toi.

- Moi : Je vois ça mais sah Jibou gâche pas ton temps pour moi je t’assure que je vais bien. 

- Jibou : Ca tu peux le faire croire à n’importe qui mais garde ça en tête tant que t’auras pas retrouvé ton sourire je décamperais pas. Tu vas bien t’en est sûre ? Regardes toi, t’es maigre comme un clou, t’es toute blanche, tu parles à peine et t’agresse le reste du temps. Tu supportes rien ni personne, tout le monde s’inquiète pour toi. Mens-toi à toi-même, continue mais c’est pas comme ça que tu vas le faire revenir.

- Moi : T’es dégueulasse Jibril, repart si c’est pour me balancer des choses comme ça !

J’ai quitté le snack, c’était trop pour moi, ses paroles m’ont blessé mais il m’a vite rattrapé.

- Jibou : Pourquoi tu t’enfuies, t’as perdu ta langue c’est ça ? 

- Moi : Arrête Jibou.

- Jibou : Non Nessma j’arrêterais pas, parle putain dis-moi ce qui ce passe !

- Moi : Pourquoi faire hein, dis-moi ce que tu veux savoir en premier ? L’homme que j’aime est parti en me promettant de revenir, et au final m’a rappeler en me disant de l’oublier tout simplement sans chercher à comprendre le pourquoi du comment. Il m’a laissé ce connard, il est parti sans moi alors qu’il m’avait promis de jamais me faire souffrir. Mais c’est même plus de la souffrance que je ressens, j’en suis au point où je ressens plus rien du tout. La douleur qui me comprimait elle est partie parce qu’il m’a tué. Tu comprends je suis morte de l’intérieur, on me demande de faire semblant mais je peux pas j’y arrive pas. Tous les gens que j’aime finissent par me quitter alors non je veux plus m’ouvrir à personne. Je crois plus en rien Jibou tout le monde fini par m’abandonner, dis-moi comment je peux sourire maintenant ? J’ai plus la force, je suis fatiguée de me battre, j’y arrive plus j’ai abandonné.

Plus je parlais et plus mes larmes coulaient, des larmes de peine de haine et de soulagement à la fois. Depuis l’appel téléphonique je n’ai plus jamais laissé réapparaitre mon mal être aux yeux de tous, ma peine j’ai appris à la faire taire, ma douleur à jaillie sans que je la contrôle.

- Jibou : Désolé Ness mais fallait que j’te pousse à bout pour que tu sortes tout, vient là.

Je suis resté blottie un long moment dans ses bras, silencieuse le bruit du trafic recouvrait mes sanglots. 

- Moi : C’est fou comme tu lui ressembles.

- Jibou: Juste aujourd'hui quand j'ai débarqué j'ai entendu "Jalil t'es de retour mon frère", la personne s'est rendue compte de son erreur. Même Yass il me l'a dit la dernière fois, je ressemblais à son pote, son bras droit... En parlant de lui j’ai deux, trois trucs à régler avec.

- Moi : Il en a bien besoin !

- Jibou : Guette comme tu l’enfonces, elle avait raison Khadijou vous pouvez plus vous piffrez tous les deux ?

- Moi : Je sais pas ce que je lui ai fait mais il me supporte pas, mais ça fait un moment qu’on s’est plus hurlé dessus.

- Jibou : Ah laisse j’vais régler ça.

- Moi : Comment tu fais Jibou dés qu’il y’a un problème dans la famille tu débarques règles le truc et repart comme si de rien n’était !

- Jibou : On m’appelle la flèche petite.

- Moi : Donc c’est Khadija qui t’as demandé de venir.

- Jibou : Eh ouais, toi t’es trop fière pour appeler et dire que ça va pas.

- Moi : Je sais pas qui c’est qui m’a appris ça !

- Jibou : Moi non plus, j’vois pas.

- Moi : On a l’air de deux vagabonds comme ça.

- Jibou : C’est toi la vagabonde, même le cul au sol j’ai la classe cousine. Eh mais c’est un sourire que j’vois là, il était temps !

- Moi : Ca veut dire que tu peux repartir nan ?

- Jibou : C’est pas si simple t’as encore plein de chose à me raconter avant.

- Moi : C’est compliqué.

- Jibou : J’aime quand c’est compliqué, puis j’ai tout mon temps justement.

- Moi : Sois patient.

- Jibou : C’est nouveau ça ? 

- Moi : De quoi ? 

- Jibou : T’as remplacé ma gourmette ?

- Moi : C’est un cadeau de Jalil…

- Jibou : Même là il fait comme moi ! 

- Moi : Ca l’énervait qu’on pense que mon homme s’appelle Jibou, alors il a fait gravé nos prénoms et me l’a offert.

- Jibou : Il a un cœur lui ? 

- Moi : Commence pas.

Je faisais tourner la gourmette autour de mon poignet, les souvenirs me hantent.

- Moi : Il me manque Jibou wAllah je peux pas vivre sans lui c’est impossible.

On est resté là un long moment, puis j’ai enfin ouvert mon cœur, je lui ai tout confié dans les moindres détails. Les débuts compliqués de notre histoire avec la part de bonheur qui ensoleillait ma vie et l’origine de mon mal être constant qui ne me laisse plus de place pour vivre avec son départ. Le manque, l’absence, la perte me poussent à devenir folle, la douleur ne m’accorde aucun répit, elle est présente du matin au soir, quoi que je dise, quoi que je fasse tu es la et tu ne pars pas. C’est pas difficile c’est insupportable, invivable alors je fais semblant que je vais bien, que le bonheur des autres me convient alors qu’en vérité il me répugne…

Jibou a fait tout ce que tout le monde n’a pas réussi à faire, il m’a écouté. Il a su resté silencieux et a respecté chacune de mes paroles, il ne m’a pas jugé mais m’a conseillé. Me confier et réussir à parler m’a fait du bien, mais ça m’a aussi confronté à mes démons…

On a fini par rentrer, les jours on continué de défiler, ma peine ne s’est pas estompée mais Jibou rendait la vie plus joyeuse. Il a su apaisé les rancœurs et apporter ce bonheur qu’on avait oublié ces derniers temps. Il est resté deux semaines avec nous, puis a fini par rentrer chez lui. Je ne le remercierais jamais assez, sa présence, son aide, son écoute, sa joie, sa bonne humeur, tout ce qui fait de lui cette personne parfaite que j’aime comme mon propre frère.

****************** 

Le drame de ma vie, c'est de d'ouvrir mon cœur au gens que j'aime. Dès que je laisse une personne s'approchée trop près de moi elle finit toujours par m'abandonner. Je porte malheur, tout ce qui m'entoure souffre irrémédiablement. Moi qui croyais bannir ma peine, elle s’agrippe et s’acharne à faire de ma vie un enfer. Les bleus de l’âme sont plus dévastateurs que les hématomes qui jonchent mon cœur, le court de ma vie rime avec tragédie, la chute s’annonce brutale, l’épreuve insurmontable…

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

D'après Aicha (qu'Allah l'agrée), le Prophète (que la prière d'Allah et son salut soient sur lui) a dit: « Certes le croyant atteint par son bon comportement le niveau de celui qui jeûne le jour et prie la nuit ».
(Rapporté par Abou Daoud et authentifié par cheikh Albani dans Sahih Targhib n°2643)

Nessma, ma vie en KilodramesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant