Chapitre 50: Découverte macabre

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Dans un sombre cachot, point de vue de Mélissandre Heartwood

Pendant de longues minutes, je ne sais plus où je suis. J'ai du mal à me tirer complètement de ma torpeur et je ne sais pas si c'est dû au venin du vampire ou au coup que j'ai reçu à la tempe. Je n'ai même aucune idée du temps qui s'est écoulé. Sommes nous encore la nuit où le matin? Je n'ai pas faim, plutôt une nausée omniprésente qui s'accompagne d'une sérieuse sensation de vertige à chaque fois que je bouge un peu trop vite la tête.

Je suis dans une pièce plongée dans un noir presque complet. Seule une petite lucarne tout en haut d'un mur de pierre laisse entrer une faible lueur qui me permet de voir mes mains quand je les tend devant moi. Elle laisse également entrer l'air froid du dehors et je me rends compte qu'en plus d'avoir les doigts complètement gelés, je claque des dents.

Je me redresse en position assise et replie les genoux contre moi dans une veine tentative pour garder le peu de chaleur corporelle qu'il me reste. J'ai des bleus partout et, pendant un moment, j'ai peur d'avoir subit le pire alors que j'étais inconsciente. Mais un rapide examen de mon corps me permet de constater que, à part la plaie qu'a laissé le vampire à la base de mon cou et qui saigne encore, la balle qui a effleuré mon bras et les brûlures sur mes mains et mon poignet, personne n'a abusé de moi. Je me mets à trembler de façon incontrôlable rien qu'à l'idée d'être passée si proche du pire. 

Tandis que les derniers souvenirs me reviennent, je sens ma gorge se serrer en pensant à Deucalion. Il est sûrement mort à présent. Duplat a tiré sur lui avec une balle à l'aconit et je n'ai rien pu faire pour l'aider. Encore une fois, les gens autour de moi font les frais des Prédicateurs. C'est ma faute.

Puis je me rappelle du phénomène qui s'est produit lorsque le vampire m'a mordue toute à l'heure. J'ai l'impression que mon sang l'a littéralement empoisonné mais je n'arrive pas a m'expliquer pourquoi jusqu'à ce que je me souvienne d'une phrase que Deucalion m'avait dite un matin où nous nous étions croisés dans l'ascenseur et que je le questionnais sur les vampires.

"Il y a des lumières qui n'ont pas besoin de briller pour éblouir, Mélissandre"

Jusqu'ici, je n'avais pas bien saisi ce qu'il voulait dire mais à présent je crois deviner. Peut être parlait il de la magie lorsqu'elle est utilisée pour faire le bien. Celle que les humains (et moi aussi avant de devenir sorcière) appellent communément la magie blanche. Depuis mon premier Sabbat des sorcières, je sais que ce n'est pas aussi simple que ça. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise magie, à part évidemment la magie noire qui a failli avoir raison de moi l'année dernière. La magie est plutôt définie comme bonne ou mauvaise en fonction de l'usage qu'on en fait. Et si celle qui circulait dans mes veines avait empoisonné le vampire? Et si c'était la magie qui circule dans mon corps que Deucalion qualifiait de lumière?

J'essaye de tâtonner un peu autour de moi pour savoir où je me trouve mais il semble que ce caveau de pierre minuscule est totalement vide. Soudain, mes doigts rencontrent quelques choses par terre et je me fige. Après quelques secondes d'hésitation, j'explore plus attentivement ma trouvaille et finit par identifier une chaussure puis une jambe au toucher. Je sursaute et pousse un glapissement de terreur malgré moi.

Il y a un corps dans cette pièce!

Ma respiration s'accélère tandis que je cherche instinctivement du regard le moyen de m'enfuir au plus vite d'ici. Mais je finis par me reprendre. Même si je trouvais la porte, je ne peux pas partir sans m'assurer que cette personne allongée par terre est bien morte! 

Avalant ma salive, je prends mon courage à deux mains et avance à quatre pattes vers la direction supposée du corps. J'essaye de parler à voix haute pour me rassurer bien que les moindres mouvements de ma mâchoire arrachent à ma gorge blessée des douleurs électrisantes.

Moi: Allez Mel, courage. Essaye de ne pas penser qu'aujourd'hui, c'est probablement ton deuxième ou ton troisième jour consécutif d'absence injustifiée à l'école! Ne pense pas non plus que tu seras sans doute renvoyée pour ça!

Mes mains trouvent un torse. C'est celui d'un homme, à en juger par ce que j'aperçois de lui à la faible lueur qui émane de la lucarne.

Moi: Bien Mel. Maintenant, vérifie son pouls.

Je prends une grande inspiration et fait remonter mes doigts sur sa peau froide. Il est tellement rigide que vérifier son pouls devient une simple question de principe. Je sais déjà qu'il ne s'agit pas de mon voisin de palier car cette homme est bien plus jeune et bien plus frêle que lui. Lorsque mes doigts rencontrent son menton, son visage bascule mollement dans ma direction pour entrer dans la lumière. Je me rends compte alors de qui il s'agit et je laisse échapper un hoquet d'horreur.

Moi: Stiles! Non....pas toi!

Ma voix n'est plus qu'un gémissement tandis que des sanglots imprévisibles viennent secouer mon corps. Ce n'est pas possible! Je suis en train de vivre un cauchemar éveillé! Tout ceci n'est qu'une épreuve! Les Prédicateurs n'ont pas pu tuer mon meilleur ami!

TOUT MAIS PAS CA!

Et pourtant, le corps de Stiles est toujours là devant moi, immobile, froid et rigide. Je gémis dans l'obscurité et me ratatine sur moi même, la tête dans les mains. Cette fois, il n'y a plus rien ni personne pour me faire basculer dans la terreur. Une peur indescriptible m'envahit tel un raz de marée, balayant tout ce qu'il me restait de sang froid et de jugement au passage.

Moi: Non non non non! Pas Stiles! Pas comme ça!

Des larmes salées inondent mes joues et les tremblements reprennent, plus violents. Je sens ma respiration qui s'accélère de plus en plus, échappant totalement à mon contrôle. Je suis en train de faire une crise de panique et je n'ai aucune idée de comment m'arrêter. Je ne suis même plus capable de penser par moi même tandis que la tête me tourne et que ma poitrine se soulève de manière anarchique.

Peu à peu, la panique et la peur alimentent un autre sentiment, beaucoup plus dévastateur: la colère. Une colère sourde contre ceux qui ont fait ça à mon ami et à Deucalion. J'ai envie de déchainer mes pouvoirs sur eux pour leur faire payer au centuple ce qu'ils ont fait. Un désir de vengeance commence à me consumer, calmant mes tremblements et ravivant l'éclat magique de mes iris. En proie à une rage grandissante,  je sens la magie grésiller dans l'atmosphère. Cela en devient assourdissant.

C'est alors que j'entends des voix dans le couloir. Je tourne immédiatement la tête en direction du bruit. Même si je ne peux pas entendre suffisamment clairement ce qu'ils se disent, ma colère est si forte que je n'ai plus qu'une idée en tête à présent: le premier qui passera cette porte paiera pour tous les autres!

Mélissandre Heartwood T4: La confrérie des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant