Chapitre 69: Le comité d'accueil

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Nous rentrons en bus jusqu'à la colocation et cela nous prend environ une heure. Sur le chemin, Théo m'appelle pour me donner des nouvelles de son entrevue avec les vampires.

[Théo]

Je n'ai rien appris de nouveau, malheureusement. Certains d'eux m'ont ri au nez quand j'ai émis l'hypothèse qu'il puisse exister un antidote pour qu'un vampire redevienne humain. Il y en a quand même un qui m'a dit que, s'il existait une solution, elle s'appliquerait probablement uniquement aux nouveaux vampires qui n'auraient pas encore bu de sang humain.

[Moi]

Pourquoi seulement au nouveau?

Je peux presque imaginer Théo hausser les épaules à l'autre bout du fil.

[Théo]

Une histoire tordue de métabolisme qui achève sa transformation et de cellules encore maléables....J'ai beau avoir côtoyé les médecins de l'horreur pendant un bout de temps, je n'ai pas tout compris à son charabia.

[Moi]

D'accord merci.

[Théo]

Et sinon j'ai croisé Bloody. Il avait un message pour nous de la part du Maestro.

[Moi]

Pour nous?

Quand Théo me dit ça, nous sommes en train de descendre de notre dernier bus avec Nolan. Ashley est descendu deux arrêts plus tôt pour rentrer chez elle. La pluie s'est arrêtée de tomber mais les trottoirs sont humides et la chaussée n'est plus qu'une mini torrent qui se rue furieusement vers les bouches d'évacuation.

[Théo]

Tiens toi bien! Il voudrait nous embaucher pour qu'on joue dans son club certains soirs de la semaine! Je lui ai dit qu'il faudrait que j'en parle avec toi avant de lui donner une réponse définitive.

Cette proposition inattendue a le don de me redonner un semblant de sourire. Je crois que j'ai vraiment besoin de bonnes nouvelles toutes simples pour m'aider à avancer. Je ne dirais pas à tourner la page. Je ne me sens pas encore de faire ça. Je pense que je n'en ai pas envie non plus. Je suis encore dans l'assimilation de ce qu'il m'arrive et j'ai le plus grand mal à m'y faire.

[Moi]

C'est génial, vraiment. J'adorerais.

[Théo]

Bon et bien super. T'es encore avec Nolan là? Tu peux lui dire que je suis sur le retour, je pense que je vais prendre un taxi!

[Moi]

Euh Théo?

[Théo]

Oui?

[Moi]

Je...enfin, Nolan m'a dit que je pouvais dormir chez vous ce soir.

[Théo]

Aucun soucis! Mais euh...on n'a pas de matelas pour Peter par contre. Il devra dormir par terre.

Sa remarque me renvoie à nos premières nuits dans ce nouvel appartement. Peter et moi n'avions qu'un canapé car une erreur de compréhension avait amené Peter à penser que l'appartement serait meublé alors que ce n'était pas le cas. Nous avions passé au moins une semaine à dormir serrés l'un contre l'autre et celui qui dormait proche du bord était quasiment certain de se retrouver par terre au milieu de la nuit.

Un sourire nait au coin de mes lèvres mais il s'efface aussitôt. À ce moment là, Peter pensait déjà à m'offrir cette bague pour retrouver ses souvenirs volés.

[Moi]

Il n'y aura que moi.

[Théo]

Ok.

Puis, après un court silence.

[Théo]

À toute dans ce cas!

Une fois raccroché, je me dis que j'ai vraiment de la chance d'avoir des amis qui ne posent pas trop de questions.

Nous arrivons bientôt au niveau de la coloc. Le quartier est totalement plongé dans le noir et un silence inhabituel règne sur les lieux.

Nolan: Enfin à la maison, je ne sens plus mes jambes!

Mais, alors qu'il tend la main pour ouvrir le petit portillon qui donne sur le jardin, je le retiens d'un geste. Quelque chose cloche. Tout est trop calme tout d'un coup. À bien y prêter attention, je n'entends même plus aboyer les chiens des voisins dans la rue de derrière. Mais ces présages ne sont rien comparé à la sensation familière qui vient de hérisser d'un seul coup le duvet de ma nuque.

Quand je m'adresse à Nolan, c'est dans un chuchotement pressé, le regard braqué sur la maison.

Moi: Nolan, vas-t-en!

Nolan: Quoi? Comment ça?

Je serre plus fort son bras tandis que, devant nous, la porte d'entrée de la coloc tourne lentement sur ses gongs en produisant un grincement lugubre.

Moi: Nous ne sommes pas seuls ici. Vas-t-en avant qu'il ne soit trop tard. Cours aussi vite que tu le peux!

Mélissandre Heartwood T4: La confrérie des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant