Possédée

Chapitre 46

La semaine file comme une flèche. Alice ne se cache même plus pour faire ses remarques sur mes amies, et Albus ne réagit toujours pas. Son ancien petit groupe de Serdaigle s'est réformé rapidement, et Albus les suit comme un petit chien.
Hormis pendant les cours, Scorpius ne reste plus qu'avec nous.
- Le pire dans tout ça, c'est même pas les trucs qu'elle dit, ça j'y fais plus attention...
- C'est qu'elle ait totalement changé Albus.
- Finalement, elle a eu ce qu'elle voulait.
- Ça me dégoûte.

Nous entrons en cour de défense contre les forces du mal. Une étrange armoire se situe en plein milieu de la pièce.
- Bonjour les enfants. Aujourd'hui, nous allons étudier les épouvantars. Commence M. Crossman.
À ce nom, l'armoir se met à trembler.
- Quelqu'un peut me dire ce qu'est un epouvantard ? Miss Weasley, évidemment.
- Personne ne connaît sa véritable forme puisqu'il prend celle de la plus grosse peur de celui qui se tient devant lui. Débite Rose dont la main avait fusé avant que le profeseur ait fini sa question.
- Effectivement. Dix points pour Griffondor. Mais le rire est plus fort que la peur. Alors, lorsque vous êtes face à un epouvantard, et donc face à votre plus grande peur, pensez à un moyen d'en rire. Ridiculisez le dans votre esprit. Puis, avec l'image en tête, prononcez la formule "Ridikulus" et l'epouvantard sera vaincu. Répétez après moi : Ridikulus.
La classe lui répond en écho.
- Bien. Allez, tout le monde en file indienne. Miss Londubat, vous commencez ?
Stella serre sa baguette à deux mains et se mord la lèvre. Elle doit sûrement savoir ce qu'est sa plus grande peur. Et moi ? De quoi ais je le plus peur ?

Le professeur ouvre l'armoire et une ombre se faufile dans la pièce, avant de se planter devant Stella en prenant la forme d'un animal bizarre, une sorte de rhinocéros magique, prêt à charger. Stella ferme les yeux très fort, et quand elle les reouvre en criant la formule, le rhinocéros se retrouve avec des patins à roulettes sous ses pattes et s'écoule par terre. La classe se tord de rire, et Stella retrouve son sourire.
- Bravo. Bien joué. Au suivant.
Les élèves défilent en même temps que leur cauchemar. Serpent, feu, requin, vide, poupée, clown, même une banane pour une fille de Poufsoufle.
C'est plus compliqué pour Albus, qui a peur de Voldemort.
Je le devine puisque toute la classe se tait quand il apparaît. Et pour cause. Il est absolument effrayant. Longue robe sombre, crane chauve, peau grise, visage de serpent.  Il n'a même pas de nez. Albus tremble mais tente de se concentrer. Quand il prononce enfin la formule, Voldemort se retrouve habillé en rose de la tête au pied. Il fait de suite moins peur, mais la classe explose de rire quand une gros nez tout blanc, marqué d'un percing rose lui aussi pousse sur son vilain visage.
- Au suivant ! Continue le professeur, en réprimant un sourire.
Scorpius transforme son orage foudroyant en nuage blanc crachant des arc-en-ciel et Rose fait exploser son araignée géante en feu d'artifice. Puis vient mon tour, sans que je m'en rende compte.
Et sans que je m'en rende compte, mon père se dresse devant moi.
Tout devient flou.
Je n'entend plus rien.
Comment mon père peut être ma plus grande peur ? Comment en est on arrivé là ?
Je ne peux pas détacher mon regard du sourire malsaint de celui qui est censé être mon père. Je ne le reconnais pas.
Je me sens tomber à genoux, sans pouvoir me concentrer sur ce que je dois faire.
Je vois vaguement M. Crossman intervenir entre lui et moi, et je sens quelqu'un me tirer en arrière. Je reconnais le parfum de Stella et je la sens qui me serre contre elle.
Enfin, la cloche sonne. Et mes larmes ne tiennent plus. Je pleure contre l'épaule de Stella, qui se contente de me frotter le dos doucement.
Quand je reviens à moi, le professeur s'approche et me dit qu'il est désolé d'avoir proposé cet exercice. Il me promet aussi de punir chaque élève qui viendra me poser des questions sur ce qu'il a vu.
- Ça va aller, Evanna. Tout va bien aller. Tout va bien.
Ces mots, que je me répète depuis le nouvel an, me font énormément de bien venant de mon professeur.
Je vois Rose lui tirer la langue dans son dos et Scorpius lui couvrir la bouche avec sa main, à temps avant qu'il ne se retourne.
- Vous autres, c'était très bien. On se revoit lundi. Bonne saint Valentin à tous, les enfants.