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44. L'ange du cauchemar

Sous ses yeux impuissants, Chan se vidait de son sang

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Sous ses yeux impuissants, Chan se vidait de son sang. Son visage n'exprimait même pas de douleur. Cette dernière devait être si forte qu'elle le plongeait dans un état semi-conscient. D'une main carmin, il se saisit de sa baguette en aulne, laissant couler sur la pâleur du bois des gouttes écarlates. Ses lèvres s'entrouvrirent difficilement, et dans un murmure, il invoqua un protecteur. Aussitôt un loup blanc et aveuglant, semblable à un mirage, apparut devant le spectateur. Il ne pouvait rien faire, même pas bouger. Il restait là, bêtement, à subir la souffrance de son ami. Ce dernier usa de ses dernières forces pour parler à l'oreille de son Patronus, qui s'en alla immédiatement. La seconde suivante, ses yeux se révulsèrent et il perdit conscience.

Jeongin se réveilla en sursaut.

De lourdes gouttes de sueur perlaient sur son front et dans son dos. Sa bouche était pâteuse, ses cils collés d'avoir pleuré dans son sommeil. Se sentant sale il quitta son lit sans même faire attention à son colocataire de chambre ou à l'heure qu'il était. Il se dirigea directement vers les douches, où les brûlures de l'eau sur sa peau semblaient détendre ses muscles traumatisés de son réveil mouvementé.

Le noiraud s'habilla, se prépara, et se dirigea vers la Grande Salle pour prendre son petit déjeuner. Comme un jour normal.

Il s'était levé avant tout le monde. Seuls deux ou trois élèves étaient assis à leur table. Les elfes de maison qui travaillaient au château n'avaient même pas encore fini de tout installer. Jeongin s'installa silencieusement, et commença à manger. Une fois son semblant de petit-déjeuner terminé, il se précipita vers les premiers toilettes sur son chemin où il ne put s'empêcher de vomir ce qu'il avait à peine ingurgité. Alors il retourna à son dortoir, se lava les dents, et entama sa journée de cours le ventre vide.

C'était comme ça depuis plusieurs jours. Jeongin faisait des cauchemars, se réveillait en pleurs, mangeait seul et allait en cours où il n'écoutait rien, trop occupé à revoir s'inscrire sous ses paupières l'image du garçon qu'il aimait gravement blessé. Par sa faute.

Si seulement il ne s'agissait pas que de simples cauchemars.

Si seulement Jeongin n'avait pas été aussi égoïste.


- Je suis fatigué...

Ce furent les premiers mots qui quittèrent ses lèvres après de longs jours de mutisme alors qu'il était avachi au sol, à l'abri des regards, le dos contre le tronc d'un arbre qui avait sûrement vécu plus qu'il ne vivrait jamais. Plus qu'il ne voulait vivre en tout cas.

A cause de lui Chan était entre la vie et la mort, alors pourquoi devrait-il chercher à rester là plus longtemps ? Si échanger son âme contre celle du gris le sauverait, alors il le ferait volontiers. Il n'arrivait pas à ressentir la moindre parcelle de bonheur, c'était plus fort que lui. Comment le pourrait-il ? Jeongin était dans un état de dépression profonde que seul le réveil de Chan pouvait guérir. Mais les faits étaient là : Chan ne s'était pas réveillé depuis quatre jours. L'infirmière lui avait promis qu'elle ferait tout. Elle lui avait dit qu'il ne resterait inconscient que deux jours au maximum. Mais ça faisait presque une semaine.

Asphodèle & Mandragore | JeongchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant