—Mérédith, reprit-il sur une voix très douce, semblable à un râle. Je suis vraiment désolé, mais je n'en pouvais plus. C'était trop dur à supporter. Je n'aurais pas dû t'en parler...
— Non ce n'est pas ça, Zayne, l'arrêtai-je. Tout est de ma faute ! Je t'ai donné de fausses illusions, j'ai détruit notre amitié ; et en plus je suis en train d'écraser monsieur Grochon ! éclatai-je.
J'avais tellement besoin qu'il me réconforte, qu'il me prenne dans ses bras, lâche une de ses blagues qui me ferait rire en pleurant, comme au bon vieux temps... mais je ne pouvais pas. C'était justement à cause de ça qu'on s'était retrouvé dans ce quiproquo de dits et de non-dits.
— Rien n'est de ta faute Mérédith ! Pourquoi tu dis ça ? Notre amitié est encore intacte, minauda-t-il en enroulant son bras autour de moi. Même si ses gestes étaient maladroits et contrôlés, je me sentis un peu mieux. Ce n'est de la faute de personne Mérédith... je suis un homme, tu es une femme, c'est tout. Et je sais que ce n'est pas possible entre nous, car tu craques pour l'autre !
— C'est pour ça qu'entre Jack et toi c'était toujours tendu ? m'enquis-je en essuyant mes yeux rougis.
— Je ne parle pas de Jack, Méredith...je parle de ce gars avec qui tu dansais à la plage.
— Qui, Adam ?
— Mérédith tu ne peux pas traîner avec lui ! Ce gars c'est un SDF, sans un sous dans la poche.
— Zayne je t'en prie arrête ! Primo, ce gars est tout le contraire de mon idéal masculin, je craque pas pour lui. Tout était à présent clair. Zayne était jaloux parce que j'avais ouvert le bal en compagnie d'Adam. Secundo, je t'interdis d'être méchant avec un étranger !C'est pour ça qu'il avait tout rapporté à mon père, c'est également pour ça qu'il sabotait ainsi Adam, chose que je ne supportais guère, venant de lui surtout !
— Ce gars dort dans le parc d'Ecola ! hurla-t-il, sans doute agacé que je ne croît pas en ses mensonges. Personne ne sait d'où il vient ! C'est un bouseux qui n'a rien d'autres que son sourire tombeur !
— Maintenant tu te tais Zayne ! tonnai-je en lui balançant de nouveau monsieur Grochon au visage. Je ne supporte pas que tu dises de telles horreurs sur quelqu'un que tu ne connais pas, au nom de la jalousie ;et même s'il était pauvre ou sexiste, il vaudrait toujours mille fois mieux que toi, lui au moins il ne m'a pas trahi !
J'avais appuyé ou ça faisait mal, et je ne me sentais pas le moins du monde coupable. Zayne l'avait mérité ! Il avait causé une embrouille entre mon père et moi ; et maintenant c'est lui qui voulait juger ce gars qu'il ne connaissait même pas ! J'ouvris la baie vitrée et descendit la première branche de Magnolia.
— Où vas-tu ? tu es punie non ?
— Oh ! parce que ça t'a intéressé quand je te l'ai dit il y a quelques heures ? cinglai-je, sur mon ton le plus provocant. Casse-toi Zayne, je ne veux plus te trouver à mon retour. Et si ça te chante, alerte encore papa ! J'ai cru comprendre que c'était ton nouveau passe-temps favoris !
Je disparus de son champ de vision, décidée à m'éloigner le plus possible de mon ex meilleur ami, que je pensais avoir complètement cernée en dix ans, à tort.
Il y avait un sentier escarpé, et dissimulé par une végétation envahissante. Il menait tout droit vers un ponton abandonné et dont très peu connaissaient l'existence, car vraiment difficile d'accès. La pente conduisant vers ce paradis était très abrupte, inclinée vers un précipice rocailleux. Le vieux pont de bois d'acacia avait été construit sur une péninsule, et s'enfonçait dans la mer.
C'était mon endroit préféré sur terre. Zayne et moi on avait l'habitude de s'y asseoir, les pieds trempés dans l'eau froide. D'autres fois, nous faisions ricocher des galets, toujours ici. Parfois encore, nous préférions nous adonner à la nage.
Ici je trouvais toujours toutes les solutions à mes problèmes. C'était un lieu de réflexion parfait, sans aucun nageur, aucun surfeur, aucun paparazzi, aucun fan, aucun ex ami, aucun petit ami, aucun prétendant, aucun père hystérique pour me déranger. Il n'y avait que nous, moi, l'eau bleue, et le silence notre plus fidèle ami qui ne nous abandonnait jamais même quand tout le monde s'y mettait.
La musique de la fête n'était plus qu'un lointain brouhaha. La malédiction de l'ouverture du bal ne m'avait cependant pas loupé. Si j'avais décliné la proposition d'Adam, Zayne ne m'aurait pas trahi, et je serais rentrée à temps ! Cet Adam... c'était lui la cause de tous ces dégâts dans mon existence. Si la vie le remettait un jour sur mon chemin, j'allais lui faire comprendre qui j'étais réellement.
Avoir de beaux pieds ne lui donnaient pas le droit de faire des remarques autant misogynes ! Car des beaux pieds, oui il en avait. Environ vint-huit ou vingt-neuf centimètres, très fin sur les bords et aux longs orteils légèrement poilus. Ses membres inférieurs étaient anguleux, traversés par plusieurs réseaux de veines qui les rendaient encore plus excitants.
À dix-sept ans, j'avais découvert que j'étais podophile. Les pieds des hommes étaient pour moi le summum de l'idéal masculin. J'en fantasmais déjà depuis mes quatorze ans, me surprenant parfois à fixer longuement les pieds de certains de mes camarades de classe, lorsqu'on allait se baigner.
Je ressentais une certaine excitation rien qu'en contemplant cet organe particulier de leur anatomie. Cependant, personne ne me comprendrait si je leurs disais que j'étais une fétichiste des pieds. Pour l'instant, cela demeurait donc mon petit secret. Et je ne laisserais personne, pas même Zayne ou Adam, ne découvrirait cette aspect de ma personnalité...
Si seulement je savais à ce moment-ci, que ce dernier et moi étions des marionnettes du destin...
Et que ce dernier n'allait pas tarder à me faire ravaler mes pensées...
∅∅∅
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The Call Of The Depths (Terminé)
RomanceRoman de 40 chapitres Mérédith May croyait avoir tout ce qu'elle aurait jamais pu désirer dans sa vie. Une voix en or, une célébrité ahurissante et un compte en banque bien fourni. Pourquoi diable aura-t-il donc fallu qu'elle le rencontre, ce gangs...