Roman de 40 chapitres
Mérédith May croyait avoir tout ce qu'elle aurait jamais pu désirer dans sa vie. Une voix en or, une célébrité ahurissante et un compte en banque bien fourni.
Pourquoi diable aura-t-il donc fallu qu'elle le rencontre, ce gangs...
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Mes pensées retournèrent vers elle. Il avait fallu que je sois loin d'elle pour comprendre que je ne m'étais pas trompé, c'était elle la femme qu'il me fallait. Elle seule avait le pouvoir de me guérir de toutes mes blessures profondes et secrètes. Ces quelques mois passés loin de Melinda avaient été une véritable catastrophe dans ma vie.
Black n'était vraiment pas une bonne influence sur moi. Avec lui, c'était le grand huit chaque jour ! Sa vie se résumait à boire, fumer, baiser, faire des teufs de ouf, et des virées automobiles dans des voitures volées et retapées. Et c'était aussi devenu mon quotidien depuis quelques temps. Parfois, il se vantait à dire que sa vie lui plaisait comme ça. Avec lui c'était impossible de s'ennuyer.
Mais cette routine ne me convenait pas...oui, c'est vrai, elle me plaisait ! Je kiffais grave toute cette folie meurtrière, qui me permettait d'oublier ma vie de merde. Seulement, je pourrissais mon corps et ma Life. Je savais que plus je m'enfonçais dans cette routine, plus il serait difficile pour Melinda de m'y extirper.
Putain Adam, me réprimandai-je mentalement, qu'est ce qui va pas chez toi, fuir tes problèmes ne les résoudra pas ! Je soupirai de nouveau, expirant pas la même occasion un nouveau filet diaphane toxique.
- Bordel Dam arrête d'me prendre pour un narco ! balança Black Kid en rompant le silence, saint Graal de cette piaule toujours animée. Je le regardais l'air de ne pas comprendre où il voulait en venir. Tu penses encore à cette meuf ! arrête d'me dire que c'est juste une pote à toi man ! chuis pas fêlé tu sais !
- Putain Black tu vas pas remettre cette histoire ! soufflai-je en fermant les yeux, la tige incandescente entre mes dents. Je rejetai la tête en arrière et expirai de nouveau. Je me levai et mis en marche la chaine stéréo. La musique Real Fake de Hibshi réchauffa un peu l'immense salon.
- Eh nombo, ne joue pas aux saints avec moi ! Chais bien que Leïla n'est pas ta seule meuf man ! c'est pas un crime mec ! Moi aussi j'en ai pas mal de meufs, tu n'ignores pas ça ! Je parie qu'elle est trop neubo au pieu ! au moins t'es pas trouduc, c'est déjà...
- La ferme Black ! Je ne me rendis compte que j'avais quitté ma place, que lorsque ma main se referma violemment sur le col avant de sa chemise noire, que je ramenais sèchement vers moi jusqu'à ce que quelques minimes centimètres séparent nos visages. Melinda n'est pas une yatchbi, ne parle plus jamais d'elle de cette façon.
- Du calme nombo, m'ordonna-t-il d'une voix devenue calme mais bordel d'autoritaire, en me tordant doucement néanmoins farouchement le bras de façon à ce que je lâche son vêtement. La douleur qui traversa mon poignet me fit me mordre la langue pour ne pas hurler. Je pourrais te briser le poignet si tu ne vires pas ta main de là, me prévint-il en me crachant son haleine de Marlboro à la figure.
Il fit un peu plus pression sur ma main, et je sus que je ne tarderais pas lâcher. Black était plus fort que moi. Il avait une salle de musculation personnelle rien qu'à lui, et une expérience de quatre ans de bastons dans les bars de Portland. C'était d'ailleurs durant l'une de ces bagarres générales que nous nous étions rencontrés.
Ce jour, nous faisions équipe et j'avais pu remarquer que malgré sa maigreur, il avait une force exceptionnelle dans ses biceps. Grâce à lui, nous avions gagné et nous nous en étions sortis indemnes.
«Dam ?» ricana-t-il en tordant un peu plus ma main. Cette fois, j'avais l'impression qu'il allait vraiment me briser le poignet. Je lâchai indolemment son col et me retournai sans un mot. Je me dirigeais vers l'entrée principale d'un pas effréné.
- Eh, mais où tu vas Dam ? s'inquiéta mon ami lorsqu'un vent froid s'engouffra dans la pièce, sa voix étant redevenue aussi aiguë que d'accoutumée.
- Quelle question ! je rentre chez moi voyons ! répliquai-je en enfilant mon manteau. J'ajustai mon bonnet gris et enfilai des bottes à mes pieds. Tout compte fait, ces bottes étaient celles de Black Kid. Je les remis immédiatement à leur place et repris mes bonnes vieilles converses blanches qui, je le savais, seraient irrécupérables à mon arrivée chez moi, au parc d'État d'Ecola .
- Sérieux, n'déconne pas mec ! T'as failli me détruire une chemise sur mesurée, t'aurais voulu que je fasse quoi ?
- On dit sur mesure, le corrigeai-je sans me retourner. Merci de m'avoir accueilli chez toi, passe le bonsoir à Leila de ma part. ce furent mes dernières paroles avant de m'engouffrer dans le brouillard formé par les - 8° C.
***
Il faisait un froid de ouf à la gare et je regrettais de n'avoir plus assez de fric pour m'offrir des gants. Je regardais anxieusement l'heure défiler sur l'immense horloge. Plus que dix minutes avant l'arrivée de mon train ; bon le train dans lequel je prévoyais d'entrer clandestinement, mais on s'en tape !
Je me frottai vigoureusement les mains dans l'espoir de les réchauffer. L'envie d'une autre cigarette s'amortit en moi, mais je résistai. Pour ne plus y penser, je me concentrai sur l'immense écran qui projetait un concert en direct. C'était une chaine nationale de Portland, donc le concert devait se passer quelque part dans cette grande ville, en cet instant même.
Le froid brouillait partiellement ma vue et j'entendais le concert plus que je le voyais. Tout ce que je pouvais dire c'est que les paroles étaient belle et la voix très agréable à l'ouïe.
It onlytook one look to break my barriers
The time of a waltz, I dreamed of my beautiful prince charming
Because I had become a real Cinderella
I thwarted the first kiss, but now
I'mdreaming of a plethora of others
Ces paroles...cette histoire...je la connaissais ! Instinctivement, je me levai et approchai de l'écran pour mieux voir. J'ignorai les jurons des autres téléspectateurs que je privais du concert, trop désireux de voir la cantatrice auteure de ces mots.
With desire and pleasure
Bring me back to the blue spring so,
I can finish my lunch as you recommended
But please, promise me not to fight with my ex anymore,
They are not really worth it
La caméra fit un gros plan sur elle. Mon cœur fit un bond. Une femme derrière moi explosa de colère. Je l'ignorai. Je fixai toujours l'écran, les yeux ronds. La travelo...Melinda...c'étaient la même personne...