Roman de 40 chapitres
Mérédith May croyait avoir tout ce qu'elle aurait jamais pu désirer dans sa vie. Une voix en or, une célébrité ahurissante et un compte en banque bien fourni.
Pourquoi diable aura-t-il donc fallu qu'elle le rencontre, ce gangs...
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Plus tard, j'appris par les médecins que c'étaient des réactions dues au manque, car il n'avait pas consommé de drogues depuis trois jours. Cela me conforta encore plus dans l'idée qu'il n'était pas différent des autres sans-abris, qu'il me fallait m'éloigner de lui, décamper le plus loin possible. Ignorer notre connexion, oublier notre lien, fuir notre destinée...
Ce jour-là, j'aurais voulu rentrer chez moi, serrer fort monsieur Grochon contre moi et, ouvrir lentement les vapes de mon cœur, mais j'avais une interview dans deux heures avec une chaîne de télévision nationale.
Il me fallait m'éloigner d'Adam. J'ignorais encore ou j'allais prendre le courage de le faire, mais j'allais le faire, je devais le faire. C'était la seule issue possible. J'avais pris bien trop de risques, j'avais fait beaucoup trop de compromis ; et tout ça pour quoi ? Tout ça pour qui ? Au nom de l'amour ! Cet amour dont on ne cesse de nous vanter les mérites, nous décrier les louanges. Cet amour, utopie que nous chanteurs country rêvions de rencontrer, d'effleurer, rien que d'y goûter l'espace d'un instant, aussi infime soit-il, aussi insignifiant soit-il.
Moi plus que quiconque j'aurais dû savoir que l'amour n'existait pas. Là, ce que je ressentais, ici, devant ce démon angélique, c'était uniquement de l'attirance, rien de plus. On ne s'aimait pas, on ne pouvait pas en si peu de temps, il n'y avait que dans les romans que cela existait ! Et encore, dans les romans à l'eau de rose savamment écrit...
Je pris un taxi en direction de la plage pour pouvoir retourner chez moi sans soulever les suspicions du chauffeur. Dans le car jaune, je retins du mieux que je pouvais mes larmes. Mon cœur me semblait tellement gonfler, que si j'inspirais un peu trop fort, il allait exploser.
Le chauffeur dû remarquer mon malaise, d'autant plus que je sortais de l'hôpital. Il devait sûrement me prendre pour une de ces aliénés psychotiques de l'hôpital psychiatrique.
—Vous voulez que...je mette la radio ? proposa-t-il hésitant. Vous vous sentirez...bien mieux après ça ma'ame. Je me contentai de hocher la tête, alors que la voix triste et profonde de la femme à la radio nous offrait une reprise incroyable de la chanson So Sick de Ne Yo.
Je songeai à quel point je refusai de me l'admettre, mais Adam me manquait horriblement. Il ne m'avait fallu que quelques jours pour m'attacher à lui de la façon la plus étrange et étranglée qui soit. Maintenant, le nœud était tellement serré, qu'il était si difficile de le défaire. Le noeud était tellement serré, qu'il m'empêchait de respirer.
J'en avais plus qu'assez de l'amour, d'aimer pour au final tomber des nues. Il me fallait toujours puiser plus loin, encore plus loin pour trouver la force de me relever et de faire devant les caméras comme si tout allait bien pour moi. Je me détestais de m'attacher autant, d'être si faible, si frêle...
Lorsque les dernières notes de musique s'évaporaient dans le vide, je m'apprêtai à éteindre la radio, mais la voix du présentateur immobilisa mon doigt dans son élan.
—Alors mesdames et messieurs, nous interrompons votre programme pour une triste nouvelle. Nous venons d'apprendre à l'instant même que le top model Jack Dipson s'est fait agressé dans sa penthouse de Malibu, où il passait la semaine en compagnie de sa petite amie Lana Winter.
Les agresseurs ont fait effraction à sa maison en déjouant le système de sécurité des égouts. Le célèbre homme à scandale est à présent dans un hôpital de Malibu, dans un état critique semble-t-il. Les assaillants n'y sont pas allés des mains mortes, et monsieur Dipson a eu les deux jambes brisées, ce qui pourrait compromettre sa carrière, sinon y mettre un terme.
En outre, des bijoux ont été emportés, dont sa Rolex de 70 000 $ et une bague Cartier panthère d'une valeur de 25 000 $. L'un des trois attaquants a été tué par les coups de feu de la police en essayant de s'enfuir et les deux autres font l'objet de vives recherches.
Fort heureusement, miss Winter n'a pas été touchée et elle s'en sort saine et sauve, sinon avec quelques traumatismes de cette rude journée, qui restera à jamais gravée dans leurs mémoires. Et maintenant, le nouveau tube de David Guetta, qui fait notamment un carton en ce moment. On en reparle après cet extrait...
J'appuyai sur le bouton off de la radio. Les bruits de la circulation revinrent couvrir le semblant de silence. J'avais l'impression d'avoir reçu un coup au ventre. Mon ex venait de se faire agresser et tabasser. Je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que les regards ne se braquent vers moi, moi l'ex petite amie qui avait suffisamment d'argent pour payer trois hommes assez expérimentés et capables de tuer son ex pour l'avoir trompé avec sa pire ennemie...
Le chauffeur de taxi ne cessait de me jeter des regards en biais, pour savoir s'il ne ferait pas mieux de me ramener à l'hôpital. Parbleu ! Soit j'étais maudite, soit je maudissais tous ceux qui me côtoyaient ! D'abord Adam, à présent Jack.
—C'est dommage, je l'aimais bien ce gars, ma'ame ! brama le conducteur du taxi, en essayant probablement de briser le silence qui se faisait déjà pesant. Cependant, je ne pus le répondre. J'étais encore en train d'assimiler toutes les informations que je venais de suivre.
Je me rendis compte avec horreur que j'étais la criminelle parfaite à insérer dans ce rôle et que la police ne tarderait pas à se tourner vers moi. Au même instant, mon téléphone sonna. Je reconnus immédiatement la photo de Zayne qui s'afficha sur mon écran. Sans réfléchir, je pris l'appel et approchai le combiné à mon oreille. En dehors de mon souffle bruyant, je n'émettais rien, aucun son, aucune vibration, aucune onde, aucun aura.
— C'était toi n'est-ce pas ? je faillis m'évanouir lorsque je l'entendis, lui, porter contre moi, cette accusation...
