Roman de 40 chapitres
Mérédith May croyait avoir tout ce qu'elle aurait jamais pu désirer dans sa vie. Une voix en or, une célébrité ahurissante et un compte en banque bien fourni.
Pourquoi diable aura-t-il donc fallu qu'elle le rencontre, ce gangs...
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Meredith fronça les sourcils. Elle parut réfléchir pour comprendre ce qu'à vue d'œil je comprenais. Il n'y avait pas moyen qu'elle contourne la table, dont le diamètre était pratiquement même que la largeur du pont.
Son esprit encore embrumé par la drogue, elle essaya quand même de passer, avant de perdre l'équilibre et de flancher. Je la rattrapai in extremis avant qu'elle ne se retrouve dans l'eau glaciale. Elle se réfugia dans mes bras, avant de partir en fou rire. Elle ricana tellement fort qu'un sourire se figea également sur mes lèvres.
— Je suis stupide, ma foi ! s'esclaffa-t-elle encore en ce détachant de moi. Mais j'ai une idée. Elle se retourna vers la table et se baissa. Prends place, cria-t-elle alors qu'elle se frayait un chemin sous la nappe blanche.
Mon regard balaya brièvement son postérieur rebondi et je détournai le regard, le posant sur l'étendue infini d'eau devant moi. Après avoir galérée un bon moment, elle se retrouva de l'autre côté de la table et se releva, lissant ses cheveux ébouriffés en soupirant.
«Et voilà le travail, souffla-t-elle». Je lui souris et applaudis son ingeniosité. Elle me fit une petite révérence, avant de se rendre compte qu'on ne se voyait pas clairement, le candélabre sur la table étant éteint. Elle sortit de sa poche un briquet rouge, et l'agita devant mes yeux avec un jeu de cils.
Les yeux exorbités, je fouillai frénétiquement dans mon pantalon, avant de me rendre compte que c'était effectivement mon briquet. Quand l'avait-elle pris ? Ou avait-elle appris a jouer aux pick-pocket ? même moi je n'y arrivais pas avec un tel brio.
Elle l'alluma et partagea la flamme avec les trois bougies de la chandelle. Une nouvelle brise marine souffla et les flammes vacillèrent avant de s'éteindre. Mérédith fronça les sourcils et réitéra l'opération. Son cerveau brouillé ne comprenait pas que c'était peine perdue. Lorsque l'obscurité regagna une nouvelle fois la table, elle rejeta la tête en arrière et éclata de rire.
Néanmoins, j'avais fumé tellement de fois pour savoir que son euphorie était simplement provoquée par la nicotine. Je me levai et m'emparai de quelques guirlandes lumineuses alignées derrière moi et, je les posai sur la table. Elle cligna des yeux plusieurs fois, l'air de se demander comment elle avait fait pour ne pas avoir cette fabuleuse idée.
Nous nous mîmes à diner en silence, sous les étoiles du ciel et la brise fraîche. Je la regardai en face de moi, et je me rendis compte d'à quel point j'étais chanceux de l'avoir. Elle était la seule, la seule qui ait le pouvoir de me faire oublier la morosité de ma vie. Elle surprit mon regard illuminé, à travers la lueur tamisée des guirlandes.
— Quoi ? s'esclaffa-t-elle alors qu'elle se servait un troisième verre de Gin. Elle en avait même déjà pris plus que moi, et je présumai, à tort d'ailleurs, qu'elle devait être une habitué à l'alcool.
