Roman de 40 chapitres
Mérédith May croyait avoir tout ce qu'elle aurait jamais pu désirer dans sa vie. Une voix en or, une célébrité ahurissante et un compte en banque bien fourni.
Pourquoi diable aura-t-il donc fallu qu'elle le rencontre, ce gangs...
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—Je prévois une autre tournée dans six mois, repris-je, cette fois-ci dans l'Europe nordique, notamment au Danemark, en Islande, en Finlande...en Suède et en Norvège. L'idée est de me faire connaitre le plus possible.
— Oh je suis sûr que vous aurez autant de succès là-bas ! Et parlez-nous un peu de votre nouvel album. Nous rappelons que le précédent vous a valu une nomination aux grammys. Nous avons appris par la presse people que vous travaillez en ce moment sur un album à dix tubes c'est bien ça ?
— C'est exact Hanzel ! La sortie de mon nouvel album est prévue pour Novembre. J'y travaille d'arrache-pied avec mon équipe. Le titre est Soulmate. J'ai déjà enregistré six titres de l'album et il m'en manque quatre.
— C'est fantastique ! s'exclama-t-il. Vous aurez peut-être le plaisir de le présenter au MTV Vidéo Music Awards dans une semaine ! Nous ferez-vous l'honneur de nous livrer un extrait du premier tube ici et maintenant ?
— Naturellement ! aquiesçai-je, en m'emparant de ma Leina, que j'amenais toujours avec moi dans ce genre d'évènements. Les premières notes de guitare vinrent couvrir les ovations de la foule en délire, alors que je battais les pieds en rythme. J'espère ne pas me tromper dans les accords ! ricanai-je en entrainant le public avec moi.
Je me mis à gratter frénétiquement les cordes de métal avec mon médiator. Les auditeurs étaient émerveillés par ma prétendue dextérité. Si seulement ils savaient que tout ceci avait déjà été préparé à l'avance. Cette interview, les blagues, la musique improvisée, le show... Tatie Geneva était une reine des mascarades.
Tout ceci n'en était malheureusement qu'une ; et j'étais comme d'habitude la bête de scène ! « souris, souris toujours ! c'est ce qui se vend, c'est ça que le monde aime ! »
Et alors que je chantais, toujours plus haut, toujours plus fort, je prenais lentement conscience de ma profonde solitude. Cette solitude qui grandissait en mon être de jour en jour, et qui me faisait perdre toute confiance en moi, confiance que le monde arrachait doucement entre mes mains, mais avec une force telle qu'il m'était impossible de riposter.
Ces fois où je m'étais évadée au ponton avec Leina, ces fois où je chantais à gorge déployée, les pieds caressant les froideurs marines. Ces fois où mon seul échappatoire, la musique venait m'envelopper, m'envoûter et me désenvoûter, comme s'il n'y avait qu'elle et moi sur la terre et par-delà les océans.
Certes, j'étais suivie sur Instagram par des centaines de gens, qui m'écoutaient et m'accompagnaient constamment...mais il n'en demeurait pas moins que ma mise en quarantaine n'était pas une illusion, ou mon illusion tout simplement. La vie sociale n'était pas sur les réseaux sociaux, macabre ironie...
Ma famille...ma propre famille me croyait coupable de l'accident de Jack. Je l'avais vu, je l'avais lu dans leurs regards. Ils pensaient que je n'avais pu avoir la force, la maturité nécessaire pour surmonter la douleur inouïe de la trahison... comme si tout tournait autour de Jack, au point où je n'avais pas supporté d'être expulsée hors de son orbite.
C'était stupide ! Ça ne rimait à rien. J'étais au-dessus de ça. Qui que ce soit qui ait blessé mon ex, je ne me sentirais pas mal pour ce dernier. Ce n'était que le carma après tout ! Il payait les frais de ce qu'il m'avait fait. Il allait peut-être perdre l'usage de ses jambes, la totalité de ses contrats, sûrement même Lana Winter et, sa carrière prendrait probablement fin...mais au diable ses problèmes, je n'en avais plus cure !
Smile, boy just smile, as if all is alright
In the country mood, try and put yourself
Forget the woes as if they existed,
Only in yourforgotten and worstnights
Alors que les dernières notes d'agréments s'évanouissaient dans l'air remplacés par les acclamations de la foule, je tirai ma révérence et rangeai ma guitare dans son étui. Je jetai un coup d'œil à Tatie dans les coulisses. Elle semblait ravie. Son œil perspicace ne cessait d'onduler, de son écran à moi. Je devinai que l'audience grimpait à vue d'œil.
— C'était énorme Meredith. Vous réussissez toujours à nous arracher une petite larme, avec votre voix, s'éblouit-il, en continuant d'applaudir malgré que tout le monde ait cessé. Maintenant et comme d'habitude, nous laissons la voix au public. Nous allons prendre trois ou quatre appels et vous, expliqua-t-il à la caméra, aurez l'occasion, la rare opportunité, de poser une question à notre star Meredith May, en rapport avec sa vie ou son album.
J'acquiesçai par un sourire. C'était ce qu'il fallait faire, encore et toujours, sourire. je savais que c'était cet instant que tante Geneva craindrait le plus, car elle n'aurait plus main mise sur l'émission. Elle ne pouvait prédire ce que le public me demanderait, et encore moins intervenir quant à ce que je répondrai.
L'instant particulier, qui transcendait les limites de ses équations. Je savourai ce petit moment de liberté, où je pourrai parler à mes fans sans que cela ne soit trop mécanique, trop apprêté, trop fake. Évidemment, je ne sus pas que cet instant marquerait le début de mes difficultés.
Alors que Hanzel prenait le quatrième et dernier appel, je me félicitai intérieurement de m'être bien tirée avec les trois précédents. Tatie semblait être satisfaite, tant mieux.
— Et voici le dernier participant de cette émission. Nous prenons cet appel en provenance de Cambridge. Cher téléspectateur, comment vous appelez-vous ?
— Comment pouvez-vous être aussi inhumaine Meredith ? Vous devriez avoir honte de vous ! je sentis mon cœur faire un terrible bond dans ma poitrine, lorsque la voix dans l'interphone résonna.