Chapitre 41 : « Quand on a marre de porter des masques... » (suite et fin)

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Akim s'était de plus en plus éloigné de Safia à cause de la mort de la Maty. Sa femme n'était pas la seule à avoir des regrets. S'il avait une machine à remonter le temps, il n'aurait jamais épousé Safia. Il est bien vrai qu'il avait des sentiments à l'époque pour elle, mais ce qu'il ressentait pour Maty était diamétralement opposé. Maty avait le don de lui faire tourner la tête au lit, et il était bien quand il était en sa compagnie. Mais avec Safia, il y a quelque chose qui lui manque depuis le début. C'est difficile à comprendre mais c'est un fait.

Akim n'arrivait plus à toucher ni embrasser sa femme. Il avait l'impression d'être prisonnier dans son propre ménage.

*Mbayang

Avant de rentrer aux USA avec son mari, Mbayang était allée sur la tombe de sa meilleure amie afin de lui dire au revoir. Elle était inconsolable. Elle savait qu'elle devait apprendre à vivre sans sa meilleure amie, mais c'était trop dur. Mbayang avait donc décidé de suivre le conseil de sa défunte amie et lui avait écrit une lettre histoire de soulager sa peine :

Maty, ma sœur, ma meilleure amie, ma confidente,

Je ne sais même pas par où commencer tellement j'ai mal.

Je n'arrive pas à me faire à l'idée que je ne te reverrai plus,

Que je n'entendrai plus le son de ta si belle voix,

Que je ne pourrai plus jamais te revoir.

« Ça n'arrive qu'aux autres, on ne réalise pas tant que ça ne nous touche pas », oui ! Quand ça arrive à autrui, on croit imaginer la douleur mais elle est milles fois plus intense que ce que nous croyons. Je le vis et je sais de quoi je parle.

Nous avons tellement de bons souvenirs ensemble, tellement de moments de galère. Ce n'était pas comme cela que j'avais imaginé mes vacances à Dakar.

Je ne me ferai jamais à l'idée de ton absence. Maty, tu as emporté une partie de moi avec toi ; Une partie que je ne retrouverai jamais.

Mbayang s'arrêta de lire et se mit à pleurer de nouveau :

La vie est parfois injuste et cruelle. Tu avais toute la vie devant toi.

Dire que nous passions notre temps à nous projeter dans le futur, pensant que tu vivrais une éternité. Ma Maty, pardon, pardon pour toutes les fois où je t'ai blessée sans le vouloir ou sans le savoir. Pardon du fond du cœur.

Dieu m'a donné un époux mais il m'a pris ma sœur.

Tu me manques. Tu ne cesseras de me manquer. Je n'ai même pas eu le temps de te dire au revoir... Je n'arrête pas de me persuader que tu es plus heureuse maintenant. Jamais je ne pourrai t'oublier, jamais au plus grand jamais.

Je me pose une tonne de questions : comment est-ce que c'est là-bas ? Est-ce que tu te rappelles de moi ? Est-ce que tu vois ce qui se passe ici-bas ?

Tu ne connaîtras pas mes enfants, mais je m'arrangerais pour qu'eux te connaissent. Je leur raconterai nos bons souvenirs et nos bêtises. Je leur dirai tout sur notre si belle amitié ; La vie est si imprévisible ! Maty morte, qui l'aurait cru ? Quand on aime une personne on pense qu'elle est immortelle.

Tes parents ont pris le premier vol pour assister à tes funérailles. Tu aurais dû voir ça. Ta mère était tellement abattue. J'ai eu beaucoup de peines pour elle. On sentait nettement qu'elle s'en voulait terriblement. Ta grand-mère n'adresse plus la parole à ton père. A ce qu'il parait, elle lui reproche ta mort. La pauvre, elle a encore plus vieilli à cause de ton départ. Ton grand père également d'ailleurs. Ils auraient aimé partir avant toi. Mes parents prient chaque jour pour toi, James et moi aussi.

Le piègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant