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Tout a commencé début juillet, dans notre villa bretonne, sous une chaleur étonnante. Il devait être environ dix-neuf heures. Alors que papa s'affairait au barbecue et maman aux salades pour un énième dîner avec ma grand-mère, ma sœur a débarqué dans le salon. Je revoyais mes cours d'anglais de mes trois ans de lycée, qui étaient définitivement derrière moi. Je tenais réellement à être prêt pour les études supérieures qui me mèneraient au métier de traducteur littéraire. Un souhait de toujours, que je ne parvenais pas à expliquer.

Elle avait treize ans. Ses cheveux blonds bouclés qu'elle avait hérité de notre père tandis que j'avais, quant à moi, les cheveux d'ébène de maman, se balançaient dans son dos, elle sautillait joyeusement en me montrant l'écran de son téléphone portable.

—    Arrête de bouger, tu veux ? lui ai-je dit. Je ne peux pas voir.

Elle s'est laissée tomber sur le canapé, à ma droite.

—    Les résultats du bac, Léonard ! Regarde, sur Twitter : tout le monde publie ses résultats !

J'ai alors abandonné le tas de paperasse sur mes genoux et me suis tourné vivement vers elle.

—    Déjà ?! Il est quelle heure là ?

—    Dix-neuf heures. Mais t'es sérieux ? Tous les gens de ton âge sont devant l'ordi depuis ce ma...

Je n'ai pas attendu qu'elle finisse sa phrase pour me lever d'un bond et me précipiter vers l'ordinateur familial. J'ai tapoté frénétiquement le clavier jusqu'à ce que la page de l'académie de Rennes s'affiche à l'écran. J'ai cherché mon nom et ai attendu que la page de mon résultat s'ouvre. Je me souviens avoir pesté contre la lenteur du wifi. C'est alors que j'ai vu, en grand, mon nom et prénom avec le résultat. Comment avais-je pu oublier ?


Léonard Salois : admis avec mention bien

Je suis resté devant en souriant bêtement pendant de longues minutes, avant que ma mère ne débarque. Mon père n'a d'ailleurs pas tardé à la rejoindre.

—    Alors, mon Léo ? s'est enthousiasmé mon père en me prenant par l'épaule.

—    On croyait que tu étais trop modeste pour nous en parler, mais c'est que tu as juste oublié.

J'ai fait pivoter le fauteuil.

—    Je savais que c'était aujourd'hui, simplement je n'ai pas vu l'heure passer.

Ma mère a juste souri et mon père s'est carrément foutu de ma gueule. Il a lâché sa main de mon épaule pour la plaquer sur son front, lui donnant un faux-air désespéré.

—    Bon, alors tu nous dis ? s'est impatienté ma mère en coinçant son poing sur sa hanche, comme elle avait l'habitude de le faire.

Je lui ai montré l'écran en passant une main dans mes cheveux bouclés.

—    Tu le vois bien, non ?

Mon père a repris son air sérieux même s'il souriait encore.

—    On veut t'entendre nous l'annoncer. C'est important d'être fier de soi, fiston.

Les pièces de théâtre ne se lisent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant