Trois coups à la porte me sortent d'un sommeil agréable. J'ignore l'heure qu'il est lorsque j'ouvre péniblement les yeux. La porte de ma chambre s'entrouvre, et ma mère apparaît discrètement. Elle sourit, et me demande si j'ai bien dormi. Je peine à comprendre ; elle n'a pas l'habitude de me réveiller en vacances, et je ne pense pas qu'il soit si tard que cela.
— Tu vas être content, annonce-t-elle en entrant finalement dans la pièce.
Elle garde une main dans son dos, ça m'interpelle. Je me redresse brusquement. Si bien que j'en ai mal à la tête un instant.
— Qu'est-ce que tu caches ? je souris.
Elle s'approche et s'assoit sur mon lit d'un air tranquille. Elle a l'air heureuse.
Soudain, elle tend une enveloppe. Je baisse immédiatement les yeux sur l'inscription, devant. Ça vient d'Angleterre ! Andrew.
Je suis on ne peut plus heureux. Je regarde ma mère avec un grand sourire et ouvre l'enveloppe avec soin. Je n'aime pas déchirer les courriers de ceux que j'aime.
C'est alors que ma mère se lève.
— Je te laisse lire ça tranquillement, explique-t-elle en s'éloignant. On se retrouve en bas, mon Léo.
J'approuve d'un signe de tête, avant de déplier la feuille et de me plonger dans le texte. Je n'arrête pas de sourire.
Mon Léonard,
Tu me manques. Je ne sais pas si tu imagines une seconde quelle est la douleur de ne pas t'avoir à mes côtés. Tout est plus sombre et paraît plus difficile, sans toi. Mary ne cesse de te réclamer, elle aussi. Nous espérons te retrouver au plus vite.
Comme tu t'en doutes, nous sommes arrivés à Brighton avant-hier, dans la nuit. Le cousin de maman est sympa, mais il a un fils de dix-sept ans qui me dévisage les rares fois où il apparaît. J'essaie de ne pas trop y faire attention ; c'est ce que tu me conseillerais, non ?
Pendant le trajet en voiture, j'ai rêvé de toi, parce que oui, je me suis endormi. A vrai dire, j'ai rêvé de nous. Nous vivions dans un monde merveilleux, sans prise de tête. Tout le monde nous souriait, il y avait du soleil et beaucoup de couleurs. On s'embrassait au milieu d'Oxford Street, dans un café, sur une place. Partout où on allait, rien n'importait plus que nous. Cette réflexion te paraît sûrement égoïste, mais après tout, ne serait-ce pas merveilleux ?
Je ne cesse de repenser à tous ces merveilleux moments qu'on a passés, toi et moi. Je me rappelle lorsque tu as acheté Roméo et Juliette, le jour après ton arrivée. Je ne te l'ai pas dit, mais j'étais vraiment heureux. J'espère que tu le lis encore, d'ailleurs ! Ah, et puis, ce te surprendra sûrement, mais je n'arrête pas d'écouter une playlist avec les musiques des Beatles, sur Spotify. C'est pour faire comme si tu étais là.
Je voudrais aussi m'excuser pour plein de choses (il y en a tellement). D'abord, désolé d'avoir douté tant de fois. On a perdu du temps, et c'est de ma faute. Je pourrais m'excuser pour des milliards de raisons, mais ça serait trop long à écrire. Désolé. Alors laisse-moi le faire seulement pour lorsque je t'ai dit que nous deux, c'était impossible. J'avais tort.
Laisse-moi ajouter à cette lettre que tu es magnifique, Léonard. N'essaie pas de me prouver le contraire, je n'y croirai pas. Tu es ma-gni-fique. A l'intérieur, comme à l'extérieur. Je t'aime, d'accord ?
Là, c'est le moment où je t'embrasserais.
Il faut que je te dise une dernière chose. Et puis, de toute manière, je t'aurai au téléphone. On pourra parler des heures. J'ai hâte.
Ce que j'ai à te dire, c'est que tu avais raison sur toute la ligne. Tu es quelqu'un d'intelligent. Cela comprend le fait que je suis d'accord pour affirmer que les pièces de théâtre ne se lisent pas : elles se vivent. Notre histoire était une magnifique comédie romantique que je rejouerais chaque jour, chaque heure, et chaque minute de ma vie s'il le fallait. Si tu n'avais pas été là pour l'écrire, je ne sais pas ce que je serais aujourd'hui. Alors, merci. Je t'aime,
A bientôt,
Andrew.
~ FIN
***
I'm kinda sad. It was an incredible adventure, with you.
Thanks to you.
Faustine.
♥♥♥
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Les pièces de théâtre ne se lisent pas
RomanceQuand il apprend avoir obtenu le bac avec mention, Léonard est fou de joie. Il peut enfin réaliser son rêve : partir un mois à Londres dans une famille d'accueil. C'est ce que lui avaient promis ses parents. Parler anglais, c'est sa motivation. De...